Publié le 16 Aug 2017 - 13:05
IBRAHIMA NDOYE (RESPONSABLE APR A DIENDER)

‘’Comment Idy a perdu le département de Thiès’’

 

Conseiller spécial du chef de l’Etat, responsable politique de l’Alliance pour la République à Diender, Ibrahima Ndoye revient, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, sur les législatives du 30 juillet dernier. Une occasion pour lui d’expliquer la défaite  d’Idrissa Seck dans le département de Thiès.

 

 Le Conseil constitutionnel  a validé  la victoire de la coalition Benno Bokk Yaakaar  aux législatives du 30 juillet dernier. Vos opposants, notamment Me  Wade et la coalition Mankoo Taxawu Senegaal,  contestent ces résultats. Que répondez-vous ?

C'est de bonne guerre. Dans l'histoire politique récente du Sénégal, je ne me souviens pas d'élections qui ne fassent pas l'objet de contestations de la part des perdants. Nous cherchons toujours des justificatifs à nos manquements. Au-delà du champ politique, cela relève même de la nature humaine. Mais le plus important, ça n'a jamais compromis de manière irréversible l'évolution ascendante de notre démocratie vers les cimes de la perfection-standard. Nous avons toujours su puiser dans nos valeurs culturelles les secrets pour dépassionner les débats et nous retrouver autour de l'essentiel : l'avenir de notre chère patrie. 

Beaucoup de couacs ont été notés durant ce scrutin. Est-ce que cela ne peut pas entacher la crédibilité et la fiabilité même de ces législatives ?

Des couacs, il y en a eus ! Personne ne peut le contester. Mais je ne pense pas que les partis de l'opposition en ont le plus souffert. Honnêtement, nous étions à jeu égal. Monsieur le Président de la République a raison de dire que couac ne signifie pas forcément échec. Sur l'ensemble des opérations de vote, le scrutin ne souffre d'aucun manque de crédibilité. La victoire de Benno Bokk Yaakaar est largement méritée.

Qu’est-ce qui a été déterminant dans le combat au niveau local, c’est-à-dire dans le département de Thiès ?

 Cette victoire de Bby dans le département de Thiès est le fruit du travail que nous avons effectué depuis les élections locales de juin 2014, pour faire face aux besoins des populations. Pourtant, Dieu sait que beaucoup de personnes au sein de notre parti l’Apr et dans l’entourage du chef de l’Etat n’avaient pas cru en notre moindre chance de victoire. Dans la zone de Diender, nous avions en face de nous un candidat maire  et député sortant, en l’occurrence le syndicaliste Alassane Ndoye.  En 2014, lors de la campagne, j'avais dit partout où je passais que la mairie est juste un instrument de travail pour moi et non une fin en soi. Une sorte d'ascenseur pour accélérer le processus de développement de Diender.

Et que si je ne serais pas élu, je prendrais les escaliers tout de même et je ferais plus que le maire en faveur des populations. Le maire est un farouche opposant au régime du président Macky Sall dont je suis le conseiller. Avec le soutien du chef de l'Etat, j'ai pu assurer, aujourd'hui, l'électrification totale de tous les villages qui composent la commune. Tous les forages en panne, des décennies durant, ont été réparés et d'autres sont en train d'être faits ou équipés. La route qui part de l'autoroute à Mboro est totalement refaite aujourd'hui, et elle traverse tout le Diender. Tous les lieux de culte établis dans la commune, une trentaine, sont en chantier grâce au chef de l'Etat. Sur le plan agricole aussi, les paysans ont senti une nette amélioration de leurs gains depuis quatre ans. Voilà autant de raisons qui justifient le choix de Diender en faveur de Bby. Entre autres, évidemment...

Mais qu’est-ce qui a le plus favorisé votre victoire sur Idrissa Seck dans le département ?

