Un État minuscule, une influence universelle
Avec 0,44 km de superficie, une population de...832 habitants, une armée de 110 militaires et 130 gendarmes, le Vatican n'est pourtant pas un État entièrement à part. Doté de relations diplomatiques avec près de 180 États à travers le monde, il exerce une influence sans commune mesure avec sa «carrure physique». Plongée dans la capitale du Catholicisme romain enfouie au cœur de la cité antique de Rome, au lendemain de la démission du pape Benoît XVI.
«Le Vatican est certes le plus petit État du monde, mais son influence est universelle. (…) Aucun service ne peut se targuer de disposer d'autant de sources humaines potentielles et d'autant d'intelligences pour traiter les renseignements obtenus.» L'auteur de ces propos sait de quoi il parle, en tant qu'officier de renseignement de la DGSE, les services français, et auteur d'une fiction sur les moines de Tibhirine, et spécialiste reconnu des affaires du Saint-siège. (*)
Mystérieux et secret pour le commun des mortels, le Vatican fonctionne pourtant comme un véritable État, avec des institutions en bonne et due forme, selon évidemment les orientations de l'Église catholique, mais aussi ses «armes secrètes», sa diplomatie, etc.
Sa «défense» est assurée par «La Garde Suisse», une compagnie militaire qui a entre autres missions de veiller sur la sécurité du souverain Pontife. Créée depuis l'an 1506 par le Pape Jules II, c'est «la plus petite armée du monde», avec ses 110 hommes recrutés de façon draconienne. Entre 19 et 30 ans d'âge, citoyen suisse et catholique romain de confession, une taille minimale de 1,74m, être célibataire, réputation irréprochable, etc., sont des critères fondamentaux de recrutement, en plus de parler l'Allemand. Depuis 2008, la Garde suisse, la plus vieille du monde après la Garde royale marocaine, est commandée par un certain Daniel Anrig.
A ses côtés, il y a la Gendarmerie pontificale, qui compte 130 hommes répartis en : 8 officiers, 122 agents sous-officiers et 1 aumônier. Fondée en 1816 par le Pape Pie VII, elle est dirigée depuis 2006 par l'Inspecteur général Domenico Giani. Sa mission est d'assurer «des fonctions de police de sûreté de l'État, des personnes et des biens qui se trouvent sur le territoire de la Cité du Vatican». Elle a également en charge «les fonctions de police judiciaire et de police de la circulation».
Si la sécurité du souverain Pontife hors des frontières du Vatican relève de ses prérogatives, cette mission est exécutée en intelligence avec les forces de sécurité italiennes sur la place Saint-Pierre et en Italie, «en vertu du Concordat de 1929» paraphé avec l'État italien.
«Des armées secrètes»
Des hommes armés, mais aussi des «armées secrètes» à l'influence reconnue. Le Vatican se donne les moyens d'entretenir la foi de 1,200 milliard de catholiques baptisés dans le monde, selon des chiffres de 2009. Dans ce rôle, trois grandes institutions se partagent les tâches. La «Compagnie de Jésus», fondée en 1534 par Ignace de Loyola et comptant aujourd'hui 18 516 jésuites. C'est un «ordre religieux prononçant l'obéissance au Pape et sous l'autorité absolue du Pape noir», en référence au Supérieur général Adolfo Nicolas, qui dirige la confrérie depuis 2008.
A peu près dans le même registre, et avec un brin de concurrence sur le terrain de l'influence, on trouve l'Opus dei. Une organisation ultra secrète, que l'on dit aussi «élitiste et affairiste», selon ses détracteurs. Sa puissance est telle qu'elle a été surnommée la «Sainte mafia», avec ses 87 000 membres dévoués au fondateur, Jose Maria Escriva de Balaguer. C'est le bras laïc de l'Église mais il dépend directement du Pape, et non de la hiérarchie vaticane.
Entre ces deux institutions, veille la Congrégation pour la doctrine de la foi, une police de la foi et des bonnes mœurs dirigée par un préfet, le Cardinal américain William Levada. Son prédécesseur au poste est... Josef Ratzinger alias Benoît XVI, frais démissionnaire du pontificat romain. Composée de 23 membres cardinaux et archevêques, il compte aujourd'hui deux Africains, le Nigérian Francis Arinze et le Tanzanien Polycarp Pengo.
Au plan international, le Vatican entretenait des «relations diplomatiques complètes» en 2010 avec 178 États à travers le monde. Un chiffre en très forte hausse par rapport à l'année 1978 (84 États).
(*) (Pierre Siramy, le pseudonyme d'un ancien de la DGSE, les services secrets français, retraité comme sous-directeur d'administration centrale en novembre 2009).
MOMAR DIENG