Publié le 6 Apr 2023 - 14:14
LEÇONS D’UNE LUTTE JUDICIAIRE IMPOSÉE

Se débarrasser de l’illusion démocratique pour une lutte de libération conséquente

 

Les journées du 16 et du 30 Mars 2023 ont été marquées par l’acharnement d’un pouvoir néocolonial qui a fini par montrer sa vraie nature dictatoriale face à l’engagement irréversible du peuple sénégalais dans une lutte de libération de portée historique.

La vaillante lutte engagée par le Peuple Sénégalais se heurte à un régime qui, dans sa volonté de répression et pour assurer sa survie malgré son impopularité et sa gestion désastreuse, s’est clairement départi des principes et pratiques les plus essentiels du système démocratique qu’il prétend incarner. 

Il ne faudrait jamais oublier que le système néocolonial que nous vivons est une forme de gouvernance oppressive mise en place par la France coloniale en prélude aux « indépendances, » dévoyées de 1960, dans sa stratégie de réforme du colonialisme « pur et dur » qu’il appliquait depuis son invasion militaire du Continent Africain.

En rétrospective, on peut voir que l’adoption d’un « cadre démocratique minimal » par le régime néocolonial du Président Senghor n’était qu’une « adaptation » de son parti unique UPS/PS face à l’intensification des luttes populaires.  

Durant ses 63 années d’existence, le régime néocolonial a ainsi poursuivi malgré lui cette « mue » progressive sous la pression d’un peuple de plus en plus conscient, qui exigeait le respect de ses droits en faisant reculer une dictature dont la nature profonde n’a jamais changé.

Les différentes étapes de cette lutte ont été jalonnées par des rencontres, conférences et négociations qui ont poussé le pouvoir néocolonial à des concessions élargissant l’espace démocratique tout en laissant intacte sa nature dictatoriale.

En dépit des vicissitudes de la vie politique et des échecs subis par les partis d’avant-garde dans leurs tentatives de rassemblement en un bloc pouvant peser sur la scène nationale, la conscience politique du peuple et la prise en charge de la cause démocratique se sont imposées face à un pouvoir désormais sur la défensive.

A cet égard, l’entrée en scène du Parti Pastef-Les-Patriotes qui a rétabli le lien intrinsèque entre le processus démocratique et la libération du pays du joug néocolonial, a constitué un saut qualitatif d’importance historique.

Cette avancée dans la définition claire de la nature de l’adversaire devrait ainsi définitivement débarrasser les Patriotes de l’illusion longtemps entretenue, suivant laquelle « une démocratie véritable peut coexister avec un système néocolonial et prospérer sous son emprise ».

Le Néocolonialisme étant par nature, une dictature associant la puissance coloniale qui cherche, sans trop apparaitre, à maintenir son emprise et une régime politique corrompu et soumis à ses intérêts, ne peut générer qu’une démocratie de façade dont la face hideuse apparait dès que s’accentue la lutte du peuple.

Sinon, comment concevoir qu’en dépit des lois existantes, qu’un président ose prétendre publiquement « maintenir sous son coude » des dossiers de corruption que les services compétents de la République ont consciencieusement rédigés après investigations ?

Comment peut-on expliquer que le « Pouvoir Judiciaire » supposé être indépendant de l’Exécutif, reste sans réaction face à cette infamie ? Comment comprendre que le « Pouvoir Législatif » lui aussi supposé être indépendant de l’Exécutif reste muet face à cette violation flagrante des principes de l’Etat de droit ?

Dans le cadre actuel, comment comprendre qu’un leader politique subisse devant les caméras du monde entier, sans mandat judiciaire et sans conséquence, la détention arbitraire, la séquestration à domicile, la violation de son droit de visite ?

Comment expliquer que ce même leader soit privé de son droit à des soins médicaux au moment même où il en avait le plus besoin et suite à des sévices exercés sans raison valable sur sa personne par les forces de répression ?

