Publié le 20 Oct 2022 - 22:54
KABIROU MBODJE

La descente aux enfers

 

Encore un homme d’affaires englué dans une sordide histoire de mœurs. Le PDG de Wari, Kabirou Mbodje, a, selon la presse française, a été mis en examen pour trois viols, lors d’une même soirée. Cette procédure judiciaire vient allonger la liste de celles qui plombent la carrière du riche homme d’affaires.

 

Pour Kabirou Mbodje, cela commence à ressembler à une longue descente aux enfers. L’homme d’affaires sénégalais est de nouveau sous le feu des projecteurs judiciaires. Il est accusé de quatre viols dont trois lors d’une même soirée. L’information a été donnée par ‘’Le Parisien’’, dans sa livraison d’hier. Le quotidien français est revenu en large sur les circonstances troubles de cette affaire.

Les viols, selon le média français, ont eu lieu le soir du 6 octobre dernier. Il rapporte que le PDG se trouvait, en tête-à-tête, dans un restaurant de la place des Vosges à Paris (IVe) avec sa compagne. Une ravissante Russe de 24 ans rencontrée quelques mois plus tôt, dit-on. Alors qu’ils terminaient de dîner, les deux tourtereaux ont été rejoints par un ami, présenté comme ‘’un homme d’affaires se disant millionnaire’’. Ce dernier était accompagné de deux femmes. Puis, rapporte le média, une troisième amie les a rejoints. ‘’Ils seront six à danser sur la piste d’un autre restaurant de la place des Vosges. À 2 h, l’établissement ferme, mais les fêtards n’ont pas envie de se quitter’’.

Là, dit-on, le PDG de Wari, qui revenait de vacances express à Ibiza (Espagne) avec sa fiancée, a proposé à toute la compagnie d’aller poursuivre la soirée dans ‘’son bel appartement de l’avenue d’Iéna (XVIe)’’. Mais à partir de là, les témoignages diffèrent sur la suite des événements.

En effet, l’ami millionnaire et la compagne russe soutiennent que la soirée s’est déroulée normalement. Mais les trois autres invitées accusent le PDG de viol.

La première plaignante, une donzelle de 22 ans, raconte qu’au cœur de la soirée, leur hôte s’est mis à lui caresser les fesses. Alors, elle a décidé de partir, mais ce dernier l’a rejointe sur le palier pour la violer dans les escaliers. Arrivée chez elle vers 3 h 30, elle s’est confiée à son petit copain. La deuxième plaignante, âgée de 23 ans, relate qu’elle a été violée au même endroit. Que cela s’est passé peu avant 5 h, alors que l’ami millionnaire était parti. Alors qu’elle se trouvait dans la salle de bains, leur hôte l’a rejointe, avant de lui sauter dessus. Elle dit s’être débattue, avant de quitter immédiatement les lieux. Mais le PDG l’a rejointe sur le palier et l’a violée.  

Pour la troisième plaignante, âgée de 39 ans, les choses se sont déroulées différemment. Selon son témoignage, lorsque la compagne du PDG est partie se coucher, elle aussi a voulu rentrer chez elle. Mais, raconte-t-elle, son hôte a commencé à se montrer entreprenant. Il a commencé à l’embrasser, alors qu’elle se trouvait sur le sofa du salon, puis l’a violée, dit-elle.

Kabirou Mbodje parle d’un accord pour inventer ces viols et en tirer un avantage financier

Même si on peut souligner la sacrée performance sexuelle de l’accusé, en cette soirée, une source proche de l’enquête a confié au média français que lesdits témoignages sont ‘’très crédibles’’. D’autant que les enquêteurs ont découvert qu’une première procédure pour viol avait déjà été ouverte envers le mis en cause, à la suite de la plainte d’une quatrième femme.

D’ailleurs, des expertises médicales ont été pratiquées sur les plaignantes. Et elles semblent être concluantes, puisqu’un jour d’ITT pour des lésions intimes a été délivré à la victime présumée de 23 ans et deux jours à la dernière.

Auditionné lors de sa garde à vue, le PDG, dit-on, a nié toutes les accusations. Il avance la thèse d’une entente préalable d’escort-girls, toutes d’accord pour inventer ces viols et en tirer un avantage financier. Car il affirme que ces femmes se sont jetées sur lui.

En conséquence, selon toujours le média, les enquêteurs ont exploré cette piste. Mais les trois plaignantes sont inconnues de la police.

L’AFP a pu contacter l’avocat du suspect, Me Philippe Zeller, qui a réagi : ‘’Mon client, dont je ne confirme pas l’identité, nie avec fermeté les accusations portées contre lui. Il est parfaitement serein. L’instruction permettra de faire la part de lumière sur les faits et la réalité de ce dossier.’’

Condamnation pour abus de biens sociaux

Ainsi, les déboires judiciaires se poursuivent pour l’homme d’affaires sénégalais. Il y a moins d’un an, il a été condamné à deux ans de prison dont six mois ferme, par la Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar, pour abus de biens sociaux. Il a aussi été condamné à allouer à ses ex-associés Seyni Camara, Malick Fall et Cheikh Tagué la somme de 5 milliards de francs CFA. 

