Le Frapp crie victoire
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Le nombre de dépistages quotidien pour déterminer les cas positifs ou non au coronavirus, est sujet de discorde. Le 21 avril dernier, le Frapp jugeait insuffisant le taux. Hier, ce mouvement, dans un communiqué reçu à ‘’EnQuête’’, se félicite que le ministère de la Santé et de l’Action sociale augmente le nombre de tests réalisés. Mais le mouvement n’est pas totalement satisfait.
Dans l’attente de la décision de la Cour suprême saisi par le Frapp aux fins d’injonction à l’Etat d’opérer un dépistage massif des populations dans le contexte de la Covid-19, l’organisation sociale a d’autres exigences. Guy Marius Sagna et ses camarades attendent des autorités qu’elles prennent toutes les mesures utiles pour faire respecter l’égal accès de tous au test de dépistage ; qu’elles évaluent de manière régulière et contrôlent le fonctionnement des dispositifs de tests existant. Et, enfin, que l’Etat dégage les moyens nécessaires à cet effet.
Mais, en attendant, dans cette lutte entamée, le Frapp se félicite d’acquis découlant de sa requête. En effet, trois jours après leur saisine de la Cour suprême, il est constaté une annonce du ministre de la Santé et de l’Action sociale : ‘’Dans le cadre de la détection des cas, j’ai demandé à mes services d’augmenter considérablement le nombre de prélèvements effectués par jour, afin de permettre l’identification d’un maximum de porteurs asymptomatiques.’’
Loin de jubiler sur ce qu’il s’arroge comme leur ‘’victoire’’, le Frapp précise ne pas se mobiliser pour 1 000 tests par jour. L’organisation reste persuadée qu’il est possible d’en faire plus de 10 000. Le mouvement insiste sur sa croyance ferme en la légitimité, la légalité et la faisabilité de sa demande. Qui, le cas échéant, va permettre d’abréger les souffrances sanitaires, sociales et économiques des Sénégalais.
En outre, le Secrétariat exécutif national (SEN) du Frapp qualifie la démarche étatique actuelle ‘’d’irresponsable’’. Et pour cause, le mouvement panafricaniste soulève l’absence d’arguments à donner à la Cour suprême, de la part de l’agent judiciaire de l’Etat, quant à la démonstration du bien-fondé de la stratégie consistant à dépister moins de 1 000 Sénégalais par jour pour lutter contre le coronavirus.
Une logique de dépistage, sur la base de laquelle, toujours selon le Frapp, 3 ans seraient nécessaires pour toucher 1 000 000 de Sénégalais. Une thèse soulevée que n’a pu démonter l’Etat, incapable d’exposer sa stratégie au Frapp et, par conséquent, à la Cour suprême.
En effet, selon le Frapp, la réponse documentée qu’ils ont reçue de l’agent judiciaire de l’Etat, le 29 avril, est caractérisée par son argutie et sa vacuité inacceptables, au regard de la gravité de cette pandémie. Pourtant, jugent les camarades de Guy Marius Sagna, l’exercice justificatif devrait être aisé pour l’Etat. Ne revenant qu’à exposer, aux citoyens, la situation actuelle et ses perspectives dans le cadre de cette lutte contre la Covid-19.
Or, en lieu et place de cette attitude attendue, devant la Cour suprême, le Frapp pense que l’Etat lui répond en envoyant ses affidés sur les plateaux de télévision. Le front anti-impérialiste de regretter que ces dépêches ne font que bassiner, et sans raison que ‘’le Sénégal n’a pas encore atteint une situation où le dépistage massif est nécessaire’’.
Une attitude qui démontre, selon leur analyse, que l’Etat du Sénégal fait du pilotage à vue, du moins arrime sa réponse à la Covid-19 à la réponse française de lutte contre le coronavirus. Alors que les réalités, les défis et les enjeux sont différents dans les 2 pays.
Mamadou Diallo