Publié le 22 Aug 2015 - 11:08
EN SEMAINE/ HERITAGE ARTISTIQUE DE DOUDOU NDIAYE ROSE

Le legs passé entre trois générations

 

Elles sont trois générations à avoir appris à battre le tam-tam dans la famille du défunt tambour-major. Le premier de l’arbre généalogique est Doudou Ndiaye Rose. Il a ensuite initié ses enfants qui à leur tour ont transmis le savoir à leur progéniture. Thiouna Ndiaye Rose, fils aîné de l’ancien tambour-major, raconte  comment ils ont tenté de léguer l’héritage artistique de leur patriarche d’une génération à une autre.

 

Doudou Ndiaye Coumba Rose est parti pour de bon. Mais son public peut retrouver un peu du plaisir qu’il lui procurait chez ses enfants et petits-fils. Il les a tous initiés à son art. Aujourd’hui chacun d’eux est en mesure de porter le flambeau de l’héritage, même s’il  est évident qu’ils ne pourront pas le faire avec la même habileté.

A en croire Thiouna Ndiaye fils aîné du défunt tambour-major, le legs a été bien géré au sein de la famille Ndiaye Rose. Le père a initié ses enfants qui à leur tour ont passé le savoir des rythmes à leurs enfants et femmes. C’est ainsi qu’aujourd’hui, informe-t-il, on est à la génération de ses petits enfants : les fils de Thiouna Ndiaye Rose et ceux de ses frères et sœurs. ‘’Tous les enfants de Doudou sont restés dix ans avec lui parfois plus parce qu’ils ont commencé à jouer très jeunes avec lui. Les petits enfants, c’est depuis les années 2000 qu’ils jouent. Le premier petit-fils à jouer est Ali Ndiaye Thiouna, mon premier fils et Aïda Diaw Ndiaye, ancienne membre des Rosettes aujourd’hui décédée, qui était mon épouse’’, explique-t-il. ‘’Il a beaucoup de petits enfants. Au tout début, c’est notre père qui nous a formés nous et les Rosettes mais on est tellement mûrs que c’est nous qui formons les jeunes maintenant. On joue tous ensemble, toujours. Le père est là devant, viennent les fils et les filles et puis les petits enfants. C’est facile d’être en harmonie car on se comprend. On est de la même famille. Il y a même des gens qui ne sont pas de la famille et qui viennent jouer avec nous et s’adaptent vite aussi’’, indique notre interlocuteur.

En outre, les petits enfants, une fois adultes, participent aux évènements et à l’enregistrement des CD. Même si avec l’aide de leur père ils ont formé leur propre groupe, baptisé les ‘’Roseaux’’. D’ailleurs avec eux, Doudou Ndiaye Rose a réalisé une grande tournée européenne au début des années 1990.

Cependant, ce n’est pas tout le monde qui tape le tam-tam. Même s’ils sont, eux aussi griots, les membres de cette 3e génération ne jouent pas fréquemment car ils sont tous à l’école, certains à l’université et d’autres à l’étranger. Tradition familiale oblige, ils savent néanmoins tous jouer sans qu’aucun n’ait choisi la musique comme sujet d’étude. ‘’Ils jouent avec ‘’Pape Doudou’’ souvent quand il y a un événement, mais sont plutôt tournés vers l’académique. C’est parce qu’il est important d’étudier. Il faut aller à l’école d’abord. C’est bien de jouer mais moi je suis allé à l’école parce qu’il le fallait’’, explique le fils aîné du désormais ex-maître du tambour. Encore que le patriarche de la famille Ndiaye est devenu accidentellement tambour-major. ‘’Doudou Ndiaye Rose a été le premier membre de sa famille à exercer le métier de percussionniste malgré le fait qu’il soit né dans une famille de griots. En effet, ses parents ne voulaient pas qu’il soit batteur, préférant pour lui la voie de l’école française’’, selon son fils aîné.

