Dr Bineta Diagne, l’Étoile qui brille à l’hôpital de Ourossogui

Les femmes du monde entier ont été célébrées, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le 8 mars. À Matam, cette commémoration a permis de mettre en lumière la responsable du laboratoire de l’hôpital de Ourossogui, docteure Bineta Diagne. Une femme pieuse qui excelle dans le Nord, loin de sa petite famille à Dakar.
La trajectoire de celle qui occupe, depuis septembre 2023, le poste de responsable du laboratoire du centre hospitalier régional de Ourossogui est empreinte de résilience et d'abnégation. Docteure Bineta Diagne est une jeune femme née à Dakar, que le destin a conduite au nord du pays pour servir des compatriotes des zones déshéritées. Cette philanthropie, elle l'a développée très tôt dans sa cellule familiale, étant l’aînée d'une fratrie de quatre enfants.
Aînée d'une famille de quatre enfants
Bineta Diagne, qui porte le voile, a reçu une éducation religieuse rigoureuse. Aujourd’hui, elle est une véritable panégyriste de ses parents, qui l'ont envoyée dans la prestigieuse école Mariama Niasse. Dans cet établissement scolaire privé de référence, fondé en 1994, elle a suivi tout son cursus scolaire jusqu'en classe de terminale. Ce sera finalement à l’école Khadimou Rassoul que Bineta obtiendra son baccalauréat, en série S2. Ce sésame lui ouvrira les portes des études supérieures.
Alors que de jeunes bacheliers cherchaient par tous les moyens à poursuivre leurs rêves en Europe ou au Canada, Bineta choisit de rester et de prouver qu’il est possible de réussir à l’université Cheikh Anta Diop, malgré les sempiternelles tribulations. Elle sera orientée à la faculté de Médecine, elle qui a toujours aimé les SVT (sciences de la vie et de la terre).
‘’Depuis le collège, j’ai toujours été passionnée par la biologie, confie-t-elle. Les SVT étaient ma matière préférée et j’adorais regarder des séries médicales, surtout lorsqu’elles montraient des analyses au laboratoire. Après le bac, j’ai été orientée à la faculté de Médecine, au Département de pharmacie, sans même savoir qu’il existait une filière dédiée à la biologie. Dès que je l’ai découverte, j’ai su que c’était ce que je voulais faire’’, raconte-t-elle.
Elle performe loin de sa fille de 2 ans
Pour cette jeune femme, mariée et mère d'une adorable fille de 2 ans, la vie est un perpétuel combat. À la Fac, elle fera abstraction de toutes les tentations pour se consacrer exclusivement à ses études. Elle passera avec succès les examens jusqu’à la 5e année. C'est à la fin de sa 5e année qu'elle réussira le concours d'internat des hôpitaux du Sénégal, après une première tentative avortée.
‘’Après ma 5e année, j’ai passé le concours d’internat des hôpitaux du Sénégal, organisé par le ministère de la Santé, que j’ai réussi lors de ma seconde tentative. Ensuite, à partir de la deuxième année d’internat, j’ai effectué quatre ans de spécialisation, le DES (Diplôme d’études spécialisées) en biologie clinique’’, se rappelle-t-elle avec toute l’humilité qui la caractérise.
Si, aujourd’hui, la docteure Bineta Diagne gère avec beaucoup de sérénité le laboratoire du centre hospitalier régional de Ourossogui, c’est parce qu'elle a su affûter ses armes dans plusieurs services. Elle a le privilège de côtoyer les maitres de son domaine et de ses ramifications. ‘’Concernant les stages, nous les commençons à partir de la 4e année de pharmacie. Par la suite, avec l’internat, nous faisons quatre ans de stage dans les différentes spécialités de la biologie, à savoir l’hématologie, la bactériologie, la biochimie et la parasitologie. Actuellement, j’occupe mon premier poste en qualité de biologiste au laboratoire du CHR de Ourossogui’’, explique-t-elle.
‘’Je veux être l’unique épouse de mon mari’’
En service dans la ville carrefour de Ourossogui, Dr Diagne vit éloignée de son mari et de sa fille, mais elle garde toujours son beau sourire. Son dévouement au travail et son sens élevé de l’éthique la maintiennent dans une forme d'ataraxie. Malgré un climat hostile et un environnement exotique, la pharmacienne biologiste a réussi à s'adapter.
Cependant, de temps à autre, lorsqu’elle obtient des permissions, elle parcourt les 500 km pour retrouver la chaleur familiale et le sourire angélique de sa fille qui lui manque beaucoup.
Pleinement engagée dans le combat pour l’émancipation des femmes, docteure Bineta Diagne n'en demeure pas moins une femme ancrée dans les valeurs islamiques. Elle ne condamne pas la polygamie, même si elle préfère rester l'unique épouse de son mari : ‘’En tant que femme musulmane, je ne peux pas être contre la polygamie, car c’est un droit accordé aux hommes. Cependant, je préfère être la seule épouse de mon mari’’, dira-t-elle.
Pour cette brave dame en service à l’hôpital de Ourossogui, sa mère reste sa référence. Elle nourrit de grandes ambitions, comme celle d’ouvrir son propre laboratoire de biologie médicale, un rêve déjà accompli par certaines femmes aux destins majuscules.
Djibril Bâ (Matam)