L’éducation sexuelle des adolescents

Je vous remercie d’avoir abordé cette question délicate mais importante de l’éducation sexuelle des adolescents dans votre édition n°4088, car la sexualité reste encore un tabou pour beaucoup de parents et même d’éducateurs et de responsables du pays. Et ce qui est grave c’est que les jeunes grâce à la multiplication des réseaux sociaux vont chercher des réponses aux questions qu’ils se posent sur des sites pornographiques, ce qui est très dangereux pour leur avenir et celui de la société toute entière.
Mais au-delà de toutes les statistiques il faudrait analyser les choses en profondeur en cherchant les causes de cette situation, de manière à pouvoir apporter des solutions.
D’abord, je voudrais faire remarquer que l’utilisation des méthodes contraceptives ne protège pas des IST (Infections Sexuellement Transmissibles) dont on connaît la nocivité Et distribuer des moyens contraceptifs, ce n’est pas une éducation sexuelle. Or ces moyens, pilules et condoms, sont distribués à beaucoup d’adolescents dans des manifestations et réunions de groupes sans même une information sur leurs conditions d’utilisation. C’est la porte ouverte à une sexualité irresponsable. Et le document cité de l’Association des Journaliste en Santé, Population et Développement (AJSPD) observe dans le pays une grande augmentation des infections par le VIH. Car la pilule comme le condom mal utilisé n’empêchent pas la transmission de VIH.
Pour ne pas être trop long, je ne reviens pas sur les autres problèmes signalés et bien réels : « l’absence de suivi des problèmes de santé, le nombre de violences sexuelles domestiques et l’autoritarisme dans les familles, la faible disponibilité des services d’accompagnement sociaux et de personnes qualifiées, et surtout le fait que les abus sexuels sont souvent commis par des membres de la famille ou des adultes proches ». N’est-ce pas à ce niveau qu’il faudrait agir ? « Celui des comportements sexuels à risque, des grossesse précoces et non désirées et des risques de complications d’avortement liés à des problèmes de pauvreté ». Mais on ne peut pas se limiter à de simples constatations, II ne suffit pas d’avoir des rapport sexuels, protégés, ce sont les adolescents qu’il faut protéger. D’où la nécessité d’une éducation sexuelle. Mais à condition que ce soit une vraie éducation, pas seulement la description du fonctionnement des appareils génitaux pour éviter les grossesses.
On parle de la santé reproductive des jeunes, mais les jeunes n’ont pas à se reproduire. Ils ont à apprendre à aimer et à vivre une mixité épanouissante et respectueuse, pour se préparer valablement au mariage avant d’avoir des enfants. Car les enfants ont besoin d’éducation, ils ont besoin d’un père et d’une mère qui vivent ensemble et qui s’aiment.
On parle aussi de planification familiale pour les adolescents. Mais par définition, la planification familiale c’est pour les gens qui ont une famille, pas pour les adolescents, il ne faut donc pas tous mélanger.
Dieu ne nous demande pas de faire le maximum d’enfants. Il nous demande de faire des enfants le plus heureux possible, avec la meilleure santé possible, et le mieux éduqués possible. C’est cela que nous voulons dans la régulation des naissances : des naissances de qualité, pour que tous puissent vivre d’une façon plus humaine. Nous sommes tous des fils d’Adam. Il s’agit de mettre au monde et de faire grandir les fils d’Adam.
Le mariage coutumier existe dans chacune de nos ethnies, et ce n’est pas pour rien. On demandait à la jeune fille de rester vierge jusqu’au mariage, ce qui suppose que les garçons ne déviergent pas les filles. Cela avait un sens : c’était pour apprendre à maîtriser sa sexualité. Si les jeunes n’apprennent pas à maîtriser leur sexualité pendant leur jeunesse, comment vont-ils la maîtriser dans leur mariage ?
Nous sommes africains. Il est important de garder nos valeurs traditionnelles, et non pas de nous laisser coloniser par des cultures étrangères qui ne seront jamais une solution pour nous. Dans la sexualité comme dans tout le reste de notre vie, il est important de garder le sens de l’honneur, le sérieux, le respect, la dignité, nos valeurs traditionnelles, ce qu’on appelle en wolof : jom, ngor, kërsa, mun, sutural, fayda, teggin, yar, etc…A chacun de voir dans sa propre langue et culture. Bien sûr, dans la société moderne on ne peut plus vivre ces valeurs comme autrefois. Il faut les vivre d’une manière actuelle. Mais la solution ce n’est certainement pas de les rejeter, pour suivre d’autres chemins qui ne sont pas les nôtres.
Dans tout cela, il s’agit de mettre le jeune devant ses responsabilités. Bien sûr tu es libre, tu peux faire ce que tu veux, mais qu’est-ce qui va te rendre vraiment heureux : est-ce de faire le maximum de relations sexuelles et le plus vite possible, ou bien d’avoir le maximum d’amour dans ton cœur ? En te lançant déjà dans les relations sexuelles, quel avenir te prépares-tu ? Comment serais-tu demain un mari ou une femme fidèle ? Li waay rèndi, ci sa loxo lay nac !
P. Armel Duteil, éducateur