Nicolas Sarkozy tire sa révérence en silence
Pour son dernier jour à l'Élysée, le président de la République n'a fait aucune apparition publique. Son agenda est resté vide.
Ceux qui espéraient un dernier "adieu" en bonne et due forme en ont été pour leurs frais. À la veille de passer le témoin au vainqueur,François Hollande, Nicolas Sarkozy a passé lundi la dernière journée de son quinquennat à l'Élysée dans la plus totale discrétion. À la date du lundi 14 mai, l'agenda du président sortant est resté vide. Pas d'ultime sortie publique, pas de prise de parole, pas même un rendez-vous officiel. Rien. Selon son entourage, Nicolas Sarkozy a passé la journée à son bureau pour "préparer la cérémonie de passation de pouvoir".
Si Valéry Giscard d'Estaing avait tenu, en 1981, à prendre congé de façon théâtrale en lançant aux Français son désormais fameux "au revoir" télévisé, le chef de l'État a préféré la discrétion. Ses propos du 6 mai, au soir de sa défaite, resteront donc sa dernière déclaration de chef de l'État, et la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai au pied de l'Arc de Triomphe, aux côtés de son rival François Hollande, son ultime apparition officielle. Après des semaines d'une campagne électorale souvent violente, où Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé son adversaire, ses deux prestations au ton très républicain ont été unanimement saluées. À commencer par ses adversaires.
"M. Sarkozy a cherché à apaiser la transition, de faire en sorte que la bataille permanente, l'agitation dans laquelle il a plongé le pays, cesse", s'est réjoui le député socialiste Arnaud Montebourg. "Il a fait une campagne dure, mais il a choisi de faire une sortie digne", a renchéri le directeur de campagne de M. Hollande, Pierre Moscovici. Nicolas Sarkozy a concédé pendant sa campagne avoir raté son début de mandat, ne pas avoir compris "la dimension symbolique du rôle du président". Pour l'histoire, il a donc décidé de soigner sa sortie.
Longues vacances
Devant ses ministres, son équipe de campagne ou son état-major élyséen, il a redit ces derniers jours son état d'esprit et ses consignes avant de quitter le devant de la scène. "Déçu" mais "sans amertume", il a adressé ses voeux de réussite à ses successeurs, "pour la France". Tout à son image de rassembleur, "l'omniprésident", dont le rôle de chef de parti a été régulièrement critiqué par la gauche, s'est même abstenu lundi d'apparaître à une réception organisée à l'Élysée en l'honneur du personnel de l'UMP. C'est son directeur de campagne, Guillaume Lambert, qui les a remerciés, en présence du secrétaire général du parti, Jean-François Copé. Ceux de ses collaborateurs qui l'ont vu depuis le 6 mai disent Nicolas Sarkozy "fatigué" mais "apaisé" et "serein". De ses rares confidences, tous ont compris qu'il prendrait rapidement de "longues vacances".
Quant à son avenir, les spéculations vont bon train. La plupart de ses proches pronostiquent qu'il reprendra son activité d'avocat et s'installera au Conseil constitutionnel, dont il deviendra mardi membre de droit. "C'est cohérent avec l'idée qu'il va se retirer de la vie politique", dit l'un. "Pour quelle raison y renoncerait-il ?" argue un autre. Aux membres de son cabinet, Nicolas Sarkozy a indiqué vendredi qu'il s'installerait dès "le mois de juin" dans les bureaux que la République offre à chacun de ses anciens présidents, rue de Miromesnil, non loin de l'Élysée. "Il nous a demandé de venir le voir tous les mois", rapporte l'un de ses bientôt ex-collaborateurs, qui envisagent de se constituer en association. De quoi entretenir l'espoir de tous ceux qui refusent de croire que Nicolas Sarkozy a renoncé à faire de la politique. "Il ne faut jamais dire jamais", a-t-il lancé vendredi, sibyllin, à son équipe élyséenne.