Publié le 30 Oct 2024 - 17:02
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE

​​​​​​Une voix pour les femmes et les enfants

 

Désormais figure politique sénégalaise, Mariam Selly Kane, originaire du ‘’pays de la Teranga’’, est connue par l’opinion publique sous sa casquette de journaliste. Militante de la rigueur et présentatrice influente, elle utilise sa voix pour défendre les causes qu'elle estime justes. Elle participe aux élections législatives du 17 novembre 2024. Mais qui est donc MSK, la tête de liste de la coalition MSK Deekkal Yaakaar ? Découvrez la version ultime de Mariam Selly dans ce portrait.

 

Mariam Selly Kane est une femme de conviction, dont le parcours allie engagement public, passion pour la culture et détermination à servir le bien commun. Elle est née et a été élevée dans une famille étroitement liée à l'administration territoriale et aux sphères de pouvoir du Sénégal. Cela l’a influencée et l’a poussée à entrer en politique. ‘’Je crois que ce déclic pour la politique vient du fait que je suis la fille d'un administrateur civil, qui a vécu toute sa vie dans l'administration territoriale, car il a été gouverneur de région’’, confie-t-elle. D’après MSK, son père l’a éduquée au respect de l'État, du système et ce depuis toute petite. ‘’On a côtoyé certains présidents, dont Senghor et Abdou Diouf, parce que mon père était gouverneur. Quand le chef de l’Etat séjournait dans une région, il résidait à la gouvernance. Ainsi, très jeune, j’ai pu côtoyer des hommes d'État. J’ai connu Abdou Diouf alors qu’il n’était pas encore président de la République, de même que Moustapha Niasse qui n'était pas encore président de l'Assemblée nationale’’.

Mariam a hérité d'une profonde proximité avec l'État et ses valeurs, car son père, en tant que gouverneur de région, lui a inculqué un respect indéfectible pour les institutions, un fil rouge qui semble avoir  guidé son engagement tout au long de sa carrière. Elle a fait le choix, pendant longtemps, de rester à équidistance des chapelles politiques, parce qu’étant journaliste. ‘’Il faut avoir une certaine liberté de ton quand on est journaliste’’, indique-t-elle.

Pur produit de l’école sénégalaise, elle est toute fière de le dire. Elle a étudié au Sénégal avant de décrocher un Master en communication organisationnelle à l'université de Montréal où elle a étudié entre 1997 et 2001. ‘’J'ai étudié à la Maison d’éducation Mariama Ba de Gorée. Après, j'ai fait le Centre d'études des sciences et techniques de l’information, le Cesti. Ensuite, je suis allée travailler à la RTS. J'ai opté pour le service public de l'audiovisuel, j'ai travaillé à la RTS comme journaliste reporter. Après, j'ai travaillé comme présentatrice d’émissions’’.

Elle a gravi les échelons et a même occupé le poste de directrice de la RTS2 et par la suite conseillère spéciale du DG pour les contenus. Un parcours impressionnant qui confirme le professionnalisme de MSK. ‘’J'ai quand même fait des études au Canada. Depuis que je suis rentrée du Canada, j'ai eu beaucoup d'opportunités pour travailler pour le système des Nations Unies, aller travailler pour des ambassades et tout ça et finalement, j'ai opté pour rester dans le service public de l'audiovisuel’’. MSK a donc trouvé son terrain d'action à la RRS2.

Au cours de ses 34 années au sein de la RTS, elle façonne et promeut une approche militante du journalisme, voyant en ce métier un levier puissant pour la justice sociale et l’éducation. ‘’J'ai opté pour rester dans le service public de l'audiovisuel, parce que ma conception du journalisme est une conception d'un journaliste militant’’, a-t-elle insisté.

Plusieurs cordes à son arc

Mariam Selly Kane est une journaliste rigoureuse, une présentatrice influente. Vous l’aurez lu, son parcours témoigne d'un engagement sans faille, pour un service public fort et au service du peuple sénégalais, un espace où les voix minoritaires peuvent être entendues. Par son travail, elle contribue à la formation d'une génération d'auditeurs éclairés et critiques, tout en aidant de nombreux jeunes talents du monde artistique à émerger. ‘’Mariam Selly Kane est aussi une militante de la culture. Nous avons créé beaucoup d'événements culturels dans ce pays. Nous avons fait partie des fondateurs des Rencontres cinématographiques de Dakar. Nous avons initié pendant 10 ans les Rencontres de la semaine du cinéma québécois et canadien au Sénégal’’. Ainsi, parallèlement à son rôle dans l'audiovisuel, elle s'investit dans la scène culturelle sénégalaise.

Co-organisatrice des Rencontres cinématographiques de Dakar et active dans l’organisation de la Biennale de Dakar dans les années 92, elle agit en véritable ambassadrice de la culture. Pour elle, ses actions dans ce domaine reflètent une volonté de mettre en lumière la richesse et la diversité des expressions artistiques.

MSK est aussi une fervente défenseure des droits des femmes. Elle fonde le Réseau pour le développement des femmes du Nord, rassemblant des milliers de femmes à travers le pays. ‘’Nous sommes aussi dans le mouvement associatif. Nous avons un réseau, c’est le Réseau pour le développement des femmes du Nord. Un groupe de 4 000 femmes qui sont de Saint-Louis à Bakel avec des antennes reconnues, qui sont organisées sous forme de GIE’’. Ce réseau, qui est né en 2011, vise à promouvoir l'autonomie économique, l'entrepreneuriat et le leadership féminin. À travers cette initiative, Mariam donne une voix aux femmes, en leur offrant des espaces pour se développer et s'épanouir. Elle fait de leur autonomisation une priorité, convaincue qu'un développement inclusif passe par un rôle plus central des femmes dans tous les domaines. ‘’Il n'y a pas que cette association ; il y a l'Amicale des anciennes de Mariama Bâ de Gorée que j'ai dirigée pendant cinq ans à un moment donné et dont je suis toujours active. Il y a aussi d'autres associations comme les petits-fils de Thierno Souleymane dont je suis membre fondatrice et chargée de la communication (…)’’.

Ses motivations pour les Législatives

Après avoir laissé une empreinte dans les médias et dans l'engagement culturel, Mariam Selly Kane se tourne vers la politique. Avec une vision claire et indépendante. Candidate aux élections législatives, elle incarne un renouveau politique, prônant des valeurs de justice, d'égalité et de développement. Elle explique : ‘’J'ai toujours refusé de faire de la politique politicienne, parce que je pensais que c'était en inadéquation avec mon métier de journaliste, mais la politique du développement, oui, ça je l'ai fait depuis bientôt 15 ans avec ce Réseau pour le développement des femmes du Nord pour lequel nous sommes allés chercher des financements, nous les avons aidées à formaliser des projets, nous les avons rendus  banquables. Nous sommes allés chercher des fonds pour démarrer leurs activités et notre fierté est de voir aujourd'hui que ces femmes sont des femmes qui peuvent aller d'elles-mêmes et ont volé de leurs propres ailes.’’ Son programme est à l'image de son parcours, avec l'accent sur la jeunesse, l'éducation et la parité, et avec un regard critique sur la nécessité de placer des femmes compétentes et réellement engagées aux postes de responsabilité. Elle aspire à changer le paysage politique sénégalais en instaurant un dialogue plus inclusif, en dehors des clivages partisans.

De signe poisson, elle se définit comme une personne entière, qui s’engage à 100 %. ‘’Je crois que c'est ma qualité et mon défaut ; je n'ai pas de demi-mesures. Soit on y va à fond ou bien on n’y va pas du tout. Il paraît que les poissons sont comme ça, ils réfléchissent beaucoup avant de s'engager. Mais dès qu'ils s’engagent, c’est à fond’’, dit-elle en se marrant.

Mariam Selly Kane, prône les valeurs universelles : la paix, la sécurité pour les femmes et les jeunes. Elle prône l’entente, la solidarité familiale, la bonne éducation. ‘’J’ai été formée à Mariama Ba et nous étions supposées sortir de cette école en étant des femmes complètes. Bien formées de façon académique, mais aussi bien formées dans les traditions et dans l'éducation de notre pays. Donc, nos valeurs sont vraiment des valeurs d'entraide, de solidarité, de paix et de concorde’’, renchérit-elle.  Elle explique que c’est la raison pour laquelle la coalition MSK Deekkal Yaakaar a opté pour une ligne médiane. ‘’Ne pas être dans des blocs de radicalisme, des blocs de gauche, des blocs de droite, mais plutôt rester sur une ligne médiane pour faire la balance, comme on dit en québécois, c'est-à-dire jouer le camp de l'équilibre. Quand nous serons au Parlement, si nous voyons qu’un camp va dans une direction qui n'arrange pas les populations, nous pouvons avoir notre libre opinion et voter contre. Nous voulons garder cette liberté d'action, ne pas être juste des parlementaires qui appartiennent à des groupes parlementaires et qui vont fermer les yeux sur certaines déviances sans réfléchir’’.

Retenez de MSK que c’est une femme d'action, une voix de la culture, mais aussi une femme engagée inébranlablement pour la cause des femmes et des jeunes. Par son action, elle espère offrir une nouvelle vision de la politique, fondée sur la transparence, l'éthique et le service à la communauté. Elle adresse comme message aux femmes d’avoir le droit de choisir. ‘’Le choix, c'est quelque chose qui s'assume, parce que si vous assumez votre choix, demain, vous serez autorisées à vous prononcer, à vous exprimer parce qu’au moins, vous aurez osé faire un choix. Mais si vous déléguez votre choix et que la personne en fait ce qu'elle veut ou bien vous amène dans une direction que vous n'avez pas voulue, vous ne pourrez rien dire parce que vous aurez laissé un choix que la démocratie et la Constitution des lois de ce pays vous ont offert. Vous subirez, parce que quelqu’un aurait choisi pour vous’’.

THECIA P. NYOMBA EKOMIE

 

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