Elle ébouillante ses trois belles-filles et risque 3 ans de prison
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Agée de 34 ans et domiciliée à la Gueule-Tapée, Ndèye Maty Fall a répondu, hier, de ses actes devant le tribunal des flagrants délits. Pour avoir ébouillanté ses trois belles-filles, elle risque une peine ferme de 3 ans et de devoir payer plusieurs millions de dommages.
Ndèye Maty Fall est la femme qu’Idrissa Ndoye a prise comme épouse, à la suite du décès de la mère de ses trois filles. Ces dernières résident dans la même maison et n’ont jamais pu s’entendre avec leur marâtre, qui les a envoyées à l’hôpital, lorsqu’elle les a ébouillantées. Lesdites blessures ont entrainé une incapacité temporaire de travail de 21 jours.
Ainsi, devant le tribunal, hier, il fallait déterminer si on avait affaire à une marâtre qui menait la vie dure à ses belles-filles ou à des enfants démoniaques qui ne supportent pas de voir leur papa avec une autre.
En tout cas, chacune des parties a pointé du doigt l’autre, mais la constance est qu’il y a eu des brûlures et que l’une d’elles, en l’occurrence Oumy Ndoye, a été la plus atteinte. D’ailleurs, elle n’a pas pu se tenir debout tout le long du procès, hier, devant le tribunal des flagrants délits.
A la barre, la prévenue a expliqué avoir été victime d’un complot. ‘’La veille, Ndèye Fatou Ndoye avait sauvagement battu et blessé ma femme de ménage, en mon absence, juste pour m’atteindre. Je lui ai personnellement remis 25 mille pour ses soins. Elle avait déposé une plainte, mais c’était sans suite à cause de la Covid-19. Je lui ai demandé des explications et cela a engendré une dispute jusqu’au lendemain. On se lançait des mots et Oumy a pris un couteau, menaçant de me poignarder, et ce n’était pas la première fois. Elle a l’habitude de m’accuser d’être à l’origine du décès de leur mère. Dans un réflexe, je lui ai versé la casserole d’eau chaude qui était à côté de moi et les éclaboussures ont touché Ndèye Fatou et Amy Ndoye’’, s’est-elle dédouanée.
Elle a ajouté qu’après cela, elle a fermé la porte à double tour, parce qu’elle risquait un lynchage.
Ses conseils ont plaidé sa relaxe pure et simple. En effet, Me Youssou Guèye a soutenu que sa cliente essaie d’échapper à ses belles-filles, depuis 2014, et que sa vie a toujours été en danger : ‘’Il y a excuse de provocation et la préméditation n’est qu’une supposition. Mais les coups et blessures volontaires sont constants et ce sont les provocations qui les ont entrainés’’, a-t-il argué, avant de solliciter, à titre subsidiaire, la relaxe pour légitime défense. Son confrère Me Demba Cire Bathily ne comprend pas qu’à leurs âges, elles résident encore dans la maison familiale et essaient d’empêcher leur père et son épouse de vivre en paix. ‘’Par ailleurs, l’une d’elles y vit avec son mari et elles ont décidé qu’il n’y aura pas d’entente dans cette maison, tant que leur tante y vivra. Elles ont fomenté ce coup, juste pour écarter la femme de leur père de la maison’’, a- t-il plaidé.
La version des trois sœurs
Cependant, les trois sœurs ont livré une tout autre version. Selon Amy Ndoye, de son retour du salon de coiffure, elle était restée dans sa chambre jusqu’à ce que l’une de ses nièces l’appelle pour diner. Assise autour du bol, elle a entendu : ‘’Je vais te détruire.’’ Alors qu’elle essayait de se relever, il était trop tard, l’eau bouillante avait déjà été versée sur elle et ses sœurs. Oumy Ndoye, la plus mal-en-point, a expliqué d’une voix presque inaudible qu’elle était en train de faire un sandwich à son frère, au moment où la prévenue a versé l’eau chaude sur elle, alors que Ndèye Fatou était à côté d’elle.
Assertions corroborées par El Hadj Racine Sène. L’époux d’Oumy Ndoye, en guise témoin, a soutenu : ‘’J’étais autour du bol. Alors qu’on s’apprêtait à manger, Ndèye Amy a ouvert la porte, a aspergé l’eau chaude et l’a très vite refermée.’’
Le père chercherait-il à protéger sa femme ?
Idrissa Ndoye, père des parties civiles et mari de la prévenue, a soutenu qu’il n’était pas présent, au moment des faits. Qu’il a été alerté par les hurlements. Il a ajouté que cette altercation datait de la veille. C’est, une fois dans la maison, qu’il a vu de l’eau chaude déversée par terre, puisqu’il a marché dessus, avant de se retrouver par terre. Il a aussi confié que sa dame s’était enfermée dans le salon. Par contre, il a expliqué qu’il n’y avait pas de bol de diner, alors qu’il est entré dans la maison à quelques secondes près. De ce fait, il a déclaré : ‘’Je ne peux pas affirmer que ma femme soit allée les rejoindre pour les ébouillanter.’’
N’empêche que Me Arona Bass de la défense a trouvé que les faits ne souffrent d’aucune contestation et que la préméditation est constante, dès lors que la prévenue a trouvé les filles assises autour d’un repas, pour leur faire subir ce supplice. ‘’C’est un préjudice irréparable et il est d’ordre esthétique’’, a-t-il plaidé, avant de réclamer 200 millions en guise de dommages. Il a fini par demander de mettre la prévenue hors d’état de nuire. Dans la même veine, Me Daff a demandé de la garder dans les liens de la prévention, puisqu’il trouve inhumain l’acte posé qui causera des séquelles mentales et physiques aux filles. Maitre El Mamadou Ndiaye de surenchérir que les faits ne souffrent de l’ombre d’aucun doute. Maitre Ndiack Ba a porté l’estocade en soutenant que cette affaire devait aller en instruction, puisque, selon lui, c’est une tentative d’assassinat.
Le représentant du parquet a requis une peine ferme de 3 ans. Le jugement sera rendu le 3 juin prochain.
Fama Tall