Une dizaine de manifestants arrêtés et des blessés graves
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La capitale du Niani, Koumpentoum, a été, ce lundi 22 juin 2020, le théâtre de violents affrontements entre les éléments de la brigade de gendarmerie et les jeunes de ladite localité. Les populations en ont assez des pénuries d’eau et sont en colère contre la Société de gestion des eaux du Sénégal (Soges).
Hier, une dizaine de jeunes ont été arrêtés par les forces de défense et de sécurité, lors de violentes manifestations. Quelques-uns ont été grièvement blessés. Ces jeunes dénoncent le manque criard d'eau dans cette ville, plus particulièrement dans les quartiers comme Guinaw Rails. C'est ainsi qu'ils se sont donné rendez-vous dans les rues pour déverser leur colère. Les jeunes, déterminés comme jamais, ont bloqué les rues et brûlés des pneus, offrant ainsi un spectacle désolant. Alertés, les hommes du commandant de brigade Ndour se sont rendus sur les lieux. S'en est suivi des affrontements et des courses-poursuites qui ont duré plus de 4 tours d'horloge. C'est d'ailleurs au cours de celles-ci que certains manifestants ont eu la jambe ou le bras cassés.
Depuis plusieurs mois, le liquide précieux ne coule plus normalement dans cette partie du pays, avec comme conséquence des coupures intempestives d’eau. Une situation qui a fini de mettre la population en colère et très remontée contre la Société de gestion des eaux du Sénégal (Soges).
Selon les manifestants, cette société a fini de montrer ses limites et doit, par conséquent, dégager. "Depuis plus d'un an qu'elle est ici, elle n'a rien réglé. Les coupures sont de plus en plus nombreuses", fulmine un des manifestants. En effet, dès son arrivée, la Soges, qui prend en charge 184 forages dans les 4 départements de la région de Tambacounda, n'a pas trouvé la solution pour réussir une de ses missions : l'eau en quantité. Elle avait laissé entendre, dès le départ, que le problème serait réglé et le réseau réhabilité. De plus, la société avait insinué qu'avec un seul forage, le besoin en eau serait comblé. Mais avec deux forages à Koumpentoum, les populations peinent toujours à s'abreuver correctement.
Lors d'une marche pacifique organisée le 14 février dernier, les populations du Niani avaient réclamé la rupture du contrat de la Soges pour incompétence et incapacité à satisfaire la demande sociale. A la fin de cette marche, un mémorandum avait été remis au préfet Amdy Mbengue. Mais aucune suite n'a été donnée à ce mémorandum.
Dès lors, les jeunes, en réunion le dimanche 21 juin 2020 au foyer des jeunes de Koumpentoum, ont décidé de changer de stratégie, en manifestant violemment pour se faire entendre par les autorités. "Nous avons marché pacifiquement à deux reprises, mais personne n'a réagi. C'est pourquoi nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure", expliquent les manifestants. Qui, en plus d'être très remontés contre la Soges dont ils exigent le départ, pointent aussi du doigt les autorités locales.
Selon eux, ces dernières n'ont rien fait pour améliorer leurs conditions de vie. Tout compte fait, cette situation qui prévaut depuis quelque temps dans la capitale, doit vite trouver une issue heureuse, car la patience des populations a atteint ses limites. "Nous exigeons de l'eau !", scandent-elles.
Boubacar Agna CAMARA (Tamba)