Moubarak, merci d’être parti
Monsieur Moubarack Lo s’est encore fendu d’une de ces contributions dont il a seul le secret, le mettant en scène, révélant du même coup son narcissisme primaire, sa mégalomanie débordante, toutes choses qu’il partage du reste avec son nouveau mentor, l’ineffable, l’inénarrable Idrissa Seck. Ce qui nous a heurté et nous a fait prendre notre plume, c’est ce qu’il présente pour un défaut du Président de la République : un manque de parole, par le fait que le Chef de l’Etat lui aurait promis, preuve par SMS, le poste de ministre des Finances, mais qui révèle en réalité une absence d’éthique et de discernement chez Monsieur Lo, chose qu’il partage encore une fois avec Idrissa Seck, qu’il avait vomi hier, dénonçant la versatilité de ce dernier, sa tortuosité, au point de déclarer, à la veille de la dernière présidentielle, que jamais il ne soutiendrait monsieur Seck.
C’est encore la manifestation de cette tendance qu’a Monsieur Lo à profiter de l’ignorance de ceux qui ignorent son profil psychologique, pour s’épancher dans les médias, dans le seul but de se donner les beaux rôles à travers des révélations souvent tronquées, indignes d’un homme d’Etat. Cette logomachie indigeste, cette piteuse révélation qu’il vient de faire sert à nourrir son insatiable narcissisme, lui qui s’est toujours cru seul digne de diriger notre pays ou à tout le moins, son Economie.
Et si les Loutagois n’avaient pas mis un frein aux fanfaronnades de cet ambitieux comique, le peuple sénégalais tout entier aurait supporté encore longtemps sa comédie encombrante. Le propre de Moubarack Lo, la maladie qui ne le quitte jamais, c’est qu’il aime parler de lui-même et ne parle que de lui-même : au passé, au présent comme au futur. Tous les personnages qui s’illustrent autour des drames qu’il concocte ne servent qu’à davantage révéler ses hautes compétences inatteignables par nous autres mortels. Et comme il sait tout ce qui est à venir, Moubarack le Futur se voit déjà chevauchant le second tour de la présidentielle, avec, vautré à l’arrière de sa casaque multicolore Mansa Babaly Seck.
Monsieur Lo sait bien que la formation d’un Gouvernement répond à des réglages, des équilibrages, des ajustements de dernière minute qui peuvent en modifier la composition. Une démarche républicaine et une grandeur d’âme (et de foi) auraient dû l’amener à comprendre que le rêve qu’il nourrit depuis ses formations douteuses qui le font passer pour un grand économiste quand en réalité il est statisticien, l’envie de devenir ministre, peut ne pas rencontrer le chemin tracé par le bon Dieu. Il aurait pu avoir la sagesse d’admettre que la composition d’un Gouvernement est une prérogative constitutionnelle de Monsieur le Président de la République, qui n’a pas besoin de se justifier sur ses choix de dernière minute.
Au demeurant, Monsieur Lo, aussi intelligent et d’esprit supérieur qu’il prétend être, n’a pas refusé le poste de ministre-Conseiller de Monsieur le Président de la République, alors que tout le monde avait averti Macky Sall sur la mégalomanie furieuse de Monsieur Lo. Le Président Sall l’a tout de même nommé conseiller, Directeur de cabinet adjoint avec rang de ministre, poste bien plus influent que celui de ministre des Finances, pour qui sait bien se rendre utile. Quand tout allait bien, quand il se prenait en photo dans son bureau où il organisait ses grandes démonstrations économiques, les petits yeux ronds derrière ses lunettes carrées, son SMS n’existait pas encore, sa mémoire était inhibée. Macky Sall était le Mahatir Sénégalais, le Messie des temps modernes que tout le Sénégal attendait. Monsieur Lo en donnait la preuve à fort renfort de formules mathématiques et attendait dans le regard de chaque interlocuteur un signe d’approbation pour ce qu’il disait et d’admiration pour sa personne.
Il a suffi d’une demande d’audience non satisfaite et deux rappels qui ont connu le même sort, pour que patatras, tout devienne subitement gris pour sa grasse matière. Ce que Monsieur Moubarack Lo ne démentira jamais, c’est que tout est parti de la décision qu’il a prise par lui-même, à la suite de ses correspondances, de s’accorder deux mois de congés, en avertissant ses collègues que ‘’si pendant les deux mois la demande d’audience n’est pas satisfaite, les deux mois de congés deviendront une démission’’.
Il eût fallu que le président Sall cédât à son chantage pour retrouver son Einstein, ce qu’il n’a pas fait. Les conseillers du Président de la République, eux, s’étaient fait une religion sur la dimension de leur collègue, depuis sa fameuse mission à Adis quand, se prenant fort malheureusement pour le Président de la République du Sénégal, il s’en est allé prendre des engagements graves au nom du Sénégal, rabrouant au passage les représentants des ONG qui étaient présents à la rencontre. Ce fut gênant pour nos diplomates, qui ont vu Monsieur le Ministre-Conseiller se féliciter de sa propre prestation, quand l’ensemble de la délégation était pris d’émoi.
Le SMS qu’il a voulu montrer est indigne d’un homme qui se veut de son rang et révèle la méchanceté de ce personnage, la haine irascible qui l’habite et le fait agir. Si, comme il le souhaitait, Macky Sall avait accédé à ses rêves, il serait aujourd’hui encore le Mahatir Sénégalais.
Moubarack va retrouver Idrissa Seck, l’homme qui lui ressemble jusqu’à la caricature, premier à inaugurer l’injure publique au sommet de l’Etat, en déclarant Abdoulaye Wade ‘’ancien spermatozoïde futur cadavre’’, après avoir traité son rival Ousmane Ngom de ‘’bâtard’’. C’est bien cet homme qui, le premier, a révélé ses premières conversations avec Me Wade, révélé les détails des fonds que rapportait ‘’le gendarme Diedhiou’’, allant jusqu’à évoquer l’arme que détient le Directeur de cabinet du Président, dans ses fameux ‘’CD’’.
En réalité, Moubarack Lo et Idrissa Seck se ressemblent bien et peuvent s’assembler. Les Sénégalais, eux, ne se laissent pas berner par ces discoureurs professionnels qui n’ont jamais rien réussi de concret, et qui disent vivre du métier de consultant. Leurs clients apprécieront et les Sénégalais aussi. Quant au Président Sall, il doit remercier le bon Dieu de l’avoir débarrassé de ce Narcisse des temps moderne, devenu par dépit, mouchard de petite semaine.
René Pierre YEHOUME
Président MODER/APR