Publié le 21 Sep 2023 - 08:59
ENTRETIEN - SOULEYMANE BARKA BA (PCA OLAC ET RESPONSABLE APR)

“À Matam, il y aura une reconfiguration politique”

 

Après l’officialisation de la candidature de BBY, Souleymane Barka Ba, responsable politique à Matam, par ailleurs Président du Conseil d’administration de l’Office des lacs et cours d’eau (Olac) valide le choix du président Macky Sall et annonce une nouvelle configuration politique dans la région de Matam au détriment du coordonnateur du Benno, le député-maire des Agnam, Farba Ngom. Il veut incarner ce nouveau leadership. Entretien.

 

Comment avez-vous accueilli le choix du président Macky Sall sur Amadou Ba ?

J’ai accueilli le choix du président Macky Sall comme tous les gens raisonnables l’ont accueilli. Vous savez que choisir c’est éliminer, donc tout choix implique quelque part une exclusion. Et vous avez noté tout le temps mis par le chef de l’État pour faire son choix. Cela montre que le choix n’était pas évident. Il faut que les gens soient cohérents avec eux-mêmes. Vous ne pouvez pas dire au président que vous lui laissez la liberté de choisir et, au finish, se révolter contre son choix. 

À moins que je me trompe, il n’y a qu’Aly Ngouille Ndiaye qui a été constant dans sa logique, en prônant une candidature plurielle. Mais toujours est-il qu’il a attendu que le président fasse son choix pour partir. Je pense que la logique aurait voulu qu’il parte plus tôt. Puisqu’il n’était pas d’accord, dès le départ, il aurait dû partir pour être en phase avec ses idéologies. Cela veut dire que si le choix était porté sur lui, il allait rester. C’est pareil avec tous les autres qui ont décidé de se tracer leur propre chemin au détriment du président de Benno Bokk Yaakaar. Il faut que les choses changent. On ne peut plus continuer à assimiler la politique à un jeu de ruse.

Quant à moi, en bon responsable respectant la discipline de parti, j’ai attendu patiemment le choix du président Macky Sall et maintenant qu’il est fait, je suis entièrement en phase. Naturellement, je soutiens Amadou Ba, le candidat officiel de Benno Bokk Yaakaar.

Quels sont les types de rapport que vous entretenez avec le candidat officiel de Benno ?

Je ne connais pas personnellement Amadou Ba. Je l’ai rencontré peut-être une fois et ce n’était pas dans un cadre politique. Maintenant, il ne faudrait pas qu’il se dise qu’il est l’heureux élu et commence à se mettre dans la peau d’un président. Avec ses nouvelles responsabilités, il doit jouer un rôle de fédérateur. Fort heureusement qu’Abdoulaye Daouda Diallo est toujours dans les rangs. Tous les deux, ils doivent faire, comme le président Macky, un choix de raison. C’est une nécessité pour eux d’aller vers une alliance de raison, parce que les gens disent qu’ils ne s’entendent pas et sont loin d’être les meilleurs amis du monde.

Ces différends ne doivent pas parasiter les intérêts du parti et de la coalition. Pour le bien de tous, ils doivent prendre de la hauteur. Je pense sincèrement qu’Amadou Ba fera le nécessaire pour avoir le soutien d’Abdoulaye Daouda Diallo parce que, quoi que l’on puisse dire, il possède une solide base politique. Je ne le connais pas, mais je suis originaire du nord du pays, dans la région de Matam, à côté de sa région Saint-Louis. J’ai pu constater son envergure politique dans cette partie, sans oublier que c’est quelqu’un qui a de très bons rapports avec les membres de l’opposition.

Donc, ce n’est pas quelqu’un à négliger. Alors, j’invite le candidat Amadou Ba à continuer le dialogue, à rester ouvert comme il l’a toujours été pour l’intérêt de la coalition.

Comprenez-vous la décision d’Aly Ngouille Ndiaye de claquer la porte et ne craignez-vous pas qu’il y ait d’autres départs ?

Je ne suis pas surpris par la décision d’Aly Ngouille Ndiaye, comme je l’ai rappelé plus tôt. Il a été constant dans sa démarche. Parce que, dès le départ, il avait clairement fait savoir qu’il était contre une candidature unique. Même si je pense aussi qu’il aurait dû quitter le navire plus tôt et que s’il avait été choisi, il ne serait jamais parti.

Maintenant, il est évident que le parti et la coalition ont perdu un grand responsable à ne pas négliger. Malheureusement, d’autres responsables vont se démarquer avec le choix porté sur Amadou Ba. C’est au Premier ministre maintenant de faire montre de son charisme, en ramenant d’autres pontes dans la coalition.

Avec une nouvelle personnalité pour conduire les destinées de la coalition BBY, ne pensez-vous pas qu’il y aura une nouvelle configuration politique dans la région de Matam, jusqu’ici dominée par Farba Ngom ?

À Matam, il y aura forcément une reconfiguration politique. Cela est d’autant plus évident que Farba Ngom avait toujours dit partout que si le président Macky Sall quittait le pouvoir, il en avait fini avec la politique. Je crois au respect de la parole donnée. Alors je me dis tout simplement que Farba va respecter sa parole et je pense que ce serait mieux pour lui. Il ne faut pas qu’il se laisse user par le pouvoir. Donc, il y aura forcément une nouvelle configuration politique dans la région de Matam. Et comme Farba va se retirer, cela devient une évidence et même s’il ne part pas, le changement est inéluctable.

Pensez-vous à une personne qui pourrait incarner ce nouveau leadership politique local ?

Moi-même. Je le dis avec toute la modestie requise, mais j’incarnerai ce leadership local. Tous ceux qui sont là ne peuvent pas prétendre être plus aptes que moi. Ils ne peuvent se prévaloir d’aucun critère ni par leur niveau d’études, encore moins de leur base politique. J’ai une solide base politique qui ne cesse de se déployer dans les départements de la région. Souleymane Jules Ba est une figure incontournable dans la région de Matam.

Propos recueillis par Djibril Ba

 

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