Publié le 28 Jul 2014 - 13:07
CONTRIBUTION

Remue ménage du Dimanche 20 Juillet  a remué de fort belle manière ce qu’il est convenu d’appeler 

 

« L’AFFAIRE DE LA GENDARMERIE »

Qu’on ne se leurre pas : le progrès social et économique du Sénégal ne tombera pas du Ciel ; il ne se fera pas sur la base d’incantations et autres belles paroles ; il sera l’œuvre d’une société en mouvement autour d’un idéal  adossé aux valeurs de VERITE, de JUSTICE et de TRANSPARENCE. Hors de ce champ structuré autour de la matrice précitée, il n’ya pas de salut sinon continuer à tourner en rond comme on l’a fait depuis cinquante ans.

Cette proposition énoncée plus haut a été bien comprise par les invités d’Alassane Samba DIOP qui n’ont pas fait dans la langue de bois, ni dans le style diplomatique. TOUS ONT RECONNU LA NECESSITE DE COMBATTRE L’IMPUNITE SOUS TOUTES SES FORMES. L’IMPUNITE, la marque déposée de l’ancien régime, doit être bannie de nos mœurs politiques. LE MOT, IMPUNITE, LACHE PAR NOS DEUX EMINENTS POLITOLOGUES, SITUE A SA JUSTE VALEUR LE MAL DONT SOUFFRE ET SOUFFRE ENCORE LA SOCIETE SENEGALAISE !

Dans l’affaire de la maréchaussée, nous avons lu et entendu beaucoup de déclarations. Certaines ne font pas dans la sérénité et versent quelque part dans l’émotion avec sa charge de parti pris évident pour l’une des parties. Ce n’est évidemment pas le bon choix dans une histoire du genre. La piste préconisée par le psychologue, Mor MBAYE, me semble la plus indiquée pour nous placer définitivement sur les rails de la véritable et efficace bonne gouvernance. Il a appelé les autorités étatiques à se saisir de cette occasion pour refonder les institutions afin qu’elles répondent aux préoccupations et attentes des citoyens sénégalais.

Au demeurant, le scandale qui éclabousse la Gendarmerie ne surprend personne au Sénégal. Il suffit d’observer et de bien observer autour de soi pour se rendre compte que le mal est profond ; il touche toutes les corporations. Et la Gendarmerie, élément d’un grand ensemble complètement malade, ne peut et ne pouvait échapper aux dérèglements qui gangrènent la société et la tirent vers le bas.

Le système, estampillé « waddie » a laissé des séquelles qui ont tendance à se cristalliser. Et là, on n’a pas besoin de dessin pour comprendre : il suffit tout juste de circuler au travers de nos routes pour vivre des situations effarantes qui en disent long sur l’acuité du mal ! Ce mal là si prégnant dans nos mœurs politiques, sociales, économiques, culturelles, ne peut se conjuguer avec aucune forme d’émergence : IL FAUT PAS RÊVER !

En fait, notre société telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, a besoin d’une thérapie de choc et dans tous les domaines mais pas de saupoudrage.

Si ailleurs, les choses marchent mieux que chez nous, c’est que leurs contradictions et autres  ne sont pas toujours gérées dans une optique politicienne. Les ratés observés dans leurs   systèmes sont traités dans un esprit de VERITE, de TRANSPARENCE, d’EQUILIBRE, d’IMPARTIALITE. Cette démarche ne fait que renforcer les institutions en leur apportant toujours plus de crédibilité et de légitimité.

Fort de cette vérité et au regard d’analyses lues dans la presse et  qui font manifestement dans la paresse avec des réflexions qui sont loin d’être pertinentes. Heureusement que ces articles marqués du péché de la partialité et incontestablement orientés dans le but de présenter l’autre, le colonel Ndao comme un petit monstre manquant totalement de reconnaissance pour son «  bienfaiteur », ne sont pas très nombreux. Peut-on comparer ce qui se passe dans les armées américaines et occidentales avec ce qui se passe chez nous ?

Au fait, la géopolitique sous régionale avec les évènements malheureux qui se déroulent au Mali, devraient nous pousser à porter un regard critique sur nos forces de sécurité. Ce n’est pas mauvais ; au contraire ! Le management des grandes organisations voit avec un œil favorable la crise en ce sens qu’elle peut faire éclore de nouvelles dynamiques porteuses d’avancées significatives dans tous les domaines.

Essayons d’illustrer un peu nos propos. L’armée malienne qui a toujours vécu dans une sorte de tour d’ivoire sans jamais s’interroger à haute voix sur ses forces et faiblesses, a vite fait de s’écrouler comme un château de cartes dés les premiers coups de boutoir de la rébellion touareg et autres mouvements islamistes. Cet effondrement des forces de défense malienne dés les premières heures de l’invasion, trouve son explication dans le fait que celles-ci n’ont pas su faire leur aggiornamento.