Comment admettre que des « nervis », mercenaires en charge des sales besognes du régime néocolonial, soient déployés au vu et su de tous lors de manifestations, comme « doublon » des forces de l’ordre qui n’ont aucun contrôle sur eux ?

Comment comprendre les arrestations arbitraires et les détentions massives et sans mandat de centaines de citoyens innocents ? Que penser des perquisitions d’installations hospitalières privées associées à des pressions exercées sur un personnel soignant pour la violation du secret médical d’un leader politique victime d’un malaise après avoir été soumis à la pulvérisation d’un produit toxique qui pourrait être mortel à terme ?    

Comment peut-on tolérer, sous un « système démocratique », le monopole des médias d’Etat, la possibilité de coupure du signal d’organes de communication de grand public, la détention arbitraire de journalistes et de citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimé une opinion politique différente ?

Comment peut-on admettre cette mansuétude vis-à-vis de trafiquants passeports diplomatiques et de faux billets de banque qui hument l’air pur alors que d’honnêtes citoyens, du seul fait de leurs idées politiques, croupissent en prison ? 

Comment comprendre les violations répétées de l’immunité parlementaire des députés de l’opposition ?

Que dire de l’aplatissement du Parlement dont le Chef de l’Exécutif qui se permet même de nommer le Bureau ?

Que dire des entraves administratives et la suppression du droit de vote d’une masse considérable de jeunes qui constituent l’écrasante majorité de la population ? Et la réduction à minima de la période de révision des listes électorales ?

Comment expliquer la pléthore des institutions budgétivores juste destinées à caser une clientèle politique parasitaire ?

Ce questionnement qu’on pourrait prolonger à l’infini pointe du doigt les tares congénitales du régime néocolonial, sa nature profondément antidémocratique et dictatoriale ainsi que l’impossibilité absolue de le reformer démontrée par plus d’une soixantaine d’années de tentatives.

Face à ces faits patents, il est du devoir des Patriotes en lutte de changer d’approche vis-à-vis de qu’on nomme sans y réfléchir « la démocratie sénégalaise. » C’est une pure illusion dont il faudrait se débarrasser pour appréhender à sa juste mesure la mission de libération qui incombe aux révolutionnaires…Une libération aux antipodes de réformes sans lendemain…Une libération réelle qui déracine l’oppression étrangère et fonde un Nouvel Etat Africain Souverain, libre de toute tutelle.

C’est à coup sûr cette illusion sur la « soi-disant démocratie sénégalaise » qui a pu pousser certains Patriotes à penser que la lutte judiciaire imposée au valeureux Président Ousmane Sonko et à laquelle il a héroïquement fait face, pouvait suivre un cours procédural régulier sous l’emprise du régime néocolonial.

Pour avoir cru à la possibilité d’un procès équitable suivant les normes d’un système judiciaire indépendant, beaucoup de Patriotes et Sympathisants ont été profondément déçus et même découragés par la tournure et de l’aboutissement du procès, marqués par un contrôle total des évènements par le pouvoir néocolonial, au mépris de toutes les normes d’équité.

Le régime néocolonial a en effet tenu à contrôler les moindres détails du procès : imposition d’itinéraires aller et retour, arrestation des membres de la sécurité, brutalités et usage de substances toxiques sur le Président Sonko et son entourage, verrouillage du tribunal au public favorable, harcèlement des membres de la presse et des avocats, gazage de convoi, déploiement disproportionnée des forces répressives, organisation de journées « ville morte », interdiction de circulation des vélomoteurs, anticipation de vacances scolaires et universitaires, mise à l’arrêt du commerce par la création d’une psychose d’émeutes …

Le régime néocolonial a aussi réussi, par son action directe sur le déroulement de la procédure et la désorganisation du plan de défense des avocats adverses qui n’ont finalement pas pu plaider, à s’assurer un verdict qui évite le débat et passe sous silence la question fondamentale du détournement faramineux des 29 premiers milliards d’un Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) de plus de 100 milliards. 

