‘’Le tourisme peut être une alternative à la culture du cannabis’’
En marge des journées culturelles sur le cousinage à plaisanterie organisées à Kafountine les 13, 14 et 15 mai, par l’association ‘’Abadji-to’’ qui réunit les villages de Tendouck, Mlomp, Kabiline et les iles Karones, dans le département de Bignona, ‘’EnQuête’’ s’est entretenu avec le directeur national de la Promotion touristique, parrain de l’évènement. Philippe Ndiaga Ba estime que la valorisation du tourisme au niveau des iles de la Basse-Casamance, celles des iles Karones notamment, peut, véritablement, constituer une alternative à la culture du cannabis. Entretien !
Monsieur le Directeur, vous êtes doctorant en tourisme à l’université Assane Seck de Ziguinchor. Le thème de votre soutenance s’articule autour de la valorisation touristique des espaces insulaires (les iles de la Basse-Casamance). Pourquoi ce thème ?
Merci. Dans le monde, il y a ce qu’on appelle le tourisme insulaire, parce que l’on considère les iles comme une option touristique. Il y a des gens qui se déplacent spécialement pour visiter des iles. Au Sénégal, nous disposons de beaucoup d’iles, notamment en Basse-Casamance. Mais ce tourisme n’est pas encore valorisé. Dans mes recherches, puisque je suis insulaire, je me suis intéressé à la question ilienne. C’est pourquoi, dans le cadre de ma thèse de doctorat, j’ai décidé de réfléchir sur la valorisation touristique des iles de la Basse-Casamance. Ces iles ne sont pas tellement visitées, à part Karabane et un peu Efrane. Il y a plein d’autres iles qui mériteraient, aujourd’hui, de vivre de l’activité touristique. Nous sommes en train de travailler avec mon directeur de thèse, Mamadou Diombéra, que je salue au passage, pour voir comment la Casamance doit pouvoir se positionner comme une destination touristique insulaire au Sénégal.
En dehors de Gorée et ailleurs, la Casamance a aussi des iles. Si on les valorise, cela permettra à la population de vivre décemment du tourisme et de bénéficier du désenclavent, parce que le tourisme fera que l’on investisse dans les iles, dans les domaines variés comme ceux du désenclavement, de la santé, de l’agriculture, de la pèche, de l’élevage, etc.
Lors de votre Maitrise en langues étrangères appliquées (LEA), option tourisme à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, vous avez indiqué que le tourisme peut aussi être une alternative à la culture du chanvre indien au niveau des iles Karones. Sur quoi vous vous fondez pour soutenir cette thèse ?
Je me souviens, durant ma soutenance, à huis clos, sur ce thème, la salle était remplie de monde, parce que ce thème intéressait tout le monde. J’ai réfléchi sur le tourisme comme alternative à la culture du cannabis dans les iles Karones. Nous savons aujourd’hui que cette culture fait partie de ce qu’on appelle l’’’économie déviante’’.
Cette économie ne peut pas être encouragée. Des activités comme le tourisme, qui sont des activités plurielles, parce que c’est un secteur transversal, pourraient permettre aux populations de ces iles de ne pas non seulement s’adonner à cette économie marginale, mais de vivre décemment, en profitant pleinement des retombées du tourisme. Je m’explique : dans l’activité touristique, nous avons la pêche, l’agriculture, la culture, l’artisanat etc. Si l’on permet à la population de développer toutes ces activités, nous pensons que cela pourrait constituer une alternative à la culture illicite du chanvre indien. Valablement, le tourisme doit pouvoir porter ces iles qui vivent d’une activité qui, certainement, ne les plait pas. Il faut accompagner les populations des iles de la Basse-Casamance qui, il faut le reconnaitre, disposent de potentialités économiques énormes. La répression est bonne, mais la proposition d’une activité alternative comme le tourisme, selon moi, en tant que chercheur, est capitale.
Comment se porte le tourisme en Casamance ?
Le weekend, au Cap-Skirring, c’est le plein. Mais nous observons avec amertume et regret que le département de Bignona notamment, est classé ‘’zone rouge’’ par le Quai d’Orsay. Il déconseille les gens de s’y rendre. Il faudrait travailler davantage pour que la Casamance puisse se repositionner. Nous avons tout ce qu’il faut pour faire de l’écotourisme, du tourisme solidaire et intégré, du tourisme culturel, etc. C’est dommage ! Il faut travailler à lever cette interdiction. Mais il faut aussi la sécurité et la paix.
PROPOS RECUEILLIS PAR HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)