Le diagnostic et les remèdes d’Awa Marie Coll Seck

La cinquième édition du Forum Galien Afrique s'est ouverte, hier, à Dakar. Cette plateforme d’échanges scientifiques sur les priorités sanitaires de l'Afrique réunit des experts en santé, en environnement, en finance, en biotechnologie... Présente à cette édition, Awa Marie Coll Seck est revenue sur les problèmes qui gangrènent les systèmes sanitaires de notre continent et s’est prononcée sur les réflexions à mener afin de trouver des solutions à ces difficultés.
La capitale sénégalaise abrite, actuellement, le Forum Galien Afrique. Pour la cinquième fois consécutive, cette rencontre consacrée aux priorités sanitaires du continent africain se tient à Dakar. Le thème de cette année se rapporte à l'accès universel à la santé : ''Accélérer la marche de l’Afrique vers la couverture sanitaire universelle''. Parmi les nombreuses personnalités mondiales qui y prennent part, il y a Awa Marie Coll Seck. La ministre d'État juge pertinent et intéressant le choix du thème. "La couverture sanitaire mondiale est très importante. Elle permet aux populations d'être résilientes face à des épidémies ou à des pandémies. Il est donc très important de réfléchir avec les jeunes, les femmes, les scientifiques, les politiques…pour qu'on puisse apporter notre contribution à ce qui se fait en Afrique''.
Elle poursuit : "Nous essayons de trouver des thématiques et de tout faire pour qu'il y ait une discussion franche pour que l'on puisse proposer des recommandations qui vont aider à certaines réformes, notamment dans les politiques ou dans les stratégies. C'est pour ça que le thème est d'actualité''.
''Ceux qui n'ont pas les moyens ont des difficultés pour se soigner''
Dans beaucoup de pays africains, le système de santé rencontre un certain nombre de problèmes qui freinent son fonctionnement. Ce, à plusieurs niveaux. Face à ce constat, Mme Seck regrette le manque de protection financière pour certains. ''Il y a des personnes qui, pour se soigner, paient de leur poche. Ce qui appauvrit d'ailleurs la population. Il faut réfléchir à trouver des solutions à ce problème'', dit-elle.
Une autre situation problématique est aussi soulevée au niveau des systèmes de santé du continent. C'est le cas de la qualité des soins. Autrement, l'absence de matériel et de plateaux médicaux adéquats. À ce propos, Awa Marie Coll Seck, par ailleurs présidente de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), soutient : "Pour qu'on parle de couverture sanitaire universelle, il faut qu'il y ait des structures qui puissent accueillir les malades. Des équipements pour que les gens puissent faire des radios, des examens biologiques…''
En plus de la qualité des soins, le problème de l'équité est aussi un souci pour les structures sanitaires. C'est-à-dire que la couche vulnérable qui vit dans la pauvreté connaît toutes les difficultés pour recevoir des soins. Sur cette question, Mme Seck est convaincue que les discussions peuvent régler l'affaire. ''Ceux qui ont les moyens peuvent se traiter et ceux qui n'en ont pas ont des difficultés. Donc, les discussions permettront de trouver des solutions, mais des solutions africaines. Chaque continent, chaque civilisation a ses propres réalités. Mais nous, en Afrique, on sait qu'on a un système de santé faible, d'assurance maladie qui existe très peu, à part les mutuelles de santé qui ne sont que des soins de base’’.
À ces problèmes décriés par la ministre d'État, s'ajoutent ceux liés au maintien et à la maintenance. C'est ce que l'ancienne ministre de la Santé explique ici : "On achète des appareils, mais, ils ne durent pas longtemps, parce que, la maintenance pose problème. La chaleur et la poussière dans nos pays constituent aussi un véritable souci pour le maintien du matériel''.
Autonomie de l'Afrique dans la création de médicaments et de vaccins.
La COVID-19 a servi de leçon aux organisateurs du forum. En effet, cette crise sanitaire mondiale a vu certains pays du monde fabriquer des vaccins. L'Afrique s'est aussi lancée dans cet objectif pour faire autant et garder son autonomie en matière de médicaments. Ainsi, dans le programme de ce forum, il y a la production locale de médicaments et de vaccins. D'ailleurs, l'Institut Pasteur est sur cette voie, si on en croit Awa Marie Coll Seck. ''Il faut que l'Afrique compte sur ses propres forces. Comme le fait l'Institut Pasteur. Il y a toutes les compétences, que ce soit localement comme dans la diaspora où des compatriotes travaillent dans les plus grandes entreprises pharmaceutiques'', fait-elle savoir.
Depuis des années, un pays comme le Sénégal investit des milliards dans le secteur de la Santé. C’est la voie à suivre selon elle : "L'argent est en train d'être mis dans ce secteur malgré les nombreuses difficultés. En 2012, par exemple, il y avait 120 milliards de francs CFA de budget. Et aujourd'hui, c'est presque 200 milliards''.
EL HADJI FODÉ SARR