‘’Il n’y a pas de pénurie d’eau, mais des irrégularités’’
Le ministre de l’Hydraulique n’y est pas allé par quatre chemins en parlant de la desserte du liquide précieux. Des ‘‘irrégularités’’ expliquent les perturbations récurrentes dans la distribution d’eau. Qu’à cela ne tienne ! Il annonce un large programme de construction de forages qui permettrait à terme 60 mille mètres cubes additionnels.
Les problèmes d’approvisionnement en eau de certaines populations de la capitale font réagir la tutelle. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Mansour Faye, a décidé d’accélérer les mesures, et de prendre le taureau par les cornes. En compagnie de toute la task-force de l’hydraulique, il a entrepris une tournée hier dans les quartiers ‘à sec’ de Dakar. Dans le populeux quartier de la Médina, dernière étape de la visite, ce sont des populations préoccupées qui ont exposé leurs problèmes au ministre de l’Hydraulique accompagné des directeurs de la Sde et de la Sones. ‘‘Nous avons de l’eau aux heures tardives de la nuit. Et là encore, la pression est faible’’, souligne une femme dans une maison de la Rue 4. Une bronca est vite improvisée au deuxième étage de cette bâtisse par des femmes et enfants scandant ‘‘nous voulons de l’eau !’’ dans ce quartier en hauteur où le liquide précieux est disponible par intermittence. Sa qualité a aussi été décriée puisque l’eau est de coloration brunâtre par moment.
Les trois premières étapes, Camp Leclerc, Cices et Nord-foire étaient moins problématiques mais la situation d’ensemble y était sensiblement similaire et les enjeux tout aussi cruciaux. Suffisant pour que Mansour Faye mette les bouchées doubles en annonçant une panoplie de mesures prises contre les pénuries. Ainsi un programme de sécurisation de Dakar prévoit des forages pour contribuer à l’amélioration de la production en eau potable. ‘‘Il y en a quatorze dont sept fonctionnels, et trois en cours d’équipement. Un forage est toujours un forage, il peut y avoir des échecs. Mais à la date prévue, ceux du camp Leclerc, Nord-Foire et du Cices seront fonctionnels pour atteindre plus de 40 mille mètres cube par jour.
Avec ce volume, les zones dures telles que Nord-foire, Conachap, Liberté 6 Extension, une partie des Parcelles assainies verront leur desserte améliorée’’, se réjouit le ministre de l’Hydraulique. Malgré le rendez-vous manqué du 30 juin dans la réalisation du programme d’urgence Alimentation en eau potable (AEP) visant 40 mille mètres cubes, le ministre fait état de 27 mille mètres cubes déjà disponibles à quatre jours de la fin de ce mois. ‘‘Le 30 juin, on sera à 37 mille 500 mètres cubes jour, c’est-à-dire 94% de l’objectif fixé. Avec les deux échecs du littoral, on n’atteindra pas les 40 000 mille fixés initialement mais 94% constituent un rendement assez important’’, fait-il savoir, dans ce programme qui a coûté 7 milliards à l’Etat pour des équipements d’une durée de vie de 50 ans maximum.
Ces sites faisaient partie de la deuxième phase de ce programme prévue en décembre. Mais compte tenu des difficultés persistantes, le ministère a estimé réaliser ces trois forages qui vont produire un volume additionnel au plus tard le 15 juillet. Ceci dans une dynamique que Dakar ne puisse plus connaître des problèmes de pénurie. Mansour Faye annonce comme palliatif avoir anticipé sur la deuxième phase qui consiste à avoir 20 mille mètres cubes supplémentaires au 31 décembre. ‘‘Personne n’a échoué, les équipes travaillent pour arriver à respecter les objectifs que nous leur avons assignés’’, lance-t-il. Preuve de son optimisme, le ministre refuse de parler de ‘‘pénurie’’ mais d’‘‘irrégularité’’ et en expose les raisons dont la première est la production que ce programme tente d’améliorer.
La Senelec égratignée
Mansour Faye n’a pas manqué d’attribuer à la société nationale d’électricité sa part de responsabilité dans la fréquence de ces coupures. Le facteur le plus important demeure sans doute l’autonomisation énergétique du réseau de distribution d’eau. ‘‘Les stations de forage sont alimentées à partir du réseau électrique. S’il y a coupure, le forage ne fonctionne plus. Résultat des courses : il y a manque d’eau. Le président a validé un programme de 14 milliards pour autonomiser l’énergie et ne plus dépendre de la Senelec’’, déclare le ministre. Dakar a un problème de stockage car il ne garde que 75 mille mètres cubes environ, c'est-à-dire 3 heures de consommation. Il est prévu de faire des réservoirs stratégiques. ‘’Si on parvient à emmagasiner l’eau pendant 8 heures à 24 heures, les châteaux d’eau vont fonctionner de façon gravitaire’’ rassure le ministre de l’Hydraulique. Par ailleurs, la relation entre la Sones qui s’occupe d’investissement et du patrimoine et la Sde qui s’occupe de l’exploitation est au beau fixe, selon le ministre. ‘‘Je vous assure qu’il n’y a pas de crise’’, déclare-t-il.
Ousmane Laye Diop