Le Repes liste les contraintes et dégage des perspectives
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Le Réseau des parlementaires pour la protection de l’environnement au Sénégal (Repes) a commandité une étude relative à l’évaluation des politiques publiques sur le changement climatique. Il ressort du rapport final que le changement climatique est une réalité au Sénégal et affecte tous les secteurs de notre économie.
Une réflexion sur l’évaluation des politiques publiques a été commanditée par le Réseau des parlementaires pour la protection de l’environnement au Sénégal (Repes). Et en collaboration avec le Laboratoire de recherche, d’études et de recherche en politique, droit de l’environnement et de la santé (Lerpdes) les députés ont procédé, hier, à la présentation de ce document qui sera soumis au gouvernement.
Boubacar Fall, qui a dirigé la présentation du rapport, a soutenu que ‘’le réchauffement climatique ainsi que les différents risques et catastrophes qu’il induit constituent une menace réelle sur les objectifs de développement du Sénégal, en ce sens qu’ils peuvent, de par leurs impacts, réduire la croissance et rendre plus difficile la lutte contre la pauvreté et l’atteinte de la sécurité alimentaire’’. M. Fall a eu à démontrer que la sècheresse de 1982 a affecté 1,2 million de personnes.
L’objectif principal de l’étude consiste à analyser et à évaluer l’état de mise en œuvre du cadre politique, juridique et institutionnel du changement climatique au Sénégal. Il rappelle ainsi que les tendances climatiques passées, relevées dans les différentes zones climatiques (Nord, Sud-Est, Sud-Ouest, Centre-Ouest) au Sénégal, montrent une diminution de la pluviométrie entre 1951 et 2010, et une augmentation des températures, surtout pour les températures minimales.
Le secteur agricole sénégalais fait face à de nombreux facteurs qui limitent son développement : agriculture essentiellement pluviale, base productive agricole dégradée (sols, semences, engrais et équipements) et manque de maîtrise de l’eau ainsi qu’un contexte international défavorable (baisse des prix des principales cultures de rente). La perspective d’un changement climatique risque donc, d’après lui, d’aggraver ‘’les performances médiocres de l’agriculture qui ne contribue qu’à hauteur de 13,7 % au Pib’’.
En effet, le déficit pluviométrique et l’augmentation de la température constituent des contraintes majeures supplémentaires qui pèsent sur le développement et la croissance du secteur agricole sénégalais pluvial pour l’essentiel. L’approche méthodologue de cette étude proposée est basée sur une démarche participative impliquant les acteurs concernés par la mise en œuvre des politiques publiques sur le changement climatique.
Raréfaction du poisson
Des indices montrent qu’il va continuer à avoir une diminution de la pluviométrie et une augmentation des températures. ’’S’il y a une légère modification de l’environnement marin, le poisson ne peut plus vivre. Il va aller chercher un environnement meilleur. Ce qui constitue une raréfaction dont une migration vers un environnement meilleur’’. Il note, par ailleurs, qu’il y a un début de migration des ‘’yaboyes’’ (sardinelles) vers la Méditerranée.
Par rapport aux engagements internationaux, le Sénégal a signé et ratifié la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (Ccnucc) et le Protocole de Kyoto, ainsi que l’Accord de Paris. De ce fait, le Sénégal a des obligations vis-à-vis de la convention qu’il doit respecter. Sur ce, M. Fall renseigne qu’au titre du respect de ses engagements vis-à-vis de la convention, le Sénégal participe régulièrement aux différentes conférences des parties ainsi qu’aux autres intersessions, dans le cadre des négociations sur le climat. Des rapports de référence sont également élaborés au niveau national pour rendre compte de sa situation, mais aussi des dispositions prises pour contribuer à la lutte globale contre les effets des changements climatiques. De façon spécifique, un cadre institutionnel de suivi des engagements pris en vertu de la Ccnucc, a été créé.
Concernant l’adaptation, plusieurs projets et programmes ont été développés et mis en œuvre, dans le cadre de la lutte contre les effets néfastes du changement climatique. Ces derniers ont ciblé différents secteurs clés de l’économie nationale.
Il indique donc que le Sénégal est conscient des menaces liées aux changements climatiques et est déterminé à respecter ses engagements vis-à-vis de la Ccnucc.
‘’Des faiblesses de capacités techniques et humaines sont observées’’
Il n’empêche, des faiblesses de capacités techniques et humaines ont été observées. Par exemple, ‘’le Plan Sénégal émergent constitue, à ce jour, le principal cadre de référence des politiques de la gouvernance visant à conduire le Sénégal sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035’’, rappelle Boubacar Fall. Aux dires de ce dernier, le Pse prend spécifiquement en compte l’aspect environnemental à travers ‘’la promotion d’une économie verte, la lutte contre la dégradation de ressources environnementales et l’appauvrissement de la biodiversité, la valorisation des ressources naturelles et de la biodiversité, le renforcement des capacités institutionnelles et techniques, l’amélioration de la base de connaissance de l’environnement, mais aussi la mobilisation des financements pour les emplois verts.
Toutefois, annonce M. Fall, le Pse connait certaines limites quant à la prise en compte du changement climatique. ‘’Le changement climatique, ce n’est pas de la théorie. On ne peut pas faire l’adaptation sans des données’’, dit-il. Un effort doit être fait, à son avis, dans ce sens. Aussi, il dénote le cloisonnement institutionnel et le manque de coordination dans l’élaboration des réponses. ‘’La grosse difficulté est que les impacts ne sont jamais produits de manière isolée, les réponses sur le terrain ne suivent pas la logique’’.
En effet, l’élaboration des stratégies d'adaptation au changement climatique ne peut être toujours abordée de manière très précise, à cause d'un manque de données, de modélisation et/ou d'études pointues sur les impacts actuels ou attendus qui peuvent accroitre considérablement les incertitudes liées aux changements climatiques et aux phénomènes extrêmes. Ainsi que les barrières financières. ‘’Dans l’allocation des ressources, peu de moyens sont investis’’, reconnait-il. Il faudra donc, selon lui, mettre les ressources qu’il faut. D’où les recommandations formulées à l’intention du gouvernement, du Parlement et du Repes.
En définitive, il ressort du rapport que le changement climatique est une réalité au Sénégal et affecte tous les secteurs de notre économie. Ainsi, des réponses ont été apportées, même si elles sont sectorielles.
AIDA DIENE