Difficile de manger une fois par jour à Conakry
Depuis un certain temps, manger deux voir trois fois par jour à Conakry la capitale guinéenne et à l’intérieur du pays, est devenu un véritable casse-tête pour la population. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un petit tour dans les différents ménages guinéens. Justement pour mieux cerner ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur à Conakry la rédaction de koaci.com à Conakry est allé à la rencontre de certaines familles à Conakry pour prendre langue avec les chefs de familles qui trouvent à peine quoi se mettre sous la dent en ce moment où le Guinéen moyen tire le diable par la queue. Comme c’est le cas de la famille Camara forte de dix personnes. Cette famille réside à Kaloum en plein cœur de Conakry, le centre des affaires. Le père de famille M. Camara Yamoussa se confie en ces termes : « Ici nous préparons une fois par jour et tout le monde mange dans l’après-midi et pour le soir chacun se débrouille à sa façon. Et, il arrive des moments où nous ne préparons pas du tout car, moi en tant que père de famille et fonctionnaire de l’Etat guinéen je ne trouve plus de quoi donner pour la dépense journalière ». Alors et votre salaire à la fin du mois ? Nous lui demandâmes. Sans trop réfléchir M. Camara nous répond : « Vous êtes à Conakry, vous le savez mieux que moi le salaire des fonctionnaires guinéens est insuffisant et les prix des denrées de grande consommation sont trop élevés. Avant l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, il y avait au moins de l’argent maintenant, l’argent se fait de plus en plus rare et la vie devient de plus en plus difficile », déplore t-il avant de lancer cet appel au président Alpha Condé : « Je demande au Président Alpha Condé de réaliser sa promesse de campagne car, il nous avait promis de vendre le riz à 50 000 GNF ».
De Kaloum, nous nous sommes rendus dans une Université privée de la place située en haute banlieue de Conakry. Nous arrivons à une heure de pause des étudiants, la première image qui s’offre à nous, c’est une bonne dame vendeuse de tô (plat de manioc sous forme de pate accompagné d’une sauce de gombo NDLR) entourée par de nombreux étudiants et étudiantes. Après avoir observé un instant l’ambiance, nous nous sommes approchés d’un groupe d’étudiants entrain de consommer sans modération leur tô. Gênés par notre présence en tant que journalistes, un d’entre eux ironise pour masquer le gêne : « Venez manger monsieur et madame les journalistes, c’est la période de la galère raison pour laquelle nous remplissons nos ventres. C’est le pouvoir d’Alpha Condé on ne mange pas on remplit les ventres. Avec deux plats de tô nous pouvons nous régaler (huit gaillards NDLR) sans beaucoup dépenser. Chacun donne 1000 GNF avec cette cotisation on peut avoir entre 5000 et 6000 GNF parce qu’il ya des amis qui ne donnent pas ils n’ont rien, même pas le transport retour alors, nous les invitons », explique t-il très gêné. Non loin de là d’autres étudiantes se chamaillent à cause d’un plat de mangues accompagné de morceaux de pains, excusez de peu ! Surprises de constater que cela se passait devant des journalistes, les étudiantes n’ont pas voulu s’exprimer. La seule qui a pu dire mot nous lance ceci : « En tout cas vous n’ignorez pas la galère de tout Guinéen d’aujourd’hui et c’est la période des mangues, on fait avec, pauvreté nous oblige ».
Selon de nombreux observateurs, la crise d’austérité que traverse la Guinée est encouragée par le fameux programme d’atteinte du point d’achèvement de l’initiative des Pays Pauvres très endettés (PPTE) du gouvernement guinéen avec le Fonds monétaire international (FMI). Mais est ce le seul problème ? L’avenir nous édifiera. Pour l’instant vivre à Conakry c’est ça aussi.