Les acteurs plaident pour une hausse du financement alloué au sous-secteur
Les Collectivités locales attribuent moins de 1% de leurs allocations au développement de la Petite enfance. Ce qui, selon les acteurs de ce sous-secteur de l’éducation, n’est pas suffisant pour prendre en compte toutes leurs préoccupations. Ils ont déploré ce fait hier, à l’occasion de l’Assemblée générale du Réseau national des acteurs pour le développement de la Petite Enfance au Sénégal (Renapde).
Des millions d’enfants continuent de vivre et de mourir dans des conditions ‘’inacceptables’’, selon le rapport 2016 du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Le document a estimé qu’en 2015, 5,6 millions d’enfants sont morts avant d’atteindre l’âge de cinq ans. Principalement, en raison de maladies que l’on aurait pu ‘’prévenir et soigner facilement’’ et à moindre coût. La même source rapporte qu’au Sénégal, malgré une ‘’volonté politique affirmée’’, la situation du développement de la Petite enfance reste marquée par un ‘’faible taux’’ de préscolarisation (16,8%), des taux importants de malnutrition aiguë globale de 6%, de mortalité infantile et infanto-juvénile, respectivement de 39 et 59‰. Mais aussi, un fort taux d’enfants sont ‘’victimes de négligence’’ telle que la non-possession de pièce d’état civil.
En effet, sur 100 enfants de moins de cinq ans, 68 sont enregistrés à la naissance et seuls 52 détiennent un acte de naissance. ‘’Ce que nous devons faire, c’est de continuer à sensibiliser et à travailler pour qu’au Sénégal, le financement du sous-secteur de la Petite enfance soit revu à la hausse. Hormis l’Ile Maurice et le Cap-Vert, tous les autres pays ne répondent pas aux normes internationales. Il est temps qu’on travaille à améliorer la prise en charge de la Petite enfance’’, a dit la Directrice Générale de l’Agence Nationale de la Petite Enfance et de la Case des Tout-Petits, Thérèse Faye Diouf. Elle s’exprimait hier, à l’occasion de l’Assemblée générale du Réseau National des Acteurs pour le Développement de la Petite Enfance au Sénégal (Renapde).
Aujourd’hui l’objectif, poursuit-elle, c’est de travailler pour qu’il y ait ‘’un accès équitable’’ pour les enfants du Sénégal, telle qu’il a été mentionné dans l’Objectif de Développement Durable des Nations unies. ‘’L’approche est multisectorielle. Il y a des aspects de santé, de malnutrition, d’éducation, de protection sociale. Il y a la question de la formation qui me semble quand même importante. Elle doit être un chantier pour tous les acteurs de la Petite enfance’’, a-t-elle souligné.
Parce qu’aujourd’hui au Sénégal, les enseignants sont généralement polyvalents, c’est-à-dire qu’ils sont dans les centres de formation pour enseigner soit à l’élémentaire, soit dans les cases des Tout-petits. Or, la Petite enfance ayant ses spécificités, sa particularité, Thérèse Faye Diouf a jugé ‘’utile’’ de continuer le plaidoyer pour qu’il y ait au ‘’moins des sections petite enfance’’ dans les centres de formation. ‘’Si nous voulons développer l’approche holistique dans les structures de la Petite enfance, qu’il y ait des activités de santé, de nutrition, de protection, on ne peut pas quand même se fier à une formation qui est uniquement liée à l’aspect éducation’’, a estimé la Directrice de la Petite enfance.
L’exigence de se doter d’outils puissants de lobbying
La coordination intersectorielle, le financement, l’implication des collectivités locales, la formation des personnels sont également autant de défis du sous-secteur à relever, selon le président du Renapde, Dahirou Mbaye. ‘’Nous devons nous doter de puissants outils de plaidoyer, de communication et de lobbying. Le plan stratégique 2017-2022 devra aider dans ce sens en tant qu’instrument stratégique avec une opérationnalisation à travers les plans d’action annualisés’’, a-t-il affirmé. Parce qu’aujourd’hui, souligne-t-il, les données de la neuroscience attestent que les six premières années de la vie, particulièrement les trois premières, sont primordiales pour la formation de l’intelligence, de la personnalité, du comportement en société et que les effets d’une négligence précoce peuvent être cumulatifs. ‘’Il est donc plus efficace et moins coûteux d’assurer des conditions favorables au développement des jeunes enfants que de tenter de remédier ultérieurement aux conséquences qui découlent d’une enfance difficile’’, a-t-il dit.
MARIAMA DIEME