Etalé sur cinq années, ce vaste Programme était  destiné, entre autres, à  l’aménagement de 30 000 hectares de terres cultivables, la création de 300.000 emplois pour les jeunes, celle de 2.000 groupements d’entreprises agricoles viables disposant de 15 hectares chacun, la mise en place d’un vaste programme d’incubation de 90 000 fermes villageoises au profit de la jeunesse rurale, la formation dans un délai  de 3 ans de plus de 90 000 jeunes ruraux aux techniques de production et de transformation des produits agricoles.

En accablant un homme digne, défenseur des droits du Peuple et en donnant raison à celui qui devrait plutôt se justifier d’un détournement de plusieurs milliards du trésor public, ce procès éminemment politique a réussi empêcher la mise à nu d’une vaste escroquerie d’Etat qui prive le peuple sénégalais et singulièrement sa jeunesse d’un levier important de promotion face à la misère ambiante

Ce verdict qualifié par des fumistes jouant à l’équilibrisme de « mesure d’apaisement » laisse en fait un goût amer à toute personne de bonne foi qui aurait aimé voir cette sombre affaire du PRODAC clarifiée, ses protagonistes démasqués et mis face à leurs responsabilités devant un tribunal réellement indépendant de toute manipulation.

Dans cet espoir, on peut prévoir que l’appel de ce simulacre de « procès » si imprudemment intenté par la partie adverse, permettra, dans une nouvelle procédure, d’étaler face à l’opinion, le scandale du PRODAC.

Si cette future procédure pourrait conforter la position des Patriotes et du Président Ousmane Sonko, que le verdict inique du 30 Mars avait si injustement handicapés, elle ne devrait pas pouvoir mettre en cause la candidature à la Présidentielle de 2024 du Président Ousmane Sonko.

En effet, prétendre que le Tribunal a été tendre envers le Président Ousmane Sonko dont il pouvait invalider la candidature aux prochaines présidentielles, c’est, sans aucune vantardise, faire fi du rapport de forces au plan politique national.

Que deviendrait le Sénégal face à cette issue catastrophique si l’on voit que pour s’assurer le contrôle de la situation en ce jour de procès en « diffamation », il a fallu au régime néocolonial d’ordonner une « journée ville-morte » sur la majeure partie du territoire en mobilisant la presque totalité des forces répressives disponibles ?

De quel volume de forces répressives devrait disposer le régime néocolonial pour imposer son autorité dans la durée s’il lui arrivait de susciter une colère populaire de plus grande amplitude ?

En réalité, le régime néocolonial, malgré ses gesticulations et son verbiage tonitruant, n’est plus en mesure de dicter son agenda au Peuple sénégalais.

La France néocoloniale ne s’y est pas trompée, elle qui, suivant les propos de Maitre Juan Branco, a pris soin d’envoyer une délégation pour dissuader de cette décision fatale son « Tout-Puissant Protégé » qui contrôle le système judiciaire.   

En conclusion on peut dire qu’avec des dizaines de dossiers de type « PRODAC » sous le « pesant coude » de son Président-Tout-Puissant, le régime néocolonial ne peut pas se permettre une mise en application sincère des principes de transparence requis par un système démocratique.

Sous un tel régime néocolonial, la démocratie sera toujours une chimère, une illusion dont les Patriotes véritables ne sauraient s’accommoder.     

A y réfléchir, plus que le premier, ce second procès imposé au Président Ousmane Sonko alors que plusieurs articles de presse, des publications, déclarations et débats parlementaires avaient auparavant largement mis en cause le plaignant, pourrait n’être un leurre destiné à enrayer les premiers succès du déploiement du Pastef-Les-Patriotes dans le pays.

Cette procédure judiciaire à rebondissements spectaculaires ne serait-elle pas une distraction orchestrée, destinée à obliger la direction de Pastef-Les-Patriotes à concentrer son énergie dans une direction stérile en lieu et place d’un déploiement prometteur dans le pays réel que le « NEMMEKU TOUR », malgré un marquage à la culotte, avait si heureusement initié ?

