La Gestion des embouteillages à Dakar
De récentes études ont révélé que le nombre excessif de véhicules et les routes étroites, sont parmi les divers facteurs causant la congestion, entraînant des niveaux de stress élevés à extrêmes pour les usagers de la route, avec une perte économique totale de 2,01 millions de dollars par jour.
Par ailleurs, le gaspillage de carburant augmente la pollution atmosphérique et les émissions de dioxyde de carbone en raison de l’augmentation de la marche au ralenti, de l’accélération et du freinage. A cela s’ajoute l’usure des véhicules en raison de la marche au ralenti dans la circulation et des accélérations et freinages fréquents, ce qui entraîne des réparations et des remplacements plus fréquents encore.
Une congestion grave peut également entraîner l’implication des conducteurs dans des incidents de « rage au volant » qui peuvent avoir des répercussions mineures comme un stress accru, ou des répercussions majeures comme des dommages aux véhicules, des blessures aux conducteurs et aux passagers, ou même la mort.
Dans une économie de plus en plus rapide et tournée vers le monde, la circulation efficace des personnes et des biens est une nécessité concurrentielle. La congestion routière nuit à la qualité de vie et à la productivité économique dans les régions métropolitaines. Il augmente la consommation de carburant, le coût du transport des voyageurs et des marchandises, le nombre d’accidents et les polluants d’échappement nocifs pour la santé humaine.
L’ampleur des effets de la congestion routière peut avoir un impact énorme sur notre vie personnelle, notre carrière, notre avenir et même notre sécurité. La première chose à laquelle beaucoup de gens pensent quand il s’agit de routes encombrées est le retard accusé pour aller d’un point à un autre car personne ne peut préciser le délai de route, on sait quand on quitte mais l’on ne saura jamais l’heure d’arrivée à destination. L’arrêt et le démarrage dans les embouteillages consomment du carburant à un rythme plus élevé que le taux de déplacement régulier sur l’autoroute ouverte. Cette augmentation de la consommation de carburant coûte aux usagers de l’argent supplémentaire pour le carburant et contribue également à la quantité d’émissions émises par les véhicules. Ces émissions créent de la pollution atmosphérique et sont liées au réchauffement climatique.
De même, la rage au volant est une réaction insensée à la circulation qui est courante dans les zones de circulation congestionnées. Si quelqu’un ne conduit pas aussi vite que la personne derrière lui pense qu’il le devrait, ou si quelqu’un coupe devant quelqu’un d’autre, cela peut entraîner un incident dangereux pour le délinquant et son entourage sur la route. La rage au volant se manifeste souvent par des comportements brusques, des talonnements intentionnels, des manœuvres de représailles et surtout un manque d’attention accordée à la circulation autour des personnes impliquées. Il s’agit essentiellement d’une crise de colère de la part de conducteurs frustrés dans la circulation. Il ne faut pas surtout oublier de signaler l’incapacité des véhicules d’urgence (ambulance, pompiers) à répondre dans un délai approprié en raison de cette même congestion : ce qui peut constituer un réel danger pour tout le monde.
Les ouvrages ‘’Cartographie du génome du comportement de voyage’’ de Konstadinos G. Goulias et Adam W. Davis et ‘’Modelisation et Gestion du trafic routier’’ de l’équipe de Fouzi Harrou ont respectivement examiné le changement de paradigmes vers des services de transport plus dynamiques, centrés sur l’utilisateur et sensibles à la demande ainsi que la mobilité en tant que service, l’automatisation et la robotique pour ensuite fournir un cadre pour comprendre et améliorer la surveillance du trafic routier. De même, la ‘’Modélisation et la Gestion du trafic’’ s’est étendue sur les méthodologies d’analyse du trafic couramment employées ainsi que les méthodes émergentes qui utilisent des méthodes d’apprentissage en profondeur. Ces deux ouvrages traitent d’un sujet qui hante aujourd’hui le sommeil des Dakarois qui font face à des embouteillages indescriptibles rendant difficiles les déplacements au quotidien. La population de Dakar salue les initiatives à travers le Train Express Régional déjà en service et l’introduction prochaine du Bus Rapid Transit. Toutefois, malgré ces tentatives d’améliorer la mobilité urbaine, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Les embouteillages n’ont pas d’heure ni de période partout à Dakar. L’évolution du parc automobile roulant ne cesse de grimper alors que le réseau routier dakarois n’a pas été conçu pour accueillir un nombre si important de véhicules. Les routes deviennent rapidement saturées.
Etant donné que l’exode rural semble en être la cause principale, faire preuve de plus d’agressivité dans la démarche en donnant plus de contenu à la décentralisation pourrait être envisagé pour faire résolument face à ces embouteillages.
Selon les prévisions établies par les urbanistes, la région de Dakar qui compte aujourd’hui un peu plus de trois millions d’habitants va devoir absorber quatre millions d’habitants de plus dans les années à venir. La population passera alors de 3 à 7 millions d’habitants sur une surface qui représente 0,3 % de la superficie du pays.
Aujourd’hui, la technologie a mis à disposition des outils qui permettent de travailler à distance. Pendant la pandémie Covid-19, presque le monde entier a utilisé cette méthode et rien n’a été négativement impacté pour autant. Certaines compagnies continuent même à privilégier ce format qui a beaucoup aidé à booster la productivité. Les multiples applications disponibles à travers WebEx, Google Meet, Teams et autres font économiser du temps et de l’énergie dans les interactions quotidiennes tout en permettant une continuité dans les échanges qui ne peuvent parfois souffrir d’aucun retard. De même, le Sénégal dispose de ressources humaines de qualité pouvant mettre en place et administrer des réseaux (Local Area Network (LAN) et wide Area network (WAN)) qui peuvent servir de systèmes pour l’exécution du plan d’action du gouvernement dans toutes ses composantes.
Dans cette perspective, les Ministères de souveraineté tels que celui de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires Etrangères, de l’Economie et des Finances et de la Justice pourraient rester à Dakar. Tous les autres Ministères et Directions de Service feraient l’objet d’une répartition objective entre les treize (13) autres régions. Ce processus présente l’avantage de réduire d’emblée la population à Dakar entrainant ainsi la réduction des embouteillages, d’assurer une plus grande présence de l’Etat dans les régions et d’adapter les décisions locales aux enjeux territoriaux. Le résultat final est d’améliorer significativement l’action publique sur toute l’étendue du territoire d’une part et d’autre part, donner plus de marge de manœuvre aux autorités pour mieux mettre en œuvre leur planification urbaine qui suivra immanquablement l’évolution de la modernité. Dakar pourrait alors continuer à garder sa place de référence en Afrique et dans le monde conformément à son histoire.
Alioune FALL
108, Comico Mermoz.