Publié le 20 Jun 2020 - 06:18
DECLASSEMENT FORET MBAO

La commune oppose un non catégorique

 

Les populations de Mbao disent non au déclassement de leur forêt. Au-delà des impacts environnementaux et économiques, elles soupçonnent des intentions inavouées.

 

Le 24 janvier 2019, le président Macky Sall, lors de l’inauguration de la mosquée de Pikine, avait promis à la population de lui trouver un local pour l’extension de son cimetière. Et il se trouve que c’est la forêt classée de Mbao qui a été choisie pour la cause. Un fait que les habitants de la commune refusent ‘’catégoriquement’’. ‘’Vu le contexte dans lequel nous sommes, Mbao pleure parce qu’elle est agressée de toutes parts. Aujourd’hui nous avons eu écho que sur la table du président, il y a une demande portant sur le déclassement de la forêt classée pour le maire de la ville de Pikine Abdoulaye Thimbo.

Et cela avec, dit-on, l’accord du ministre de l’Environnement. Il demande qu’on lui octroie 10 ha de la forêt. Quelles que soient les motivations et les faux prétextes, nous disons non, parce qu’aujourd’hui, le Sénégal a ratifié tellement de conventions relatives à l’environnement que nous ne pouvons pas comprendre qu’au moment où le monde pleure des forêts qui partent en fumée, où on parle de changements climatiques, on vient nous parler de déclassement de la forêt de Mbao pour usage de cimetière. Nous disons niet’’, déclare Claude Coly, membre de la Plateforme pour le développement durable de Mbao.

Ses camarades et lui pensent que la construction d’un cimetière n’est qu’un prétexte pour utiliser cet espace à d’autres fins. D’autant plus, selon eux, qu’un espace de cinq hectares est disponible à Pikine dont l’aménagement demande un montant de 400 millions de francs CFA. ‘’Quoi qu’on dise, on préfère enterrer nos parents près de chez nous. C’est d’ailleurs ce que Pikine demande. Au lieu de cela, ils visent la forêt de Mbao et on ne sait à quelle fin. Ils n’ont qu’à aller chercher ailleurs leur cimetière. Ce que nous voulons, c’est qu’on aménage notre forêt, qu’on rajeunisse les espèces qui s’y trouvent et qu’on renforce la faune. Il y a tellement d’activités économiques et culturelles à l’intérieur de cette forêt. A cela s’ajoute le marigot de Mbao. Depuis trois ans maintenant, nous sommes présents chaque dimanche pour le nettoyer et les populations reviennent verser n’importe quoi. Les autorités doivent jouer leur rôle, prendre leurs responsabilités. Il faut des mesures dissuasives en toute chose et c’est là où nous les attendons. Si elles ne peuvent pas nous appuyer, ni nous donner les moyens nécessaires, elles n’ont qu’à jouer pleinement leur rôle de sentinelle et de dissuasion à l’égard des récalcitrants’’, poursuit-il. 

La plateforme se dit déterminée à barrer la route à un déclassement de ce dernier poumon vert de Dakar et demande à Macky Sall de reconsidérer le dossier. ‘’Nous interpellons le président directement et le ministre de l’Environnement à qui nous disons qu’il a rendez-vous avec l’histoire, parce qu’il habite Mbao et doit être le premier à protéger cette forêt. Le ministre de l’époque avait refusé. Nous serons fermes et catégoriques. Nous ferons face pour l’intérêt de Mbao et de tout Dakar. Nous demandons au président de revenir à de meilleurs sentiments et chercher l’intérêt des populations, plutôt que l’intérêt crypto-personnel de son entourage aux desseins inavoués. Nous ne sommes pas dans la politique politicienne, nous sommes là pour l’intérêt de la population et on ne nous entend que quand l’intérêt des populations est menacé’’, détaille Claude Coly.

La plateforme comprend plusieurs associations de la commune (l’Association pour la sauvegarde du marigot de Mbao, Idée et action pour le développement de Mbao, le Club nautique, la Cellule des étudiants ressortissant de la commune de Mbao… et différentes associations sportives). Cette jeunesse compte recenser tous les experts locaux en sciences de l’environnement, de la santé ainsi que les juristes pour réussir son combat.

Au ministère de l’Environnement et du Développement durable, on affirme que la tutelle n’a rien à voir avec cette polémique et que seul le président de la République peut déclasser une forêt.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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