Lors de l’audience du 11 mai 2021, Malick Fall renseignait que Wari a été légalement créée en 2008. Puis, d’une société à responsabilité limitée, la start-up est passée à une société anonyme. Partis de zéro pour faire de Wari le leader sur le marché, Malick Fall et Cie ont reproché à Kabirou Mbodje de les avoir écartés de la société qu’ils ont créée ensemble. À en croire Malick Fall, Kabirou Mbodje a orchestré des manœuvres frauduleuses pour les appauvrir. Ce, en maquillant les résultats de la société pour justifier une augmentation du capital. ‘’Il a volontairement caché le capital de 2012. Il a dissimulé les résultats pour ne pas faire une augmentation par réserve. Il l’a fait pour justifier qu’on n’a pas suffisamment de fonds propres. L’augmentation du capital nous a dilués’’, accusait Malick Fall.

Il ajoutait :  ‘’Nous trois avions 39 %. En 2013, Kabirou augmente le capital en le multipliant par 10.  Alors que la société s’offrait des 4x4 et autres privilèges, il est venu dire que la société bat de l’aile et qu’il faut augmenter le capital à hauteur de 300 millions F CFA. De 39 %, on s’est retrouvé avec un peu plus de 3 %. Il a falsifié les états financiers.’’

Cheikh Tagué renchérissait que Kabirou Mbodje s’est auto-octroyé 8 % du chiffre d’affaires de Wari, soit 500 millions de francs CFA de façon frauduleuse, avec la complicité de l’un de ses avocats, en l’occurrence Me Ababacar Camara. ‘’Avec son concours, Me Ababacar Camara a reçu 5 % de ce chiffre d’affaires. Maitre Camara, après Kabirou Mbodje, est le deuxième actionnaire de la société. Il est devenu associé en 2014. C’est entre les deux augmentations qu’il est devenu associé’’, avait précisé Cheikh Tagué.

Les actionnaires écartés avaient fini par obtenir justice, même si leur avocat a jugé dérisoire la somme de 5 milliards allouée par la justice et annoncé se pourvoir en appel.

Redressement judiciaire à Paris

Au même moment où il était condamné à Dakar, Kabirou Mbodje était en redressement judiciaire à Paris, à cause d’une plainte déposée par le directeur général de la société Wari Pay, Nicolas Lesange. Selon ‘’Confidentiel Afrique’’, un dépôt-bilan de la société que Lesange a déposé auprès du tribunal de commerce parisien est à l’origine de ce contentieux qui oppose les deux hommes.

Selon la même source, la société rachetée en 2019, affichait un total-bilan de 6 millions 042 300 d’euros et avait diminué de 43,40 %, entre 2013 et 2014. Une situation conflictuelle qui oppose Nicolas Lesange au PCA de la société Kabirou Mbodje. Ce dernier, selon le média, ne voulait pas que l’affaire atterrisse devant le tribunal.

Condamné à verser 1,5 milliard à Tap Tap Send

Deux plus tôt, le même homme d’affaires a écopé d’une peine de six mois assortis du sursis, par le juge correctionnel. Kabirou Mbodje venait d’être reconnu coupable du délit d’abus de confiance portant sur un milliard 900 millions F CFA, au préjudice de la société Tap Tap Send.

Ainsi, en plus de l’amende de 500 mille francs CFA qu’il devait payer, il avait été condamné à verser à la partie civile un milliard 500 millions de francs CFA en guise de dommages et intérêts. 

À l’origine, les deux sociétés avaient signé un contrat de partenariat à travers lequel Tap Tap Send permettait à ses clients expéditeurs d’envoyer des fonds aux clients bénéficiaires via les services financiers de Wari. De ce fait, Tap Tap Send avait accepté de mettre entre les mains de son partenaire un montant de préfinancement de ses opérations, dans un compte déterminé.

En outre, le contrat stipulait qu’à la demande de Tap Tap Send, Wari devait retourner, dans un délai d’un mois, tout montant en préfinancement non-décaissé, dans un compte bancaire choisi par Tap Tap Send. Dans le contrat, il était également mentionné qu’en cas de suspension ou de résiliation du contrat pour quelque raison que ce soit, Wari restituera immédiatement à Tap Tap Send tous les fonds qu’elle détient en son nom et qui n’ont pas été versés aux bénéficiaires.

Ainsi, le 18 décembre 2020, la requérante a demandé à Wari de lui retourner la somme d’un milliard 900 mille francs CFA, correspondant à une partie du solde du dépôt du montant en préfinancement. Mais Wari n’a pas procédé au remboursement. 

Le Collectif des prestataires de Wari lui réclame 2 milliards F CFA

Il faut souligner que Wari n’est plus actif au Sénégal et ses points de vente ont été fermés. Mais une procédure judiciaire est en cours, puisque le Collectif des prestataires de Wari a déposé une plainte contre Kabirou Mbodji. Au nombre de 2 800, ils réclament la somme de 2 milliards de francs CFA à l’homme d’affaires franco-sénégalais. Ils reprochent au groupe Wari d’avoir violé les conditions établies avec les prestataires qui disent clairement, en leurs articles 16 et 20, que le compte de tout prestataire doit être récupérable à tout moment.

Or, en tant que prestataires, ils utilisaient leurs propres moyens financiers et Wari prélevait ensuite des commissions qu’il retenait à la source. ‘’Donc, tout ce qui restait au niveau de nos comptes nous appartient. Malheureusement, aujourd’hui, on rencontre des difficultés pour récupérer cet argent-là. Encore une autre violation par rapport aux conditions que Wari avait fixées’’, renseigne-t-il.

GASTON COLY

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