Publié le 26 May 2012 - 09:24
INSOLITE - CHINE

De la chair humaine vendue sur un marché

 

PEKIN — La police a arrêté dans le sud-ouest de la Chine un homme suspecté d'avoir tué près d'une vingtaine de jeunes gens, puis de les avoir dépecés, d'avoir vendu une partie de leur chair comme de la "viande d'autruche" sur le marché de son village et donné le reste à ses chiens.

 

Ces révélations macabres ont été faites vendredi par un site d'information chinois et un quotidien de Hong Kong, tandis que deux semaines après l'arrestation du suspect, la presse en Chine et l'internet semblaient lourdement censurés sur ce sujet.

 

Zhang Yongming, 56 ans, un repris de justice de la province du Yunnan (sud-ouest), a été arrêté fin avril dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'un jeune homme de 19 ans, a annoncé le site du Guangxi News.

 

Les enquêteurs ont découvert à son domicile du village de Nanmen le téléphone portable et la carte bancaire de la victime, selon le journal qui ajoute que la police redoutait de faire des découvertes macabres, 17 jeunes hommes ou adolescents ayant disparu de la localité ces dernières années.

 

Parmi ces personnes parties sans laisser de traces, certaines habitaient à quelques centaines de mètres seulement de la maison de Zhang.

 

"Zhang Yongming est un monstre cannibale", ont dit des villageois cités par le site internet, ajoutant avoir vu des sacs en plastique verts pendre devant sa maison, desquels ils voyaient parfois sortir des ossements.

 

D'après le quotidien de Hong Kong The Standard, la police a découvert au domicile du suspect des dizaines de globes oculaires conservés dans des bouteilles de liqueur.

 

Les enquêteurs ont également retrouvé des morceaux de chair, apparemment humaine, pendus dans la maison pour être séchés, selon le quotidien.

 

La police a indiqué qu'il était possible que Zhang ait nourri ses trois chiens avec de la chair humaine, dont il vendait aussi une partie sur le marché en la faisant passer pour de la "viande d'autruche", ajoute The Standard.

 

Contactée par l'AFP, la police locale a refusé de s'exprimer, expliquant que les informations seraient communiquées "au moment venu".

 

 

Une censure vigilante

 

Selon le site du Guangxi News, Zhang a déjà été condamné pour meurtre dans le passé et a effectué une peine de prison de près de 20 ans. C'est un homme solitaire qui n'avait pas de contact avec ses voisins.

 

Pékin a dépêché une équipe d'enquêteurs dans le Yunnan pour superviser les recherches des jeunes portés disparus et deux chefs de la police locale ont été limogés, a annoncé Chine nouvelle.

 

Les familles des jeunes gens pensaient que ceux-ci avaient été kidnappés et forcés à travailler illégalement dans des briquetteries, des pratiques hélas toujours courantes en Chine rurale.

 

Le gouvernement a demandé que cette affaire soit réglée au plus vite, a ajouté l'agence officielle.

 

Pratiquement aucun site internet en Chine ne faisait mention de cette affaire vendredi et on ne pouvait pas non plus lire de commentaire sur les sites de microblogging tels Sina Weibo, les recherches associant les termes "Yunnan" et "disparus" ne donnant aucun résultat.

 

Habituellement, si la censure expurge tout le contenu politiquement sensible, les internautes peuvent s'exprimer librement -- voire se déchaîner -- sur les faits divers, y compris les plus sordides, et la presse livre une profusion de détails dans sa chasse féroce aux lecteurs.

 

Mais le cannibalisme est un sujet sensible en Chine, où il a été pratiqué lors du Grand Bond en avant à la fin des années 50, épisode dramatique du maoïsme ayant entraîné des famines et des dizaines de millions de morts.

 

Des cas plus rares de "cannibalisme politique" ont pu être observés lors de la révolution culturelle (1966-76) où des corps d'ennemis de la révolution communiste ont été consommés.

 

Mais pour Joseph Cheng, de la City University à Hong Kong, la province frontalière et rurale du Yunnan est peut-être à l'origine de la censure.

 

"Je dirais qu'une affaire comme celle-ci reflète le côté arriéré de la société", dit-il à l'AFP, "cela porte préjudice à l'image de la province, et c'est probablement ce qui explique que l'affaire soit dissimulée".

 

AFP

 

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