Le focus sur les ressources et les comportements
Un PIB attendu à 4,9% en 2014 et 6,8% en 2015, la nécessité d’augmenter les ressources de l’État et de gérer les dépenses, une situation difficile pour les sociétés nationales et un comportement des Sénégalais jugé regrettable. Voilà les points essentiels du débat d’orientation budgétaire qui a eu lieu hier à l’Assemblée nationale.
Le débat d’orientation budgétaire pour l’année 2015, la première depuis 2011, s’est tenu hier à l’Assemblée nationale en présence d’une trentaine de députés. A cette occasion, les grandes lignes qui structurent les programmations budgétaires et économiques pluriannuelles ont été partagées avec la représentation nationale.
S’appuyant essentiellement sur le Plan Sénégal émergent, trois axes ont été retenus à savoir les orientations stratégiques et budgétaires pour 2015 et sur le moyen terme, les perspectives économiques dans le moyen terme et la situation financière des organismes publics.
En ce qui concerne les orientations budgétaires, il est prévu une mobilisation substantielle des recettes, concomitamment à une rationalisation des dépenses de fonctionnement. Sur ces dernières, outre la réduction du train de vie de l’État, il est retenu l’efficacité de la dépense publique par une allocation sectorielle efficiente. Les députés estiment que les recettes tirées de la taxe minière à hauteur de 3% sont très faibles et devraient être portées au moins à 10%. Un autre parlementaire a aussi préconisé la taxation sur les télécommunications pour augmenter les ressources, estimant qu’il y a beaucoup de recettes dans ce secteur.
A propos des projections sur la situation économique, le PIB est attendu à 4,9% en 2014 et 6,8% en 2015, pendant que l’inflation restera au dessous du seuil communautaire fixé à 3%. Quant à la situation financière des organismes publics, elle est très préoccupante en dehors de l’Institut prévoyance retraite du Sénégal (IPRES) qui affiche une santé enviable. ''L’analyse des états financiers reçus révèle que les sociétés nationales notamment la SENELEC, la SONES, le PAD, la SICAP et la SIRN concentrent l’essentiel de l’endettement du secteur'', note le ministre dans le rapport.
Les députés y ont ajouté les ICS et la SUNEOR, proches du dépôt de bilan, selon leurs termes.
Désengagement de l’État
Ainsi, l’État compte suivre davantage les entreprises et poursuivre sa politique de désengagement. Il n’entend conserver sa part que dans les entreprises économiquement viables. L’objectif à terme est le transfert progressif du secteur marchand au privé.
Cependant, quoi qu’on fasse, le Sénégal n’atteindra jamais l’émergence si les habitudes ne changent pas. C’est du moins l’avis des différents intervenants, les députés comme le ministre. ''La principale clé de réussite du PSE demeure incontestablement le changement de comportement à tous les niveaux'', relève le ministre dans le document. Devant les parlementaires, Amadou Ba regrette le fait que le Sénégal soit un pays ou chacun s’occupe de ses intérêts et pense pouvoir les défendre même si la pirogue chavire. Imam Mbaye Niang a ajouté que le Sénégal n’a pas un problème de plan, il a plutôt des difficultés dans la mise en œuvre et sur les attitudes.
AFFAIRE ARCELOR MITTAL Amadou Ba demande la publication des délibérations... Au cours de la rencontre d'hier, avec les députés, le ministre de l’Économie et des Finances s’est exprimé sur la question relative au différend avec Arcelor Mittal. Amadou Ba a expliqué que si le Sénégal a accepté de régler l’affaire à l’amiable, c’est pour aller plus vite dans les projets du PSE. D’après lui, en septembre 2013, le tribunal a donné raison à l’État du Sénégal à propos de la rupture unilatérale de la société contractante. La procédure suivait son cours jusque-là. Mais, en 2014, l’entreprise a proposé à l’État de lui payer 15 millions de dollars (75 milliards de FCFA) et une étude sur le site d’une valeur de 50 millions de dollars (50 millions FCFA). Et pour laver les autorités de tout soupçon, il demande que Arcelor Mittal publie la délibération du conseil d’administration ainsi que celle de l’assemblée générale, si jamais celle-ci se soit déjà tenue ou se tienne. ''Quand on attaque, il faut donner les preuves de ce que l’on dit'', rétorque-t-il aux accusateurs, non sans regretter le fait que ''d’une part, les gens parlent de fuite des investisseurs si l'on se montre déterminé et d’autre part de deal quand on fait preuve de flexibilité'' Le ministre soutient que si l’État poursuit le dossier, on ne sait pas quand est-ce que ça va aboutir. ''Pendant ce temps, le site étant en contentieux, il n’est pas évident qu’on pourra trouver une autre société qui acceptera d’investir. Et même si on la trouve, elle perdra 3, 4, voire 5 ans pour des études'', a expliqué Amadou Ba. Ce qui constitue un énorme retard pour le Sénégal qui a décidé de s’engager dans la voie tracée pour le PSE. En outre, les pays de la sous-région qui disposent de mines de fer pourraient prendre le dessus. Si les autres commencent à exploiter, notre fer ne coûtera plus rien'', a expliqué Amadou Ba. |
BABACAR WILLANE