À l’aune parasismique
Le Maroc, vitrine de la modernité et de l’émergence en Afrique vit un deuil, que toute l’humanité partage, après un tremblement de terre d’une rare puissance, de magnitude 7, selon le Centre marocain pour la recherche sismographique, qui a frappé ce pays avec comme épicentre les bourgades aux constructions anciennes et fragiles qui jouxtent la ville de Marrakech.
La province d'Al-Haouz autour de la région montagneuse située au sud de la ville de Marrakech, hub touristique mondial au patrimoine architectural ancien avec la médina qui est une attraction touristique majeure comme la tour Eiffel et la grande muraille de Chine. C'est un pays avec plus de 10 000 000 de visiteurs dans une année touristique. Le Maroc fait donc face à un défi économique majeur avec ce séisme.
Souks, labyrinthes, mosquées et medersa forment un dédale tellement pittoresque et unique dans le monde, malheureusement détruit par ce séisme des plus meurtriers dans le monde avec plus de 5000 victimes dont 2800 morts.
Haïti il y’a quelques années, la Turquie très récemment et aujourd’hui le Maroc ont connu les foudres de dame nature avec des séismes dévastateurs qui posent avec urgence le mode d’urbanisme dans nos villes densément peuplées, mais aussi les normes de construction parasismiques au-delà même des pays vulnérables si l’on se réfère à la cartographie établie par l’USGS, le service géologique des Etats-Unis, de loin l’institut de référence car le plus outillé.
Aux environs de Marrakech, coexistent des très vieilles bâtisses en pisé, matériau local peu coûteux, thermique et facile à utiliser malheureusement peu résistant en cas de réalisation de sinistre.
Dans nos villes, comme Dakar, nous n’avons pas certes de constructions aussi légères et déformables aux moindres mouvements de sol, cependant nos codes de l’urbanisme pourtant mis à jour ne sont pas scrupuleusement respectés surtout avec la frénésie de construction pour les revenus locatifs dans les centres urbains comme Dakar.
Les bureaux de contrôle technique au Sénégal doivent urgemment être mis à contribution pour les habitats de moyenne et grande hauteur afin d'imposer le respect des normes parasismiques qui assure la résistance du bâtiment face à n’importe quelle secousse. C’est une mesure forte à adopter avec l’écosystème du bâtiment et de la construction dans notre pays.
Le long de la façade maritime - ici à Dakar - les constructions verticales de plusieurs étages poussent chaque jour dans un pays ou l’épargne est investie en priorité dans l’immobilier. Il est donc urgent de mettre à jour notre cartographie des risques et d’établir avec l’UCAD un service de surveillance sismique surtout sur cette côte Ouest en rendant obligatoire le respect rigoureux des règles parasismique surtout pour les nouvelles constructions avec deux étages au moins dans le bon sol de la presqu'île du cap vert.
Les façades occidentales africaines sont des zones à risque et nos pays doivent dès à présent s’y adapter avec des techniques constructives éprouvées, une surveillance de tous les instants et une protection civile bien équipée et bien formée. C’est une forme de résilience indispensable de nos jours pour toute nation et la Maroc donne la leçon d’un pays exceptionnellement résilient capable même d’aller au chevet de ses populations sans l’assistance internationale. Osons tirer toutes les leçons …. Par ailleurs le BRT, le TER, les ponts et autoponts, les sphères ministérielles, tous ces ouvrages sont-ils aux normes parasismiques?
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructure
Ex Cons. Spécial PM