3 morts et 8 nouveaux cas en 48 heures
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Matam, la forteresse imprenable, est devenue, aujourd’hui, une proie facile de la Covid-19. Ainsi, 580 personnes ont attrapé le virus, depuis l’apparition du premier cas dans le périmètre régional, en juin 2020. Des chiffres qui sont en permanente hausse, dans la 3e vague du coronavirus. Dans les dernières 48 heures, trois personnes sont décédées et huit ont chopé le virus.
Pour beaucoup de populations de la région de Matam, le coronavirus n’est qu’un vieux souvenir. Et pourtant, les chiffres révélés par la région médicale montrent nettement que la Covid est en train de renaitre de ses cendres. Trente-trois patients sont présentement dans les centres de traitement des épidémies. Une situation qui inquiète au plus haut point les autorités sanitaires, d’autant que les CTE logés à l’hôpital de Ourossogui et de Matam ne disposent plus de lits inoccupés.
Les grands rassemblements occasionnés par la récente visite du chef de l’Etat, dans le cadre de sa tournée économique dans le Nord, ont fortement contribué à la propagation du virus. Durant cinq jours, les responsables politiques de la mouvance présidentielle ont convergé vers la 11e région, entrainant avec eux leurs militants. Les conséquences ont été immédiates : les cas communautaires foisonnent à un rythme inquiétant et, au même moment, les populations ne respectent plus les mesures barrières. Les masques sont rangés aux oubliettes.
Dans un lycée de la place, un professeur sans masque venait de terminer son cours de révision avec ses élèves de terminale. Il a perdu l’habitude d’en porter. ‘’Je n’ai pas mis mon masque, parce que je respecte la distanciation sociale avec mes élèves, tente-t-il de se justifier. Je suis conscient que la Covid est toujours là, même si, parfois, on se laisse facilement gagner par le relâchement’’, finit-il par admettre.
Dans la cour de ce même établissement, aucun élève n’a mis son masque ; les rares qui le portent l’ont mis sous le menton.
Vaccins en souffrance dans les structures de santé
Ce relâchement généralisé contraste avec les efforts colossaux déployés par le corps médical pour lutter contre le virus mortel. En effet, les techniciens de santé font des miracles, malgré leurs conditions de travail bien loin d’être optimales. Ils ont réussi jusqu’ici à soigner et guérir 463 patients dont les 189 dans les CTE.
La 3e vague est bien une réalité dans la région de Matam, avec une tendance qui va crescendo. Les dernières 48 heures ont révélé huit cas communautaires pour trois décès. De terribles statistiques qui devront faire réagir les autorités. D’ailleurs, selon une source administrative, il est probable que l’exécutif régional corse les mesures pour stopper la spirale, en dissuadant les populations au relâchement.
Les vaccins sont en souffrance dans les structures de santé et les populations ont clairement manifesté leur refus de prendre les doses. Les fêtes de Tabaski qui se profilent à l’horizon ne rassurent guère les autorités sanitaires qui craignent une explosion des cas, avec la masse importante d’individus qui quittera tous les coins de la terre pour venir célébrer la fête du mouton avec la famille.
En attendant, c’est la psychose pour les uns et l’insouciance pour les autres.
Djibril Ba