 L’appel du Sabaar fut plus fort et le ‘’mathématicien des rythmes’’ prit vite l’habitude d’aller assister aux rassemblements qui avaient lieu près de chez lui. Ce qui lui a valu plus d’une bastonnade de la main de son oncle. D’un autre côté, cela lui a aussi ouvert les portes du métier puisqu’un célèbre tambour-major de l’époque, El hadji Mada Seck, le remarque et fait de lui son pupille préféré, lui inculquant la technique nécessaire pour dompter ce rythme qu’il a toujours eu dans le sang.

Pourtant, il n’était pas un mauvais élève. Bien au contraire.  Mais Doudou Ndiaye Coumba Rose avait décidé que sa voie, celle par laquelle le monde connaîtrait un jour son nom, fût celle du tambour.

‘’A l’époque, le Sabar répondait à une forte demande sociale : on jouait du tam-tam lors de cérémonies de baptêmes, de rites de tatouage, de mariages, de circoncisions etc. Et il y avait donc beaucoup de griots. La force de Doudou Ndiaye Rose a été, de par son intelligence, de savoir réformer ce rythme, à partir des années 80, pour créer une musique écoutée par tous les publics. Une seconde innovation de sa part a été de munir d’instruments un groupe de jeunes filles et de les réunir au sein d’une formation baptisée « Rosettes »’’, renseigne son fils aîné.

 La première tournée de Doudou Ndiaye Rose et de ses ‘’Rosettes’’ a eu lieu en 1985 à Nancy. Et c’est à partir de là que la carrière internationale du percussionniste a explosé. En 1987, il a fait une tournée mondiale qui l’a amené en France, en Allemagne, au Japon et, entre autres, en Amérique. Son répertoire a été enregistré et mis sur CD que les gens achètent jusqu'à aujourd’hui, pour écouter ou pour s’en inspirer et apprendre le ‘’Sabar’’. Au chapitre des changements apportés dans le monde des percussions par Doudou Ndiaye Rose, l’on peut citer la création du ‘’ngorom badass’’ qui est une sorte de tambour hybride à l’aide duquel il dirige sa formation.

Toujours concernant son processus créatif, on nous apprend que le ‘’tambour-major’’ ne crée que lorsqu’il est entouré de tous ses batteurs. Il fait face à ses instruments et improvise une mélodie que ses batteurs répètent et assimilent, au fil des répétitions, jusqu’à ce que le nouveau morceau s’ancre dans les têtes.

Après la première génération de batteurs formés par le maestro, a suivi la deuxième avec la formation des petits-fils.  Mais, tous n’étaient pas des parents. Certains étaient des amis et d’autres, des voisins. Parmi les mémorables seconds tambours, qui se relayaient souvent, on peut citer feu Pape Balla Nar Mbengue, Mame Less Thioune, Pape Mbaye Macoumba et consorts.

PROFIL DE THIOUNA NDIAYE ROSE

Le digne fils de son père

Même si dans son dernier grand entretien écrit, Doudou Ndiaye Coumba Rose confiait que chacun de ses enfants était capable d’entretenir son legs, son fils aîné Thiouna Ndiaye Rose, âgé de 64 ans, n’en demeure pas moins le plus apte à le faire. D’un point de vu morphologique il est la copie conforme de feu son père. Aussi, en Afrique la tradition veut que ce soit l’aîné qui prenne la place du père quand ce dernier décède. Déjà qu’il s’est déjà inscrit dans la voie du pater depuis tout petit.

‘’Comme tout enfant’’, il dit avoir admiré son père et pensé, lorsqu’il était un jeune garçon, que le métier que ce dernier exerçait était le meilleur au monde. ‘’Quand j’étais petit, je voyais mon père battre le tambour et, dans ma tête, je me disais que c’était ce que je voulais faire même si j’allais à l’école. Et donc, cela me faisait plaisir de jouer, de l’écouter jouer ou simplement de l’accompagner quand il avait un événement’’, raconte-t-il. C’est ainsi qu’il a commencé à s’intéresser de plus près à ce que faisait son père alors qu’il n’avait que 7 ou 8 ans.

