Un caporal sapeur-pompier reconnu coupable
Jugé hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, le caporal sapeur-pompier El M. Mbow échappe de justesse aux affres de l’incarcération. Exempté de peine, il a été reconnu coupable du délit d’escroquerie au préjudice de la société Urashop.SN qui évalue son préjudice à plus de 900 mille francs CFA.
Le caporal sapeur-pompier El H. M. Mbow a été appelé hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Né en 1999, il est accusé d’escroquerie portant sur 920 mille francs CFA et faux et usage de faux.
En activité à Grand Mbao, le jeune pompier, obnubilé par les biens matériels, assouvissait son désir grandissant d’acquérir de nouveaux équipements électroménagers en grugeant la société Urashop.SN. En service à la 13e compagnie d'incendie et de secours de Guédiawaye, il a été orienté à cette entreprise par un de ses collègues qui avait déjà bénéficié des services de l'équipe Urashop où il a commandé, après avoir satisfait aux conditions, un téléphone de marque Tecno Spark7, le 27 décembre 2021.
Convaincu de l'existence de certaines failles sécuritaires dans le mode de fonctionnement, El. M. Mbow s'est rendu successivement dans les mairies de Malika et de Guédiawaye à la recherche de pièces d'identité égarées et ramassées, puis déposées à ces endroits. Pour échapper à tout soupçon, il faisait croire à chaque fois qu'il est à la recherche de sa carte nationale d'identité perdue. Il profite ensuite de la distraction des agents de la mairie pour voler quatre pièces d'identité à l'Hôtel de ville de Guédiawaye et quatre autres à celui de Malika. Il prend le soin de choisir des pièces appartenant aux hommes dont la tranche d'âge est comprise entre 20 et 40 ans. Avec ces cartes d'identité volées, il est arrivé à confectionner huit cartes d'identité professionnelles, dont quatre de la police et quatre autres de la douane à partir d'un logiciel. Après avoir collecté une telle documentation, le pompier est passé à l'étape suivante qui a consisté en l'achat de huit puces du réseau de téléphonie Expresso à partir desquelles il appelait les membres de l'équipe Urashop pour passer huit commandes de téléphones dans la période du 30 décembre 2021 au 31 janvier 2022. Après la livraison de chaque téléphone, la puce utilisée est retirée et jetée à la poubelle. Ce qui l'exemptera de payer le reliquat.
C’est au mois d’avril 2022 que la société a constaté le non-respect des engagements concernant huit contrats de vente. Une vérification minutieuse effectuée sur les dossiers a permis de relever des vices particulièrement sur huit cartes professionnelles. À compter de cette date, la vigilance est de mise et tout document constituant le dossier de contrat de vente a fait l'objet d'une étude approfondie avant que le client ne reçoive sa livraison.
Dominé par son insatiabilité, El M. Mbow est reparti sur ces mêmes bases, le 18 août 2022 en voulant s'offrir un nouveau téléphone Samsung A23 (128+4) avec la carte d'identité du nommé Bada Diop qu'il a ramassée, dit-il, à Fass Delorme. Mais, cette fois-ci, il n'échappera pas à la vigilance de l'équipe d’Urashop. Un dispositif mis en place a permis de le démasquer à la caserne des sapeurs-pompiers de Guédiawaye, endroit fixé pour la livraison du matériel. Sachant que les carottes sont cuites, il abdique en se confiant à ses supérieurs qui le conseillent d’aller à la gendarmerie.
Dispensé de peine
Face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar hier, il a reconnu les faits. ‘’J'avais des moments où je vivais dans une situation précaire. J'ai eu du mal à supporter les prélèvements et les charges sur mon salaire. Après les études secondaires, j'ai fait une formation en informatique au lycée technique Delafosse. Quand les faits se sont produits, j’en ai parlé à mes supérieurs. Et c'est ces derniers qui m'ont orienté vers la gendarmerie’’, a-t-il expliqué. ‘’Vous faites des choses aussi débiles. Vous risquez votre carrière. Vous savez ce que vous risquez en agissant de la sorte ? Il faut se ressaisir ! D'accord ?’’, lui a asséné le juge.
La partie civile n’ayant pas déféré à la convocation, la parole a été donnée au substitut du procureur de la République qui a requis l’application de la loi.
À son tour, l’avocat du prévenu, Me Seyba Danfakha, a sollicité une application bienveillante de la loi pénale. ‘’Il y a une constance des faits. Ils ne souffrent d'aucune contestation. Il les a reconnus jusqu'à la barre du tribunal. Vous voyez qu'il n'est pas fier de ce qu'il a fait. Ce garçon est en âge de maturation. Il a déjà été sanctionné. Et quelle que soit l'issue de cette affaire, il va répondre devant sa hiérarchie. Faites-lui bénéficier d'une peine de sursis’’, a plaidé Me Danfakha.
Finalement, le tribunal, qui a reconnu le prévenu coupable, l’a toutefois dispensé de peine. Les intérêts civils du plaignant ont été réservés.
MAGUETTE NDAO