Des déficients visuels en ''chômage technique''
Depuis la crise de la Covid-19, certains secteurs de l’économie sénégalaise sont au ralenti ou à l’arrêt. Les déficients visuels ne sont pas épargnés. Leur activité professionnelle en souffre.
Lieux quasi-vides, machines à l’arrêt et des travailleurs qui se tournent les pouces… Telle est l’atmosphère qui règne à la Coopérative des aveugles artisans diplômés sise à Thiaroye. Le surveillant des lieux, Ousmane Ndiaye, nous explique que ‘’les activités sont à l’arrêt, pour le moment, et qu’elles reprendront certainement d’ici le mois de mars prochain’’. Il ajoute également que ‘’les travailleurs sont absents parce qu’il n’y a pas d’activité. Et certains ont décidé de rentrer dans leurs régions respectives à cause de cela’’.
Le responsable en charge de cette coopérative, Saliou Seck, était hors de Dakar, à notre passage. Joint par téléphone, il confirme ce qu’a dit M. Ndiaye. ‘’C’est à cause de la crise sanitaire que nous avons dû arrêter nos activités. Du moins pour le moment’’, déclare-t-il. ‘’Nous avons tenté une reprise, il y a trois mois. Nous avions une commande de 1 000 balais de l’Unité de coopération de la gestion des déchets solides (UCG). Cette commande a été fournie depuis le mois dernier. Mais on n’a pas mal de difficultés», déclare-t-il.
Selon les explications de Saliou Seck, la société artisanale Alioune Ngom, qui est spécialisée dans la brosserie et le tissage, dépend fortement des matières premières importées d’Europe. Et depuis la survenue de la Covid-19, cette coopérative des aveugles artisans diplômés n’arrive plus à répondre à la demande des clients, mais également à faire face à la concurrence des grandes entreprises qui offrent les mêmes services. ‘’C’est vrai que la Covid-19 a fait cesser par mal d’activités. Mais actuellement on a un problème de matière première. Celles que nous utilisons sont importées. Pour l’atelier de brosserie, qui a en charge la fabrication de brosses, de balais, etc., et le tissage, il ne fabrique pour le moment que des serpillières. Ces matières premières que nous utilisons viennent essentiellement des pays comme la France, l’Italie, etc., ou des pays du Golfe», informe-t-il. Avec la Covid-19, nombreuses sont les restrictions prises par les pays, dans le cadre des voyages.
De plus, ‘’on avait arrêté nos activités à cause de l’écoulement de nos produits. Nous avions un problème d’écoulement. Actuellement, avec la concurrence, on ne parvenait pas à écouler des produits. C’est à cause de ça qu’on a arrêté’’.
La trentaine de travailleurs que compte cette coopérative est en chômage technique, depuis les mesures prisent par le chef de l’Etat pour lutter contre le coronavirus. ‘’En ce moment, le personnel est en chômage technique. Dès que nous avons une commande, on fait appel aux travailleurs’’.
Il n’oublie pas de louer l’initiative du ministère de l’Emploi à leur encontre, depuis cette pandémie qui a grippé leurs activités. ‘’Nous avons eu récemment le soutien du ministère de l’Emploi, par le billet de la Direction de l’emploi. Modou Fall nous a rendu visite, en nous appuyant avec une enveloppe de 2 000 000 F CFA pour régler certains manquements dans l’usine, comme la réparation de quelques machines, mais également pour faire un peu de nettoyage, vu l’état des bâtiments’’.
Saliou Seck termine en lançant un appel aux plus hautes autorités du pays. ‘’Je voudrais lancer un appel aux autorités du Sénégal pour qu’elles nous viennent en aide. Particulièrement à l’endroit du président de la République Macky Sall. Parce que tout récemment, lors d’un Conseil des ministres, le président a donné des instructions pour qu’on appuie les aveugles’’.
‘’Nous ne voulons pas tendre la main. Nous voulons préserver notre dignité’’, conclut-il.
GRACE LECKABA (stagiaire)