Publié le 13 May 2023 - 18:07
DRAME DE MOURA

Un rapport de l’ONU parle de 500 morts au minimum

 

Plus d’un an après le drame de Moura, l’ONU a rendu publiques ce vendredi les conclusions d’un rapport accablant qui fait état de 500 morts au minimum.

 

On en sait un peu plus sur ce qu’il est convenu d’appeler le massacre de Moura, perpétré au mois de mars 2022 au Mali. Depuis, les supputations n’ont jamais cessé sur le nombre de morts et leurs statuts. Dans une vidéo, la porte-parole du haut-commissaire des Droits de l’homme apporte des remarques sur le rapport du Bureau des Droits de l’homme des Nations Unies. Elle déclare : ‘’Notre rapport a conclu qu'il y a de fortes indications que plus de 500 personnes ont été tuées - la grande majorité sommairement exécutée - par les troupes maliennes et des personnels militaires étrangers au cours d'une opération militaire de cinq jours, en mars 2022, dans le village de Moura, au centre du Mali.’’

Les conclusions présentées par la porte-parole du haut-commissaire sont jugées ‘’extrêmement inquiétantes’’. ‘’Au moins 58 femmes et filles ont été violées ou soumises à d'autres formes de violence sexuelle. Dans un cas choquant, des soldats auraient apporté des couchettes d'une maison, les auraient placées sous des arbres dans le jardin, puis auraient violé à tour de rôle les femmes qu'ils avaient forcées à s'y installer. Nous avons aussi documenté des actes de torture’’, a signalé Mme Ravina Shamdasani. Elle précise : ‘’Les exécutions sommaires, les viols et la torture pendant les conflits armés constituent des crimes de guerre et pourraient, selon les circonstances, constituer des crimes contre l'humanité.’’

Le rapport, selon la porte-parole du haut-commissaire, est le résultat d'une vaste mission d’établissement des faits sur les Droits de l'homme menée pendant plusieurs mois par le personnel de l'ONU au Mali. Elle revient sur les difficultés rencontrées par la mission. ‘’Les autorités maliennes ont refusé les demandes d'accès au village de Moura. La mission d’établissement des faits est basée sur des entretiens avec des victimes et des témoins, ainsi que sur des sources d'informations médico-légales et autres, telles que l'imagerie satellitaire’’.

 C’est ainsi que la mission a pu détailler, selon elle, ‘’jour après jour, le déroulement des événements à Moura’’.  ‘’L’opération – décrite par les autorités comme une opération militaire antiterroriste contre un groupe affilié à Al-Qaïda connu sous le nom de Katiba Macina – a débuté le 27 mars 2022, jour de marché hebdomadaire très fréquenté à Moura. Selon des témoins, un hélicoptère militaire a survolé le village en ouvrant le feu sur la population, tandis que quatre autres hélicoptères ont atterri et que des troupes ont débarqué. Les soldats ont encerclé les gens dans le centre du village, tirant au hasard sur ceux qui tentaient de s'échapper’’, commente la porte-parole du haut-commissaire.

238 victimes formellement identifiées

Il ressort du récit de ces témoins que des “hommes blancs armés” parlant une langue inconnue opéraient aux côtés des forces maliennes et paraissant parfois ‘’superviser les opérations’’. Sur ces entrefaites, certains militants de la Katiba Macina présents dans la foule ont riposté aux tirs des troupes. ‘’Des civils et de membres présumés de la Katiba Macina ont été tués. Puis, au cours des quatre jours suivants, au moins 500 personnes auraient été sommairement exécutées, selon le rapport. L'équipe de la mission d’établissement des faits a obtenu de nombreuses données d'identification personnelle, y compris les noms d'au moins 238 de ces victimes’’.

Le jour suivant l'assaut, explique la porte-parole du haut-commissaire, les soldats ont commencé à aller de maison en maison à la recherche de ‘’terroristes présumés’’.

Lors de cette expédition punitive, renseigne le rapport, ils semblaient cibler particulièrement ‘’les personnes portant une longue barbe, celles qui portaient un pantalon n’arrivant pas à la cheville, ou qui avaient des marques sur les épaules interprétées comme le signe qu'elles portaient habituellement des armes, et les personnes qui montraient simplement des signes de peur’’. Ces derniers étaient sélectionnés et exécutés sommairement, si l’on se fie au rapport. ‘’Des témoins ont indiqué à l'équipe de la mission d’établissement des faits qu'un groupe d'hommes rassemblés au sud-est du village avaient été emmenés par des soldats, puis abattus d'une balle dans la tête, le dos ou la poitrine et que leurs corps avaient été jetés dans une fosse. Ils ont rapporté que ceux qui ont résisté ou tenté de fuir ont également été exécutés par les forces armées maliennes et les «hommes blancs armés» et jetés dans la fosse’’.

Selon Mme Ravina Shamdasani, les autorités maliennes avaient annoncé l'ouverture d'une enquête peu après l'attaque, mais plus d'un an après, elles continuent de nier tout acte répréhensible de la part de leurs forces armées. ‘’Le haut-commissaire Volker Türk a souligné que les enquêtes sur des rapports aussi graves de violations des Droits de l'homme et du droit international humanitaire doivent être menées de manière indépendante, impartiale et transparente, afin que les responsables rendent compte de leurs actes’’, a rapporté la porte-parole.

MOR AMAR

Section: