C’était bien plus qu’une marche, ces gens ont couru. Leur détermination est souvent venue à bout de la concentration des forces de l’ordre qui ont suivi le rythme. Sous la bannière d'un responsable des élèves et étudiants libéraux, la bande de jeunes s’est inopinément détachée en courant. Dans les rangs, un Farba Senghor dynamique à la veste froufroutante a suivi la cadence. La meute d’éléments antiémeute a suivi la poussière avant d’être tirée d’affaire par d’autres éléments massés sur le rond-point jouxtant la Banque centrale.

 

Les libéraux rebroussent alors chemin sur injonction. Puis, la foule monstre reprend le chemin avec des enjambées dignes de marathoniens. En moins de 30 minutes, ils sont déjà à la poste de la Médina, point de chute de la marche. Le passage devant la RTS a vu le griot Abdoulaye Mbaye Pekh soulevé et porté en triomphe. ‘’Cela m’a fait plaisir, c’est la RTS qui est mon lieu de travail et c’est à partir d’ici que je réitère ma fidélité au président Wade’’, lâche-t-il, souriant et joyeux comme un enfant.

 

Et le Cheikh Demba Dia brandit le ‘’Sengor’’

 

La mobilisation a été mammouth au point où le Cheikh Demba Dia a pu se permettre un show. Puis il s’offre un bain de foule à travers un sprint au bout duquel il tend bien raide un ‘’Sengor’’ comme le font les gladiateurs de l’arène sénégalaise. Quand Rock Mbalax s’y met, les limites n’ont plus de frontière ! La poste de la Médina vomit du monde à travers des artères qui sont au bord de l’explosion.

 

Pour Bara Gaye le responsable des jeunes du parti, le tour était déjà joué. Suffisant pour qu’il rappelle les troupes : ‘’Avec cette mobilisation grandiose, nous n’avons plus rien à dire sinon de demander aux militants de rentrer chez eux et de rester à l’écoute des autres étapes du plan d’action qui leur seront communiquées sous peu’’. Puis cet avertissement à Macky Sall : ‘’Nous avons une forte expérience de l’opposition, vous avez intérêt à faire gaffe’’.

 

Karim Wade plébiscité

 

Sur les têtes, planent toute sorte de pancartes avec des messages les uns plus assassins que les autres. «Macky égale Hitler», «Non à la dynastie Faye-Sall-Gassama-Thimbo», «Macky Sall égale Bokassa 1er»... Que dire de ces jeunes qui brandissent un matelas sur lequel on peut lire : ‘’Nous avons notre matelas pour Rebeuss’’. Dans cette foule hystérique, le nom de Karim Wade est sur toutes les lèvres. C'est un absent hyper présent, plébiscité par des militants qui croient tenir en lui le «prochain président du Sénégal».

 

Sur les axes qui mènent en ville et à la corniche, deux dragons de la Police nationale veillent aux débordements. Un imposant dispositif sécuritaire a accompagné une marche riche en tout. Comme en atteste ce sourire du lutteur ’’Yawou Dial’’ qui a hanté la foule à travers une dentition bien défaillante...

 

Amadou NDIAYE

 

 

 

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