L’Asbef replonge dans le noir
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La bataille initiée par les employés de l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef) contre la directrice Myriam Makéba Mingou n’est pas encore terminée. Malgré la décision du juge d’instruction désignant Aida Soumaré Diop administratrice de ladite clinique pour une année, la première nommée ne veut céder sa place.
L’affaire Asbef (Association sénégalaise pour le bien-être familial) refait surface. La tension était plus que perceptible, hier, au siège de la clinique de ladite association. Déterminés, les travailleurs n’ont pas senti la forte canicule et semblent n’en avoir cure des risques liés à la pandémie. Ils n’avaient qu’une chose en tête : installer leur nouvelle administratrice, comme stipulé par le juge d’instruction, suite à un différend avec leur ‘’ancienne’’ directrice exécutive.
Très tôt le matin, hier, le Comité intérimaire de gouvernance est venu installer l’administratrice Aïda Soumaré Diop, désignée par le juge d’instruction. Mais il s’est heurté à un refus catégorique de la directrice exécutive déchue, Myriam Makéba Mingou. Selon Maguette Ndiaye, agent de l’Asbef, la directrice déchue a engagé des nervis qui ont bloqué l’entrée. La nouvelle administratrice est également venue avec sa cohorte et les choses ont vite dégénéré. Les vigiles des deux camps en sont arrivés aux mains. C’en est suivi une bataille avec les vigiles. N’eût été l’intervention de la police, le pire allait se produire. Les forces de défense et de sécurité ont demandé le renvoi de la cérémonie d’installation, afin de régler les choses.
Pourtant, renseigne Aïda Soumaré Diop, ils ont reçu une ordonnance, la semaine dernière, la désignant administratrice de l’Asbef pour une année. ‘’Ce matin, je suis venue pour prendre service. Madame Mingou nous a refusé l’accès de l’association. Elle s’est barricadée et a mis des nervis devant la porte. Pour ne pas verser dans la violence et comme nous avons la légalité avec nous, on attend. On va continuer à nous battre de façon légale pour faire exécuter l’ordonnance du juge’’, précise Mme Diop.
A son avis, rien ne suspend l’exécution de l’ordonnance du juge. ‘’Madame Mingou dit qu’elle a interjeté appel. L’appel n’est même pas recevable. Il n’empêche, on attend. Elle croit que l’appel est suspensif, mais non’’, souligne-t-elle.
Les employés de l’Asbef reprochaient à Mme Mingou une mauvaise gestion et des malversations. Ils ont demandé son départ. Ce que cette dernière n’a pas fait. En tant que directrice, Myriam Makéba Mingou a continué à gérer l’association, malgré la contestation. Finalement, une plainte a été déposée contre elle. La gestion contestée par l’administration a été signalée par Patrick de Souza, requérant dans cette affaire via son conseil au juge d’instruction. La stabilité, la santé économique de l’entité étant menacées, il a demandé que la gestion des affaires soit confiée à Aida Soumaré Diop. Une requête approuvée par le juge d’instruction, le ministère public ne s’étant pas opposé. La décision a été prise au tribunal de grande instance hors classe de Dakar, au niveau du premier cabinet.
L’ordonnance aux fins de mesures provisoires a été signée le 8 juin par le juge d’instruction du troisième cabinet Abdoulaye Hassane Thioune, substituant Samba Sall, Doyen des juges d’instruction dudit tribunal avec effet immédiat.
Myriam Makéba Mingou est donc tenue de confier les rênes à Aida Soumaré Diop sans conteste. L’avocat de la défense avait signalé des agissements frauduleux de la dame Minguou qui ont créé des troubles au niveau de la structure. Allant jusqu’à préciser que cette dernière comptait mettre à terre ladite clinique. ‘’Ces agissements frisent le sabotage total pour mener à la ruine l’Asbef’’, lit-on dans l’ordonnance.
Pire, malgré les notifications qui lui avaient été faites, elle a tenu tête à l’administration. ‘’Elle a licencié des médecins, agents et infirmiers qui n’étaient pas dans son camp. Madame Mingou, note toujours l’avocat dans sa demande, avait fait venir une milice de nervis qui interdisait l’accès de la clinique à toutes les personnes qu’elle considérait comme hostiles à sa façon de gérer. Le conseil précise toujours que la dame Mingou est responsable de plusieurs malversations et confections de faux documents’’. Les déclarations sur l’honneur de Coumba Diop, Gora Amar et Pape Maguette Ndiaye, tous des volontaires au niveau de l’Asbef, ont enfoncé le clou.
La clinique Asbef connait depuis plusieurs mois un problème de gestion dénoncé par certains employés. Dans la foulée, une bataille sans précédent s’en été suivie via les juridictions compétentes.
A noter que Myriam Makéba Mingou avait été inculpée pour détournement de deniers publics, violences et voies de faits, atteinte aux libres exercices de travail. Elle a également été inculpée pour faux et usage de faux en écriture privée ainsi que son acolyte Lat Diouf, aussi poursuivi pour complicité au même titre qu’Adjaratou Ndaw Thèrèse Diouf, entre autres.
Nous avons tenté de joindre Mme Mingou en vain pendant toute la journée d’hier.
VIVIANE DIATTA