ON NE DOIT PAS AVOIR PEUR DES CRISES ; ELLES SONT PARFOIS SALUTAIRES ! Sous ce rapport, nous pensons que le colonel Ndao a du mérite en disant : ATTENTION ; tout ne roule pas sur des roulettes !Des problèmes, on en a ; il faut leur trouver des solutions au mieux des intérêts de la corporation étant entendu que les rancœurs et frustrations  contenues sur la longue durée et qui ne trouvent pas d’exutoire peuvent donner lieu à des situations très fâcheuses. Allez demander à l’armée malienne !

Des spécialistes des questions militaires qui la connaissaient bien , n’ont pas manqué après sa déroute face à l’ennemie de porter à la connaissance du grand public les défaillances énormes qu’elle trainait. Ces experts incriminent la corruption et le népotisme qui ont fini d’installer la démobilisation totale chez la troupe. Et résultat des courses, l’armée malienne subit une raclée humiliante pas devant une armée conventionnelle ; ce serait peut être moins grave mais devant des groupes armées, organisés et déterminés.

Cette alerte qui porte la signature du colonel Ndao, ne dépare pas avec les propos du psychologue, Mor Mbaye qui attire notre attention sur la nécessité de réorganiser nos forces de sécurité afin qu’elles soient prêtes à faire face aux menaces d’organisations terroristes qui foisonnent dans la sous région.

Cela dit, la tentation est grande, vu la sensibilité, la délicatesse de la question qui nous occupe, de taper sur le maillon qu’on juge le plus faible ; mais attention à l’effet boomerang en ce sens que l’homme sous tous les cieux, a horreur de l’Injustice sous toutes ces formes.

C’est cela peut être qu’a compris, Moustapha DIAKHATE, Président du groupe parlementaire de Benno Book Yaakaar, connu pour son franc parler, en plaidant pour le « droit de savoir » des citoyens. Il poursuit en martelant cette vérité : « il ne peut y avoir de forêt sacrée en matière d’information pour le public sénégalais » Celui là a compris et bien compris que le monde bouge ; et que le besoin le plus important aujourd’hui chez tous les sénégalais de quelque bord qu’ils appartiennent, c’est le besoin de VERITE, de JUSTICE et de TRANSPARENCE ! Ils ont compris que sans ces fondamentaux, aucun bond en avant  n’est possible !

Fort heureusement, il se trouve dans le parti gouvernemental des hommes et femmes qui pensent la même chose. Abdoul Aziz DIOP, a beaucoup insisté au cours de l’émission REMUE MENAGE sur la nécessité de punir l’IMPUNITE. Pour lui, si Wade a été chassé du pouvoir comme un malpropre, c’est parce que son  système était bâti sur la négation de toutes les valeurs qui fondent une république normale. Et là, aucun observateur sérieux ne peut lui faire objection tellement le magistère de Wade s’est conjugué avec les scandales à répétition.

Sous le bénéfice de toutes ces observations, et dans la perspective de la rupture, voulue et théorisée par le Président Macky SALL, on peut penser à juste raison que le dossier du colonel Ndao ne va pas connaître les traitements iniques qu’on connaissait dans le passé.

Au fait, la rupture, la vraie, c’est la JUSTICE dans toute sa plénitude. Et c’est là que les sénégalais attendent le pouvoir en place ! Il a l’occasion historique d’interroger les pratiques et autres mœurs de nos institutions stratégiques.

Dans leur ouvrage, le Sénégal sous Abdou Diouf, Etat et Société, les universitaires, Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf nous apprennent qu’une étude documentée sur la police  a révélé de graves défaillances dans le fonctionnement et l’organisation de ce corps d’élite. Mais comme le président Diouf n’était intéressé par rien d’autre que son fauteuil, le rapport a été mis sous le boisseau. C’est dire que les problèmes qui touchent nos services de sécurité ne datent pas d’aujourd’hui. Et c’est le moment ou jamais d’y remédier en trouvant des solutions qui préservent l’avenir.

 En fait, ces services mieux repensés à la lumière de nos enjeux de développement, pourraient jouer un rôle moteur dans la marche du Sénégal vers le mieux être moral et matériel de ses populations.

La Gendarmerie, mise à l’index dans cette affaire qui charrie angoisse, inquiétude et interrogation légitime chez les populations, a intérêt que la VERITE, toute la VERITE soit dite. La Gendarmerie que nous aimons tant doit être un bouclier et un refuge de vie, d’humanisme et d’espoir pour les populations.

Ce faisant, IL EST TEMPS QU’IL FASSE SA MUE ! Pour ce faire, elle serait bien avisée en méditant ces mots signés Edem Kodjo (voir Jeune Afrique hors série N°3 Novembre Décembre 1989) « Tous ces systèmes, très forts en apparence, reposent à long terme sur des brûlots, car ils ne permettent pas l’émergence de structures d’expression populaire. Le monolithisme total ne prévoit pas de canal d’évacuation des mécontentements…..le système dans lequel les gens sont libres et peuvent exprimer leurs idées, constitue le système le plus créateur, le plus adéquat, celui qui comporte le plus d’effet régulateur. » Vivement que cet intellectuel doublé d’un politique d’une grande lucidité  soit entendu !

FAIT A DAKAR LE 24/07/14

Madi Waké TOURE, Assistant Social, Conseiller en Travail Social, Formateur à l’Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés

tmadi70@yahoo.fr

 

 

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