Un éternel recommencement pour les progénitures des apatrides
La Journée internationale des droits de l'enfant de ce mercredi soulève à nouveau le débat autour du droit à l'identité des enfants des apatrides au Sénégal.
Ce mercredi sera célébrée la Journée internationale des droits de l'enfant. Mais au Sénégal, pour les apatrides et leurs progénitures, ce n'est pas encore la fête. C'est du moins l'avis de Prosper Bamara, d'origine rwandaise et membre du collectif qui ne réclame que des droits d’“identité et de nationalité” pour leurs enfants, condition sine qua non pour un cursus scolaire, notamment. “Le Sénégal a officialisé son adhésion à la Convention relative aux droits de l'enfant en l'an 2001. Mais l'on constate qu'il y a encore un long chemin à parcourir pour honorer l'engagement de l'État en perspective de cette convention”, constate Prosper Bamara.
Selon M. Bamara, ce refus de reconnaissance est loin d'être sans conséquences. En effet, en raison de l'inaction des autorités sénégalaises, leurs enfants d'origines “ivoirienne, rwandaise, sierra-léonaise, etc.”, ont été privés du “droit à l'éducation scolaire”, car ils n'ont pas de statut juridique leur permettant de vivre légalement au Sénégal et de jouir des droits fondamentaux.
Ces apatrides vivant au Sénégal n'ont pas manqué de frapper à d'autres portes pour obtenir gain de cause. Ainsi, malgré leurs sollicitations auprès des Nations Unies, leur problème reste entier. “Après avoir essuyé des rejets non motivés quant à notre demande de protection auprès de la Commission nationale d'éligibilité, nous, réfugiés, fustigeons d'avoir été négligés, intimidés et déroutés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés”, décrit M. Bamara.
En prélude de ce 20 novembre, ce membre du collectif espère la bienveillance de l'État sénégalais vis-à-vis de leur situation et de celle de leurs filles et fils. Car pour ces réfugiés, retourner au “bercail” n'est pas envisageable. “Seules les autorités gouvernementales ont le pouvoir de sauver la vie et l'avenir de nos enfants et de leurs parents, car nous ne pouvons pas retourner dans nos pays d'origine que nous avons fuis pour des raisons de persécution ou d'insécurité généralisée. Nous implorons le gouvernement sénégalais de penser à nous et à nos enfants durant cette journée du 20 novembre dédiée aux droits de l'enfant”.
En outre, poursuit le Rwandais d'origine, “nous nous attendons à ce que le gouvernement sénégalais corrige les défauts constatés dans le fonctionnement de ses organes chargés de l'instruction des dossiers de demande de protection, notamment l'omission de motiver les rejets, surtout que la loi sénégalaise et les conventions internationales exigent que tout rejet soit motivé”. Enfin, concernant leurs attentes, Bamara souhaite l'intervention personnelle du président de la République pour une enquête susceptible de “mettre la lumière sur ce qui s'est passé au sein du HCR” à propos de leurs dossiers de demande de protection.
Mamadou Diop