Les propositions «structurelles» des Chinois
Alors que la campagne arachidière semble promise au chaos du fait de facteurs négatifs cumulés (dont le refus de la Suneor d'acheter le kilo au prix officiel de 200 francs Cfa, l'absence des commerçants chinois naguère actifs sur le terrain et l'apathie inexplicable de l'Etat), la Chine a proposé hier aux autorités sénégalaises une remise à plat de la filière, d'amont en aval.
«Quelque chose de plus structurelle», a précisé l'ambassadeur Xia Huang, en référence au désordre ambiant qui plombe les activités de tous les acteurs en faisant l'affaire des spéculateurs qui ramassent les productions des paysans bien en deçà de 150 francs Cfa le kilo.
Il est possible de monter une chaîne d'exploitation moderne de bout en bout qui aurait plusieurs objectifs : améliorer la qualité des semences, recourir à la mécanisation pour espérer des rendements agricoles plus importants, mettre en place des systèmes de stockages sécurisés, et aboutir à une transformation qui favorise localement une plus grande valeur ajoutée. C'est une démarche qui contribuerait à «baisser le chômage» des jeunes, a expliqué le diplomate chinois qui a ajouté que «l'idéal, c'est d'exporter l'huile d'arachide et les tourteaux en Chine».
Par ailleurs, Xia Huang a reconnu l'emprisonnement de «quelques Sénégalais» souvent condamnés pour trafic de drogue, en violation de la législation chinoise. Interpellé sur ce que son pays pourrait entreprendre pour répondre à l'appel du chef de la diplomatie sénégalaise, Mankeur Ndiaye, le diplomate chinois a tendu une perche : Beijing, sous le couvert d'une coopération judiciaire, est prête à négocier des «traitements individuels» avec Dakar pour avancer sur le sujet.
Autoroute Thiès-Touba : trouver une approche plus rapide
Interpellé sur le projet d'autoroute à péage Thiès-Touba qui pourrait être confié à l'entreprise China Road & Bridge Corporation (CRBC), Xia Huang a regretté la polémique sur «un projet qui en est (encore) à l'état d'étude», affirmant ne pas y trouver d'inconvénient «tant que le dispositif juridique et réglementaire sénégalais est respecté». Du reste, «il faut trouver une approche plus rapide pour faire avancer les choses», a-t-il suggéré.
Dans la foulée, le diplomate chinois s'est dit convaincu que dans un monde qui va très vite, l'Afrique change elle aussi. Et si elle arrive à trouver une «panoplie de partenaires» décidés à la soutenir et à l'accompagner, elle aura plus de choix. «La diversification des partenaires est un avantage» pour les pays du continent, a conclu Xia Huang.
M. DIENG