Publié le 6 Aug 2015 - 12:49
EN CAS DE REJET DES POURVOIS DE KARIM WADE

Les menaces de la défense

 

Les avocats de Karim Wade sont très remontés contre la Cour suprême qui a décidé d’examiner aujourd’hui deux des pourvois en cassation déposés par leur client, hors des délais et sans une convocation officielle. En cas de rejet de leurs requêtes, ils menacent de traîner la Cour suprême devant les juridictions internationales.

 

Hier, les avocats de Karim Wade sont encore montés au créneau pour fustiger la décision de la Cour suprême d’examiner aujourd’hui deux des pourvois en cassation déposés par leur client. Non seulement, ils jugent l’audience ‘’illégale’’, mais s’étonnent qu’ils ne soient pas encore convoqués jusqu’à hier. ‘’A 24 heures de l’audience, nous n’avons reçu aucune convocation officielle du greffe de la Cour suprême’’, a révélé Me Seydou Diagne furieux que l’audience soit programmée, sans les délais de rigueur. ‘’Chaque partie a deux mois pour répondre, mais l’Etat n’a répondu qu’hier 4 août, alors que l’audience a été déjà programmée pour des raisons qui échappent à la défense’’, a fulminé Me Diagne.

Son confrère Me Demba Ciré Bathily de renchérir : ‘’Si nous sommes dans le respect des normes, on ne devrait pas avoir d’audience demain (aujourd’hui), mais nous serons dans l’instruction.’’ Selon leurs explications, le dossier n’est pas en état pour être jugé aujourd’hui. ‘’Le dossier n’est pas en état d’être jugé et la défense n’a accès à rien’’, a martelé Me François Boyou. D’après Me El Hadj Amadou Sall, pour qu’un dossier soit enrôlé, il faut deux conditions. La première, a-t-il fait savoir : ‘’Le dossier doit être en état et cela n’est possible que lorsque toutes les formalités sont respectées, notamment la réponse des parties dans un délai de deux mois et la signification qui doit être faite à toutes les parties.’’ La seconde condition, c’est l’instruction du dossier.

‘’Si la Cour suprême ne respecte pas…’’

Sur les deux recours qui doivent être examinés, la note des avocats renseigne que le premier est dirigé contre un arrêt du 18 août 2014 par lequel la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) s’est déclarée compétente pour juger Karim Wade, alors que celui-ci est passible devant la Haute Cour de Justice, au regard de son statut d’ancien ministre d'État’’. Quant au second, il est fondé, selon la défense, sur ‘’une centaine de violations de la loi’’ et des conventions internationales et est dirigé contre l'arrêt de la CREI du 23 mars 2015 condamnant Wade fils à six ans ferme.

Cependant, selon Me Ciré Clédor Ly, les juges se pencheront d’abord sur le déclinatoire de compétence de la CREI. ‘’Si la loi est appliquée, le droit dit, elle déclarera la CREI incompétente. En conséquence, la Cour suprême n’aura pas à connaître des recours formés contre l’arrêt sur le fond’’, a-t-il poursuivi. Toutefois, Me Ciré s’est empressé d’ajouter que la guerre sera loin d’être finie pour Karim Wade. La raison avancée, c’est que l’avocat craint que l’Etat ‘’cherche auprès de l’Assemblée nationale inféodée à l’Exécutif une résolution de mise en accusation’’. Quoi qu’il en soit, Me Sall espère que la Cour suprême ne brisera pas le ‘’mince filet d’espoir’’ qui l’habite. Sinon prévient Me Ly, ‘’Karim Wade qui dispose encore de recours devant des juridictions et institutions non encore engagées, les engagera en cas de besoin’’.

‘’Nous avons subi assez de raclées’’

Son confrère Me Sall espère qu’on n’en arrivera pas là car, selon lui, la Cour suprême n’a aucune alternative que de dire le droit, si elle veut rester dans les standards internationaux. ‘’Nous avons subi assez de raclées. Si la Cour suprême ne respecte pas les normes, nous allons retourner dans les juridictions internationales et ce serait une humiliation pour le Sénégal d’être sanctionné à nouveau, après l’avoir été avec l’avis du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires’’, a mis en garde l’ex-ministre de la Justice. 

FATOU SY

 

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