Les travaux pourraient s'achever avant fin 2016
L’état désastreux de la baie de Hann pourrait être, d’ici quelques années, un vieux souvenir pour les riverains. Les travaux de sa dépollution pourraient s'achever avant fin 2016.
Les autorités sénégalaises veulent accélérer la mise en oeuvre du projet de dépollution de la baie de Hann. Notamment en engageant les travaux d’un ouvrage composé d’un intercepteur de 13 km, de 8 stations de relevage des eaux usées, d’une station de prétraitement et d’un émissaire en mer de 3 km. Coût total du projet, 33 milliards de F Cfa, financé par les bailleurs de fonds, notamment l’Agence française de développement (AFD).
Initié en 2010, ce projet avait connu un coup d’arrêt. Mais, selon le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Oumar Guèye, le Sénégal est en train d’accélérer le projet et l’ouvrage pourrait être disponible en fin 2016. Le ministre présidait lundi dernier un atelier de partage et de validation de l’étude de mise en place d’une redevance assainissement des eaux industrielles de la baie de Hann et d’une révision de la taxe de la pollution annuelle. Oumar Guèye, qui avait fait samedi une visite de la baie de Hann, se dit touché par le spectacle trouvé sur place, alors qu’il y a quelques décennies, Hann avait l’une des plus belles baies au monde.
‘’Cette baie est complètement polluée. L’État doit prendre ses responsabilités, les industriels de même, ainsi que les populations riveraines. Nous avons vu toutes sortes de déchets. C’est de notre responsabilité à nous tous de redonner à cette baie de Hann son lustre d’antan. Nous sommes tous interpellés et nous devons agir vite'', a indiqué M. Guèye.
Pollueur-Payeur
Une fois l’ouvrage terminé, il sera un patrimoine de l'Office national d’assainissement du Sénégal (ONAS) qui se chargera de son exploitation. Et d'après le ministre de tutelle, l’ONAS aura besoin de ressources pour le maintien de l’ouvrage car il faut assurer sa pérennité. C’est pourquoi, a fait savoir Oumar Guèye, une redevance industrielle sera mise en oeuvre. Et à en croire le ministre, les industriels concernés ont déjà signé en 2010 un protocole avec l’État et avaient donné leur accord pour mettre en place le système de traitement. Toute entreprise qui adhère à ce projet individuellement ou au titre d’une organisation, devait mettre en place un système de prétraitement fonctionnel qui respecte les valeurs limites qui lui sont fixées par sa convention avant décembre 2012. Mais, a déploré le ministre, un an et demi après la date butoir, aucune entreprise n’a respecté concrètement ses engagements, malgré la mise à disposition d’un fonds de 8 milliards destiné à les accompagner.
''La mise en place d’une redevance assainissement des eaux usées et d’une révision de la taxe annuelle définit les voies et moyens de récupérer les coûts des services d’assainissement pour rendre pérenne l’exploitation des équipements qui seront mis en place. La future redevance industrielle devra service exclusivement à couvrir le fonctionnement et l’exploitation ainsi que la surveillance environnementale'', a-t-il informé.
D’après le rapport présenté à l’occasion de l’atelier de restitution, une trentaine d’industries éprouvent des difficultés à respecter la norme azote. Pour cela, il sera fixé comme obligation de mettre en place un prétraitement pour les établissements dont les rejets ne sont pas conformes aux normes de rejets dans le réseau public. ''Nous ne voulons pas de pollueurs qui payent, mais des non pollueurs qui ne payent pas, c'est-à-dire des industries qui installent des systèmes de prétraitement et après ce prétraitement, la station va collecter ces eaux prétraitées avant l’émission en mer. Ce que les industries payent n’est qu’une redevance pour permettre l’entretien de l’ouvrage'', a déclaré Oumar Guèye.