Et si MCL avait raison ?
On le dit incontrôlable, imprévisible, arrogant et tutti quanti. Cela ne peut empêcher de reconnaître à Moustapha Cissé Lô (MCL) une certaine vision dans le cadre des missions qu'ils croit devoir accomplir pour le parti présidentiel. Est-il légitime pour un responsable politique de viser la présidence de l'Assemblée nationale ? Il semble que oui. Moustapha Cissé Lô est-il un responsable politique reconnu ? Il semble que oui. Le poste de président de l'Assemblée nationale est-il un strapontin réservé à une catégorie de leaders politiques ? Il semble que non. Moustapha Cissé Lô est-il digne de porter cette fonction et en a-t-il le profil ? Ça se discute ! En rappelant juste au passage qu'en 2000, le «profil» d'Abdoulaye Wade avait été plébiscité par 58% des électeurs sénégalais contre la stature reconnue à Abdou Diouf.
Après la victoire de Macky Sall, Moustapha Cissé Lô est dans une stratégie évidente d'affirmation politique dans un espace où la loi des intérêts partisans et personnels est d'une dominance meurtrière. Militant politique, il cherche à s'ouvrir un boulevard d'ambitions pour asseoir une carrière dans l'appareil d'Etat. Est-ce un crime ? Il appartient à une majorité politique qui a pris le pouvoir après 12 ans de wadisme dont on sait ce qu'il a coûté au Sénégal. Doit-il laisser la voie à des alliés dont rien ne dit qu'ils seront encore avec Macky Sall au lendemain des législatives ?
Sous ce rapport, il ne semble pas y avoir de raison sérieuse de reprocher à Cissé Lô ses attaques contre le «monument» Moustapha Niasse. De ce dernier, on ignore encore les intentions à l'égard de la future Assemblée. Veut-il en être le président ? Y a-t-il accord politique entre lui, tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar, et le président de la République, leader de la majorité ? C'est peut-être ce mystère-là que Moustapha Cissé Lô voudrait percer faute d'avoir été mis au parfum de ce qui se trame au sommet de l'alliance.
Turbulent et truculent, excessif même souvent, MCL, en bataillant dès à présent contre le leader de l'Alliance des forces de progrès, rend quand même service à tous ceux qui souhaitent franchement que le renouvellement du personnel politique devienne plus une réalité, et moins qu'une incantation.
MOMAR DIENG