 La vérité, c’est que le monde rural adhère totalement à la politique du président Macky Sall ! A tous les niveaux de la vie sociale et économique du pays, on peut constater les innombrables réalisations dans les communes du département de Thiès ces dernières années. Je pense même que le score sera meilleur à la présidentielle de 2019. Nous l'avons devancé de près de 30 000 voix, je trouve que c'est peu. Monsieur Idrissa Seck conduisait la coalition Manko Taxawu Senegaal dans le département. Il n'est pas le seul à être battu. Khalifa Sall, Malick Gakou, Cheikh Bamba Dièye, Mansour Sy Jamil et tant d'autres leaders partagent également cette défaite historique. A Diender, ils n'ont obtenu que 476 voix ! C'est le plus faible score qu'ils ont eu dans tout le département. Pour nous, dans cette contrée, les choses sont sans équivoque : l'avenir de Diender se conjugue au présent avec le président Macky Sall, comme j'ai l'habitude de le dire ! Ma présence à ses côtés comme conseiller est une marque de considération immense pour les Diendérois. Quand ma mère est décédée, le chef de l'Etat s'est déplacé jusque chez moi à Thor-Diender pour partager avec les populations la douleur. Ce geste hautement symbolique a raffermi davantage les liens déjà très forts entre lui et les concitoyens de mon fief natal.

La mouvance présidentielle est sortie victorieuse de ces législatives avec 125 députés dont la plupart sont de l’Apr. Pourtant, votre parti continu de souffrir d’une absence de structuration et de discipline interne. Ne pensez-vous pas qu’après l’étape des législatives, le président Sall devrait s’atteler à organiser sa formation politique pour mieux affronter la présidentielle de 2019 ?

J'ai toujours pensé qu'il était absolument nécessaire de procéder ainsi. Et je ne suis pas le seul d'ailleurs dans le parti, mais à l'épreuve des faits, je ne crois pas, finalement, que ces manquements constituent un frein à sa massification. Seul le résultat final détermine, en réalité, la pertinence d'une stratégie. Depuis l'opposition, nous avons toujours fonctionné ainsi et nous avons gagné toutes les élections. Peut-être que je suis un nain politique, mais je crois qu'on ne change pas un cheval qui gagne. Maintenant, il nous faut plus de solidarité dans l'accomplissement des missions à nous dévolues par Monsieur le Président de la République. C'est là que le bât blesse. Nous étions plus solidaires et soudés dans l'opposition. Par ailleurs, je suis de ceux qui pensent qu'il faudra réorienter les priorités en termes d'investissements publics en faveur des populations rurales pour attirer davantage les masses populaires, comme disent les communistes. A travers les programmes de l'électrification rurale, des forages, des pistes de production et de financement des femmes, le président Macky Sall peut bénéficier d'une adhésion encore plus massive des populations. C'est ma conviction.

Le président Abdoulaye Wade et ses alliés ont pris la décision de ne plus participer à aucune élection organisée par le président Macky Sall. Quelle appréciation faites-vous de cette déclaration ?

Je pense que ce sont les séquelles de la douloureuse défaite qui se manifestent encore dans les esprits des perdants. Je ne crois pas qu'ils le pensent réellement. Le Pds et ses alliés n'avaient pas obtenu 19 députés en 2012, lors de la précédente législature. Aujourd'hui, un pas important a été franchi, je ne vois pas pourquoi les responsables de ce parti historique refuseraient de compétir en 2019 parce que, tout simplement, Me Abdoulaye Wade l'aurait voulu ainsi. L'histoire politique du Pds est si riche en anecdotes et enseignements qu'il m'est difficile de croire qu'une telle option radicale puisse encore prospérer. Le Pds aura un candidat à la prochaine présidentielle. Je n'en doute point !

Comment appréciez-vous la démarche de l’ancien président de la République ?

Qu'importe ce qu'on puisse penser de lui, on ne lui contestera jamais l'immensité de ses capacités politiques. C'est une lapalissade de dire que Me Wade est un grand homme politique. Les résultats du Pds, lors des législatives que nous venons de vivre, prouvent encore une fois qu'il sait manœuvrer à succès. Tout le monde s'accorde à dire, aujourd'hui, que s'il n'y avait pas participé, sa formation politique connaitrait la pire des humiliations. En bon père de famille, il a sauvé l'honneur de ses enfants. On ne peut pas lui reprocher cela. C'est la politique qui alimente les veines de Me Wade. Pendant la campagne, j'ai dû arrêter la caravane de notre coalition Benno Bokk Yaakaar sur la route de Cayar. Nous sommes tous sortis des véhicules pour l'applaudir et lui témoigner de notre respect profond. J'ai pensé à mon défunt père Serigne Ndoye qui l'avait accueilli ainsi en 1976 à Diender avec les vieux Daour Kandji, Baba Ka, Baba Diop, Aliou Wade, etc. Quarante ans après, ça vous donne la chair de poule ! Il y a eu beaucoup de monde sur la route, mais à la lecture des résultats obtenus à Diender, on peut dire que c'est par simple curiosité que les populations étaient sorties. C'était émouvant quand même et d'une certaine manière, cela a donné plus de saveur à la campagne électorale.