N’est-on pas face à un « combat de duperie et d’usure » destinée à distraire l’attention adverse de l’essentiel et à épuiser ses ressources dans un contentieux de second ordre pour, le moment venu, surclasser son candidat dans la bataille principale, avec l’usage des moyens de l’Etat et d’une fraude massive orchestrée en amont du processus électoral ?

Il faudrait, en tout état de cause et dans la perspective des élections de Février 2024 qui décideront de l’issue de la bataille en cours, ne jamais perdre de vue ce combat décisif qui sera déterminé par la conquête d’un électorat massif, régulièrement inscrit sur le fichier et en mesure d’assurer la victoire. 

Dans ce cadre et pour une adaptation intelligente à la tactique adverse, il faudrait garder l’initiative en procédant à un dosage réfléchi des efforts dans tous les axes de cette bataille multiforme.

Dans cette optique, l’axe principal de l’activité des Patriotes devra se concentrer sur une mobilisation sans précèdent pour l’inscription massive de tous les ayants-droits sur les listes électorales. C’est la riposte la plus appropriée face au piège des procès à répétition.

Par ailleurs si au plan national la fermeté affichée par les Patriotes a obligé le régime néocolonial à montrer sa vraie nature dictatoriale en faisant preuve d’une cruauté indicible, au plan international on a assisté une gigantesque mobilisation de la Diaspora et à une véritable déroute diplomatique qui a ruiné le crédit de la « démocratie de façade » du Sénégal.

C’est en réalité cette perte en termes d’image, qui vient après les révélations liées à l’audience secrète accordée à Madame Marine Le Pen, leader de la frange la plus raciste et anti-émigrés d’Europe qui a jeté, dans les hautes sphères de la France néocoloniale, un sérieux doute sur la capacité à court terme, du régime néocolonial à assurer sa mission de protection des intérêts français au Sénégal.

Ce sont justement les inquiétudes nées de ce doute, qui obligent la France néocoloniale, en quête d’une réassurance, à initier malgré elle, des contacts informels avec la direction de Pastef-Les-Patriotes. On voit que la confiance vis-à-vis du régime néocolonial s’est fortement érodée.

Dans la logique du néocolonialisme français que la perte du bastion sénégalais devrait irrémédiablement bouter hors d’Afrique, il y va d’une question essentielle de survie.

Parallèlement le régime néocolonial qui voit avec préoccupation un début de lâchage de son tuteur français, tente, dans un pari très risqué, d’offrir des gages et peut-être même de financer Madame Marie Le Pen dans la double optique de son élection en 2027 et du succès du l’option du troisième mandat illégal en 2024.     

En conclusion, retenons que le combat patriotique pour la libération du Peuple sénégalais du joug néocolonial est, malgré les embuches rencontrées actuellement, très bien engagé par un leadership de haute qualité qui a réussi à asseoir un mental de résistance sans précèdent dans la conscience collective des citoyens et singulièrement de la jeunesse.  

L’internationalisation du combat par sa prise en compte par une forte mobilisation de la Diaspora, la médiatisation des mesures d’instrumentalisation et d’obstruction de la justice, l’acharnement répressif vis-à-vis des Patriotes ainsi que la cruauté exercée sur la personne du Président Ousmane Sonko, ont porté de rudes coups au crédit « démocratique » du régime néocolonial, accru son isolement et fortement réduit sa marge de manœuvre.   

C’est la poursuite déterminée, innovante et durable de cette lutte dans un bel esprit d’unité, de résistance et de sacrifice qui hâtera la libération nationale, grande victoire que l’héroïque peuple sénégalais aura bien méritée.  

Dakar, le 04 Avril 2023
Doyen Alla KANE
Membre du Cabinet du Président de Pastef-les-Patriotes

 

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