Publié le 24 Sep 2023 - 23:16
DISSIDENCE À BENNO BOKK YAAKAAR

Macky Sall lance ses premiers avertissements

 

Bien que menant des discussions afin d’éviter un effritement de sa coalition Benno Bokk Yaakaar, le président Macky Sall a mis les récalcitrants à la candidature d’Amadou Ba devant leurs responsabilités.   

 

Du ‘’bon côté’’ de l’histoire, les alliés du président de l’Alliance pour la République (APR) ont vu leur leader mettre en application sa promesse de réduire l’opposition politique ‘’à sa plus simple expression’’. Le résultat est l’élimination de ses plus farouches opposants des élections organisées depuis sa prise de pouvoir. Une partie de ces alliés s’apprête peut-être à vivre les conséquences de cette adversité avec Macky Sall.

En marge de sa participation à la 78e Assemblée générale des Nations Unies à New York, le président de la République a lancé un message à tous les membres de sa majorité souhaitant présenter leur candidature, après le choix du Premier ministre Amadou Ba comme candidat du pouvoir. Ceci, pour dire que ces derniers seront exclus de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Et ce sera de leur propre faute, laisse entendre Macky Sall. Devant des militants de l’APR, le président de la coalition Benno Bokk Yaakaar a tenu à apporter ces précisions : ‘’Quiconque déclare sa candidature alors qu’il appartient au parti ou à la même coalition, s’est auto-exclu de notre organisation. L’on ne peut pas accepter se soumettre au choix d’une coalition et le rejeter parce qu’on n’a pas été choisi. Donc, que personne ne vienne vous parler d’une autre stratégie que celle que je viens de vous définir.’’

Macky Sall : ‘’Quiconque déclare sa candidature… s’est auto-exclu de notre organisation.’’

Ce discours intervient dans un contexte compliqué pour le président de la République à New York. Venu délivrer ce qui doit être son dernier discours à la tribune des Nations Unies en tant que président de la République du Sénégal, Macky Sall a vu une série de manifestations organisée par des Sénégalais de la diaspora ternir son image à l’international. Les manifestants réclament la libération des prisonniers politiques et surtout d’Ousmane Sonko, tout en exigeant sa participation à la Présidentielle 2024.   

Entre son planning chargé et l’accueil mouvementé dont il a fait l’objet, Macky Sall a trouvé du temps pour baliser le terrain pour celui qu’il espère capable de maintenir son régime en place. C’est bien sa propre survie qui se joue.

En effet, assure-t-il, ‘’quand nous avons regardé les critères de chacun des potentiels candidats, nous nous sommes accordés qu’Amadou Ba a le meilleur profil. S’il gagne, c’est moi, président Macky Sall et tous les leaders de la coalition tout entière qui gagneront’’.

Malgré tout, le candidat Amadou Ba ne fait pas l’unanimité au sein de la mouvance présidentielle et particulière au niveau de l’APR. Depuis son officialisation, deux cadres du parti ont déclaré leur candidature : le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Mame Boye Diao (limogé depuis) et l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne qui a officialisé sa candidature jeudi dernier.

Macky Sall : ‘’Si Amadou Ba gagne, c’est moi qui gagne.’’

Pendant ce temps, le ministre de l’Agriculture démissionnaire, Aly Ngouille Ndiaye, qui était candidat à l’investiture, reste silencieux depuis le choix d'Amadou Ba.

D’ailleurs, ces deux derniers ont affiché une proximité lorsque l’ancien Premier ministre, fêtant son anniversaire, a partagé ce message : ‘’Quel beau cadeau d'anniversaire pour moi en ce 22 septembre : ce moment d'échange autour du Sénégal avec mon frère et ami Aly Ngouille Ndiaye !’’

Au moins, un candidat a été récupéré par le président de la République. Le président du Conseil économique, social et environnemental a accepté de renoncer à sa candidature pour soutenir le choix de Macky Sall. Cette décision d’Abdoulaye Daouda Diallo aurait-elle donné quelques espoirs au président de l’APR ? Quelques heures avant sa rencontre avec ses militants à New York, Macky Sall a accordé une interview à France 24 et RFI, où il a été beaucoup plus diplomatique.

En effet, déclare-t-il, à propos des dissidences, ‘’c’est normal qu’il y ait des résistances. Mais, au bout du compte, nous avons vu un processus d’alignement et finalement d’acceptation. Bon, il y en a encore deux ou trois qui pensent qu’ils doivent être candidats. C’est leur liberté, c’est leur droit. Mais je pense qu’il y aura avant le dépôt des candidatures encore des discussions qui permettront finalement d’arriver vers une convergence totale’’.  

Une entente espérée avant le dépôt des candidatures

En brandissant le bâton et la carotte, Macky Sall opère comme à son habitude : toujours très dur avec ses opposants tout en appelant au dialogue pour faire passer des positions. Cette stratégie a été utilisée en 2019, avant la Présidentielle, et récemment en août 2023. Directeur général de la CDC au moment de déclarer sa candidature à la présidentielle, Mame Boye Diao a été viré quelques heures plus tard. Un message qui pourrait se répéter bientôt.

Lamine Diouf

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