Selon lui, ce n’était pas dur de retenir ces successions de notes car il est ‘’né’’ dans la musique. Aimant ce que faisait son père au plus haut point, il a décidé, bien qu’étant toujours à l’école, de devenir lui aussi batteur. Avant que Doudou Ndiaye Rose n’ait à se produire à travers le monde, il n’y avait pas de répétitions à proprement parler : ‘’C’est quand ce dernier a eu à créer de nouveaux spectacles qu’il les a instaurées parce qu’il voulait être sûr de faire, en termes de création et de qualité,  quelque chose de différent de ce qui se faisait  alors sur les places publiques ou dans les quartiers’’, se rappelle t-il. Et lui Thiouna, a assisté à tout cela.

Il dit avoir été considéré comme professionnel à partir de l’âge de 15 ans car c’est à ce stade de sa ‘’formation’’ qu’il a commencé à avoir la capacité de ‘’suivre’’ son père en termes de qualité du rythme. Il n’était pas, néanmoins, son seul élève. Au sein du groupe se trouvaient ses frères, qui sont tous batteurs. ‘’Ils sont nombreux car mon père a beaucoup d’enfants.  Ceux qui me suivaient avaient entre 12 et 8 ans. Ils n’arrivaient pas à soulever le tam-tam tous seuls mais ils avaient le jeu dans les veines et pouvaient performer’’, témoigne-t-il. Bon sang ne saurait mentir.

BIGUE BOB ET SOPHIANE BENGELOUN

 

Section: 
RECHERCHÉ DEPUIS UN AN POUR TRAFIC INTERNATIONAL DE DROGUE Le rappeur AKBess interpellé et envoyé en prison
ITW - SATOU BAMBY (ARTISTE-MUSICIENNE) : "Je veux être dans les annales comme Youssou Ndour et Coumba Gawlo"
DIARRA SOW, DIRECTREUR GENERAL DE L’OFFICE DES LACS ET COURS D’EAU : Une spécialiste de la gestion intégrée des ressources en eau aux commandes de l'Olac
Le Festival de jazz de Saint-Louis accueille des artistes de renom
PORTRAIT DE PAPE ALÉ NIANG : Itinéraire d’un journaliste insoumis  
AICHA BA DIALLO, ACTRICE : Une étoile à l’écran
SORTIE DE L’ALMBUM ´´SSP’´ : Omzo Dollar entend corriger les jeunes rappeurs
NOUVEL ALBUM DE CARLOU D : Le ‘’Baye Fall’’ surfe sur les sommets
DEUXIÈME ALBUM DU PIONNIER DE L'URBAN GOSPEL : Scott s’ouvre à de nouvelles sonorités
COMPILATION ‘’DEFATI DARA’’ : Gaston regroupe vingt-neuf artistes
APRÈS UNE LONGUE ABSENCE : Dip revient avec ‘’LFLF’’
MAGGY MAMY, SLAMEUSE, AUTEURE DE LA TRILOGIE "ELLE.S'' : Un coup de maître
NOUVEL ALBUM : Adiouza met à exécution son ‘’Plan B’’
PREMIÈRE ÉDITION DE TRACE AWARDS : Le triomphe de Viviane Chidid
38e ANNIVERSAIRE DU DANDE LENOL : Baaba Maal invite les mélomanes au Grand Théâtre
MUSIQUE : Khady Pouye, artiste dans l’âme
SISTER LB (ARTISTE RAPPEUSE) : L’avocate des femmes
RENTRÉE 2023-2024 – ‘’GRAINE DU POUVOIR’’, ‘’ÉCHÉANCES’’, ''MARIAMA'', 'POLYGAME''... Des fictions pleines de rebondissements, d'émotions et de rires sur Sunu Yeuf
ENGAGEMENT ET DIPLOMATIE Baaba Maal au Sommet annuel des Nations Unies
OBSÈQUES DE JEAN-PAUL D’ALMEIDA : Fly high, Angel JP