La constance et la circonstance
Quoi de nouveau sous le soleil pour que resurgisse le débat sur un éventuel rapprochement entre les Présidents Sall et Wade, l’APR et le Pds? Et, de façon générale, le débat sur le dialogue politique? Il convient de dire, très nettement, que le dialogue est une donnée constante dans la démarche du Président de la République. On peut en fournir les preuves chiffrées depuis 2012 avec, notamment, les concertations sur l'avenir de l'enseignement supérieur, les consultations nationales sur les réformes constitutionnelles, les concertations sur la santé, les assises nationales sur l'éducation, la conférence sociale, les consultations sur l'Acte 3 de la décentralisation, le Forum national de l'administration, etc.
Le dialogue politique est une méthode pratiquée par le Président dans la conduite des affaires publiques. Il ne saurait se limiter cependant aux seules questions politico-politiciennes. Son objet est de construire des consensus entre différents acteurs pour opérer des changements et en maîtriser les effets induits. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, qu'il faut inscrire la déclaration du Président de la République, lors de la campagne référendaire, sur sa volonté de concertation avec toutes les forces politiques et acteurs de la société civile sur les réformes constitutionnelles, notamment dans les modalités et processus de mise en œuvre.
La modernisation des partis politiques, le statut de l'opposition et de son chef, par exemple, constituent des chantiers qui nécessitent le dialogue fondé sur le double principe de l'expression des positions et de la légitimité du Président de la République à prendre la décision, en dernière instance. Si cette posture du Président relève de la circonstance, il est permis de dire qu'il y a une constance dans sa position de vaste rassemblement des forces vives irréductible aux échéances électorales. Une telle manière de voir la politique s'illustre, preuve du temps s'il en fallait, par la longévité de la coalition Benno Bokk Yaakaar au pouvoir depuis 2012 qui a montré très clairement que les lignes peuvent également bouger.
Quid de la question à l'entame de ce propos? Il est de notoriété publique que des bonnes volontés, au Sénégal comme à l'extérieur, œuvrent depuis longtemps pour atténuer la crispation dans les rapports entre les libéraux républicains et les libéraux, entre le Président Macky Sall et le Président Wade. La politique est loin d'être un champ fermé de monologues parallèles. Il n'en demeure pas moins nécessaire de rappeler qu'elle exige également la ferme réaffirmation des positions. De principe et de légitimité, de raison et de légalité. L'histoire fait le reste avec son lot de multiples possibilités, toujours selon l'axe des intérêts du peuple et du pays.
El Hadj Hamidou KASSE