Le défi de la formation
Le volet social de la Déclaration de Politique Générale (DPG) est essentiellement axé sur l'employabilité des jeunes, les réformes sanitaires, et la justice. Dans tous les cas, des ressources humaines de qualité ont été évoquées comme moyens de vaincre les disparités sociales.
Allocation annuelle de 100 000 F CFA aux ménages les plus vulnérables, baisse des coûts du loyer, loi d'orientation sociale pour les handicapés, couverture Maladie universelle (CMU), gratuité des soins aux enfants âgés de 0 à 5 ans, construction de plus de 2000 logements sociaux… ; le Premier ministre Mahammad Dionne ne s'est pas privé d'égrener un chapelet de programmes sociaux, antérieurs à sa nomination et à sa déclaration de politique générale, hier devant la représentation nationale. Des acquis qu'il compte consolider pour réduire ‘’les disparités sociales et spatiales’’.
Jeunesse qualifiée
Il a beaucoup été question d'une jeunesse qualifiée dans la définition de la politique sociale du chef du Gouvernement. Un pari qu'il compte gagner grâce à une formation de qualité. ‘’Pour réussir leur insertion dans la vie active, les jeunes devront bénéficier d'un enseignement de base et d'une formation de qualité garantissant leur employabilité’’, a-t-il déclaré. Une expertise forcément soumise à une reconfiguration de la carte universitaire et à l'adéquation des programmes quant aux besoins du marché. ‘’Notre système éducatif s'enrichira d'un nouvel institut agricole de développement rural, de trois centres sectoriels en machinisme agricole, mécanique poids lourds et maîtrise énergétique et de centres de formation au niveau des agropoles, d'ici 2017’’, promet M. Dionne.
Plus de 46 % de jeunes à la recherche d'emplois n'ont reçu aucune formation. Ainsi, le Programme d'Amélioration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence (PAQUET), l'ouverture pour l'année 2015/2016 de la deuxième université de Dakar, celles du Sine Saloum (orientée vers les métiers agricoles), de Kaffrine, Diourbel, Toubacouta, Kaolack, Fatick sont la pierre angulaire d'une offre d'enseignement supérieur. A terme, 90 000 jeunes vont être formés dans des domaines aussi divers que la science, la technologie, les métiers du sport et de la santé, les sciences économiques, sociales et de gestion.
Le suivi après formation pour l'insertion constitue une préoccupation majeure. Le premier ministre annonce qu'une ‘’Convention nationale État/Employeurs, instrument de renforcement de l'employabilité des jeunes, sera renégociée pour la création de 40 000 stages/emplois à coût partagé entre l’État et les entreprises’’.
Aux interpellations des quelques députés sur le rapport récent d'Oxfam, faisant état d'une augmentation de la pauvreté au Sénégal entre 2008 et 2012, le Premier ministre leur a opposé les chiffres de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Selon lui, la pauvreté est bien en baisse puisqu'en ‘’ 2001-2002 elle était à 55,2% alors qu'elle est de 42,5% en 2014’’.
Santé
Avec le bilan à mi-moitié de la CMU de 372 mutuelles de santé opérationnelles couvrant 145 000 personnes, et la prise en charge nutritionnelle gratuite de plus d'un million d'enfants de moins de cinq ans, la gratuité des dialyses et des césariennes l'’’option de la santé pour tous, droit reconnu à chaque citoyen, prend de plus en plus l'allure d'une priorité‘’, croit savoir le premier ministre pour qui, la modernisation du système sanitaire mettra l'accent sur une plus grande disponibilité des ressources humaines qualifiées.
Et sur le renforcement des plateaux techniques et des moyens d'intervention appropriés. ‘’Les catégories socioprofessionnelles défavorisées vont avoir accès à des soins plus élargis. Les mécanismes de protection sociale seront étendus aux acteurs du secteur informel, en particulier à ceux du monde rural, grâce à la mutualisation, considérée comme un des piliers structurants de la CMU’’, a promis Mahammad Dionne. Le chef du gouvernement s'est prononcé sur les inquiétudes des députés concernant la situation des structures sanitaires. ‘’L’État doit de l'argent aux hôpitaux, mais les hôpitaux aussi nous doivent de l'argent ‘’. Selon lui, ces dettes croisées vont trouver une solution dans le premier trimestre de 2015.
Libertés et sécurité
Les récents développements sur la marche interdite du front patriotique ont occupé une bonne partie de l'intervention des députés de l'opposition. Ces derniers qui y voient un recul de la démocratie se sont fait reprendre par le chef du Gouvernement. ‘’Aucun arrêté ne peut suspendre les libertés au Sénégal. Nous n'avons pas de complexe par rapport à cette question. Beaucoup de personnes ont déjà siégé dans un gouvernement et connaissent les exigences de sécurité. Pour recevoir 50 chefs d’États et de Gouvernements des dispositions particulières de sécurité doivent être prises‘’, s'est-il défendu.
Au-delà de cette affaire, pour renforcer la stabilité sociale du pays, le Gouvernement de M. Dionne promet le recrutement de 1000 policiers, 1000 gendarmes, 1000 militaires tout en rappelant que son équipe continuera à œuvrer pour la paix en Casamance.
La modernisation de la justice constitue l'une des priorités pour un renforcement de la démocratie. L'assemblée vient de voter deux lois sur l'amélioration du système judiciaire et pénal. ‘’La réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale contribuera à une accélération des procédures de jugement, tout en renforçant les mesures de lutte contre la corruption et la protection des droits des personnes’’, a soutenu le Premier ministre.