Est-ce que, selon vous, le boycott est une solution ?

Le boycott n'a jamais été une bonne solution dans une compétion électorale au Sénégal. En 1990, Wade l'avait expérimenté lors des locales et cela a coûté très cher à son parti. Lors des législatives de 2007, l'opposition regroupée autour du Parti socialiste et l'Afp de Moustapha Niasse principalement avait boycotté. Pendant cinq années, elle n'a point bénéficié d'une tribune politique aussi importante que l'Assemblée nationale. Les conséquences politiques ont été importantes en 2012 au détriment de ces partis et acteurs politiques pourtant de premier plan sur l'échiquier national. En 2012, les deux premiers arrivés, à l'issue du 1er tour, étaient Abdoulaye Wade et Macky Sall qui venait de quitter fraichement le Pds pour créer l'Alliance pour la République. L'opposition regorge de jeunes leaders, de cadres politiques et technocrates à la carrière prometteuse. Je ne vois pas pourquoi ces opposants arrimeraient leurs ambitions sur l'agenda politique de Me Wade. Attention, un Wade peut toujours en cacher un autre...

Des élections tenues au Sénégal sans l’opposition, un tel état de figure ne risque-t-il pas de porter un coup dur à la démocratie sénégalaise ?

Ce n'est pas prévisible ! Même ceux qui agitent cette idée n'y croient pas. Le taux de participation apparemment élevé et respectable aux législatives doit faire l'objet d'une analyse très profonde de la part des acteurs politiques. C'est un signe de vitalité démocratique. Nous devons faire très attention. Aucun leader ne peut se payer certains luxes sans en subir les coups souvent lourds de conséquences politiques. Les consciences populaires et citoyennes ont atteint un niveau de maturité politique assez élevé pour comprendre les enjeux de toute compétition électorale. Et, de plus en plus, les destins individuels, pour ne pas dire individualistes, pèsent peu et déterminent de moins en moins le choix de l'électeur. Le Sénégal a retrouvé ses habits de lumière depuis avril 2012, avec les actes majeurs posés par le président Macky Sall pour ramener la sérénité dans le jeu politique, à travers des réformes utiles. Et les populations ont été conséquentes et logiques dans leur démarche en lui renouvelant de manière successive leur confiance. Nous avons tous intérêt, pouvoir comme opposition, à avoir une lecture plus fine et plus intelligente du comportement de l'électeur. Il y a des stratégies qui ne peuvent plus prospérer !

Amy Collé Dieng et Penda Ba, deux femmes qui se sont distinguées par des insultes à travers les réseaux sociaux et messageries, ont été interpellées et écrouées avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Quelle appréciation vous faites de cela ?

Tant mieux pour elles et leur famille si elles ont pu bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Mais j’ose espérer  que des comportements du genre ne vont pas être encouragés. C'est très inquiétant ! Parfois, il m'arrive de penser que notre société marche sur la tête. Il y a de ces choses qui ne trouvent jamais une explication raisonnable. On a beau se triturer les méninges, on n'arrive jamais à les comprendre. Ça dépasse le seuil critique et l'entendement humain.

Maintenant, on peut tout se permettre dans ce pays. Qu'importe ce que cela puisse coûter à l'auteur ! On ne se donne plus des limites et c'est cela que je trouve inquiétant et dangereux pour l'équilibre de la société. Parfois, on a même le sentiment que certaines têtes bien pensantes n'ont aucun scrupule à justifier les dérives et à trouver aux auteurs des circonstances atténuantes. Heureusement que les services de l'Etat sont encore là, debout, pour garantir la paix sociale et donner un sens à la République. Je suis pour des sanctions exemplaires et suffisamment dissuasives. Nous devons tous refuser d'adouber ces trublions de type nouveau qui cherchent à secouer la République bâtie sur les fondements culturels de notre société. Au nom de l'intérêt commun, il y a des normes qu'on ne doit pas dérégler impunément.   

Par Assane MBAYE

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