Publié le 18 Aug 2022 - 23:10
MANQUE DE SEMENCES ET D’INTRANTS A TAMBACOUNDA

La grande inquiétude des agriculteurs  

 

Chaque année, à cette période, le ministre chargé de l’Agriculture fait une tournée pour voir l’état d’avancement des semis. Cette tournée, qui a démarré hier à Tambacounda, a été une occasion pour les acteurs de souligner le manque de semences et d’intrants qui risque d’impacter négativement sur la production.

 

La tournée agricole 2022 du ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, a démarré hier, dans la région de Tambacounda. Trois sites situés dans les communes de Missirah et de Sinthiou Malème ont été visités à cet effet. Les agriculteurs, même s’ils se félicitent de l’accompagnement de la tutelle, déplorent le déficit criard de semences, mais également d’intrants. Ce qui risque d’avoir un impact négatif sur la production de cette année.

Selon Abdou Khadre Sakho, propriétaire d’un champ de 9 ha d’arachides et d’un autre de 3 ha de mil à Touba Fall, dans la commune de Sinthiou Malème, les semences sont certes venues à temps, mais la quantité était minime. Il estime que le quota destiné à sa commune est petit. Il arrive à peine à couvrir une partie de la demande, déplore-t-il. ‘’Notre commune compte 87 villages et la quantité de semences était loin d’être suffisante. Beaucoup de cultivateurs ont dû revoir leur demande à la baisse. Malgré tout, nous faisons avec les moyens du bord et nous espérons, avec la bonne pluviométrie, avoir de bonnes récoltes’’, dit-il.

L’adjointe au maire de la commune de Sinthiou Malème, Diaraye Ba, a quant à elle a souligné le manque de points de collecte dans la commune. À en croire la représentante du maire, il y a un seul point de collecte dans la commune et ce dernier polarise les 87 villages. Pour elle, cette situation engendre l’insécurité. C’est pourquoi, dit-elle, à chaque distribution de semences, des gendarmes sont déployés pour sécuriser le lieu et éviter des bagarres.

Concernant ce point, le ministre a fait savoir que certains points de collecte existent depuis l’indépendance. De ce fait, avec l’acte III de la décentralisation, il urge  de revoir la distribution. Tout relève d’une réorganisation.

Le manque de fertilisant impacte la production du coton

À Barkewel, dans la commune de Missirah, Ousmane Cissokho, propriétaire d’un champ de coton, a expliqué que la culture du coton a diminué fortement cette année, parce que les fertilisants, qui ne sont pas subventionnés, sont très chers. ‘’Pour le coton, on cultivait jusqu’à 10 ha, mais aujourd’hui, si l’on s’en tient à 5 ha, c’est que l’engrais est cher. Un seul sac d’engrais coûte 29 000 F CFA et un sac d’urée 39 000 F CFA’’, informe-t-il.

Il invite ainsi le ministre à les accompagner par la subvention de fertilisants. Le directeur général de la Sodefitex, Pape Fata Ndiaye, confirme ses dires. Il affirme que l’augmentation fulgurante des prix des fertilisants a fortement réduit le plan de campagne des cultivateurs. Le ministre de l’Agriculture espère que cette situation va changer, mais si elle perdure, il promet que l’État mettra tout en œuvre pour accompagner les producteurs.

Par ailleurs, M. Baldé s’est réjoui de l’initiative d’un entrepreneur, Cheikh Sarr, qui est dans l’agrobusiness. L’homme, qui détient une ferme de 350 ha à Gouloumbou, crée de l’emploi pour les jeunes et lutte contre l’émigration irrégulière. Grâce à sa ferme, beaucoup de jeunes ont trouvé une occupation et ont décidé de rester au pays. Pour le ministre, c’est un exemple qui doit être multiplié dans le pays.

Boubacar Agna Camara (Tambacounda)

 

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