Publié le 31 Mar 2025 - 01:54
INCIDENTS SÉNÉGAL / TOGO

Une mi-temps de chaos pour les supporters !

 

Les Lions ont rempli leur mission face aux Éperviers du Togo en s’imposant sur le terrain. Cependant, les Forces de Sécurité ont failli à la leur en s’opposant aux supporters durant la première période du match.

 

Le Sénégal s’est imposé ce mardi 25 mars contre le Togo au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, sur le score de 2 buts à 0, grâce à un but de Pape Matar Sarr et un but contre son camp du défenseur togolais Kévin Boma. Cette victoire lors de cette sixième journée des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 permet aux Lions de s’adjuger la deuxième place du groupe B.

Cependant, ce succès n’a pas été vécu de la même manière par tous les Sénégalais. Ce match, qui devait être un moment de retrouvailles entre les hommes de Pape Thiaw et leur public après près de quatre mois, a été un cauchemar pour de nombreux supporters. Entre les gaz lacrymogènes et les bousculades, la devanture du Stade Abdoulaye Wade a été le théâtre d'incidents regrettables.

Une incompréhension totale

L’hymne national du Sénégal vient d'être conclu aux alentours de 20h55. Les applaudissements et chants du public dans les gradins se font entendre jusqu’aux abords de l’édifice. Le match va démarrer d’un moment à l’autre. Mais les travées du stade sont déjà surpeuplées. Entre les vendeurs et ceux qui viennent suivre le match, le trafic devient difficile. En s’approchant de la première porte, une file attire le regard. Plus on s’avance, plus on se rend compte de sa longueur. Un homme élancé, vêtu d’un boubou gris, interpelle et demande : “Grand, par quelle porte passent ceux qui ont le ticket jaune B et F ?” Avant même qu’on ne puisse répondre, un autre jeune homme juste derrière lui réplique : “Ici, c’est pour ceux qui ont les tickets rouges. Pour les tickets jaunes, il faut aller vers l’avant. Mais je vous préviens, les gendarmes ont fermé la porte.” Nous avions les mêmes tickets, donc nous le suivons.

Arrivés au niveau de cette deuxième porte, nous remarquons que la foule est plus dense et la file plus longue qu’au niveau de la première. À l’intérieur, les gendarmes sont debout et refusent d’ouvrir la porte. Dehors, les supporters fustigent et se désolent de constater que toutes les portes sont fermées. Ils n’hésitent pas à montrer leur mécontentement. Les minutes s’égrènent, le match bat son plein et les différentes files de supporters s’allongent. Des voix s’élèvent. La frustration se fait sentir et la tension monte. “C’est inconcevable !” “Nous sommes juste venus pour supporter notre équipe nationale”, “C’est inadmissible !”.

Des paroles fusent de toutes parts. Malheureusement, rien n’est fait par les gendarmes pour décanter la situation. À force de constater qu’une des portes est ouverte pour les “VIP et Tickets électroniques” et que certains supporters parviennent à entrer, ceux ayant des tickets physiques (rouges et jaunes) décident de s’adresser aux gendarmes afin d’obtenir des explications. Des échanges de mots houleux prennent place pendant de longues minutes et les premiers gaz lacrymogènes sont tirés.

Supporter sur un terrain inattendu

Le désordre et le chaos s’installent. Des supporters en profitent pour escalader les murs du stade. Les gendarmes ripostent et utilisent désormais la force et tous leurs moyens pour faire reculer la foule. Des blessés et des évanouis sont rapidement constatés. Les sirènes des ambulances se font entendre. “Ils n’ont même pas honte. On dirait qu’ils n’ont pas à faire à des Sénégalais. Je regrette même d’être venu”, déclare un jeune homme, le visage couvert pour éviter l’odeur du gaz. Pendant ce temps, un bruit retentit à l’intérieur du stade. Tout le monde se pose des questions : “Est-ce un but des Lions ?”. Personne ne sait. La connexion aux abords du stade est défaillante. C’est bien l’ouverture du score de Pape Matar Sarr à la 36e minute.

Mais ceci n’est pas le plus important. Le terrain des affrontements entre les Forces de sécurité et les supporters s’agrandit. Désormais, toutes les portes sont concernées. Les supporters essaient de trouver tous les moyens possibles pour entrer dans le stade. Les gendarmes se sentent menacés par les assauts de la foule. Chaque camp se défend comme il peut. Quelques gendarmes s’approchent d’un groupe de supporters et tentent d’établir une discussion pacifique. Mais cela aboutit difficilement. À la fin de la première période, les esprits sont échauffés. La fatigue se fait sentir des deux côtés.

Une Fédération qui a failli

Après toute une première période à s’affronter comme deux équipes, les négociations prennent place durant la mi-temps du match. Désormais, les gendarmes sont décidés à laisser les supporters entrer si ces derniers forment une nouvelle file. Si beaucoup d’entre eux ont réussi à passer, d’autres ne pourront pas à cause des préjudices subis suite aux affrontements.

Cette situation met à jour l’incapacité du Sénégal à organiser un événement de cette envergure. Ces incidents sont certainement ceux de trop. Depuis l’ouverture du Stade Abdoulaye Wade, de nombreux couacs ont été notés durant les rencontres de l’équipe nationale du Sénégal. De la billetterie défaillante à l’organisation le jour du match, en passant par les magouilles des revendeurs, la Fédération sénégalaise de football montre de plus en plus de l’amateurisme dans sa gestion des événements.

Cette fois-ci, des vies ont été mises en danger. D’ailleurs, depuis les incidents, aucun communiqué n’a émané des instances dirigeantes pour les condamner.

Mamadou KANE

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