Les remèdes de Cheikh Hadjibou Soumaré
Pour le président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA), quatre défis majeurs restent à relever par l'administration douanière si elle veut réussir le cap de l’intégration sous-régionale.
Quand il s'agit de toucher du doigt les problèmes de l'administration douanière, le président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA), Cheikh Hadjibou Soumaré n'y va pas par quatre chemins. Et hier encore, il a passé au crible l’essentiel des obstacles auxquels fait face l’administration des douanes. C’était au cours d'une conférence qui parlait de la douane face aux défis de l’intégration régionale au sein de l’UEMOA.
De l'avis de l'ancien premier ministre du Sénégal, l’un des défis majeurs demeure la mise en œuvre des réformes communautaires dont l’état est jugé insatisfaisant. Au niveau de l’union douanière, le taux moyen de mise en œuvre est de 37% en 2013, a affirmé M. Soumaré, même si celui du Sénégal tourne autour de 43%. Le non-respect du tarif extérieur commun au niveau de l’Uemoa, l’existence d’autres lois et taxes à l’import, l’existence de taxe à l’export, la faible transparence du cadre réglementaire relatif au commerce extérieur, la non-application de la valeur transactionnelle, sont entre autres les causes qui justifient ce taux de mise en œuvre.
Sur la même lancée, il a abordé un deuxième point qui concerne la libéralisation du commerce extérieur tout en soutenant qu’au bout de vingt années d’intégration, le commerce intracommunautaire reste à un niveau relativement faible qui tourne autour de 12% alors qu’en 1994, il était de 11%. ‘’Il avait pu remonter à 15,6% en 2003 contre 64% pour le commerce intra Union européenne’’, a mentionné l’ancien premier ministre du Sénégal.
Il a lié la faiblesse des changes à celle de l’offre, au manque de compétitivité, à l’absence de complémentarité entre les économies mais également à la faiblesse structurelle des infrastructures. Par ailleurs, le troisième défi à relever est celui de la mobilisation des recettes et le tarif extérieur commun auquel les administrations des douanes participent activement.
A ce propos, il a indiqué que l’entrée en vigueur du tarif extérieur commun de la Cedex est prévue pour le 1er janvier 2015, un instrument qui ne devrait pas engendrer des pertes de recettes douanières pour les pays membres de l’Uemoa, ‘’car ce tarif s’est fortement inspiré du tarif extérieur commun de l’Uemoa’’. Le quatrième défi à relever pour l’administration douanière concerne leur rôle sécuritaire dans la consolidation des acquis de l’intégration.
‘’L’espace communautaire de l’union est confronté à de nombreux défis en matière de paix et de sécurité, a dit le président de la commission de l’Uemoa. Les progrès réalisés en matière de libre circulation des personnes, des biens et des capitaux et les chantiers entrepris pour renforcer la compétitivité de notre économie ne peuvent prospérer que dans un environnement de paix et de sécurité’’. Selon M. Soumaré, le développement économique de l’espace Uemoa nécessite un minimum de condition de paix et de sécurité.
ANTOINE DE PADOU