‘’Engager des réformes intelligentes à la place de révolutions barbares’’
Son plus grand objectif est de faire des Parcelles-Assainies une ville moderne. Mais pour y arriver, l’ingénieur géomètre Moustapha Kane doit d’abord gagner les élections locales. Dans cet entretien, le candidat de la coalition Sénégal 2035 passe en revue son programme axé sur cinq chapitres, avec le concept P.A Smart City.
Parlez-nous de P.A Smart City ?
P.A Smart City est un projet de société qui, à la base, était une volonté de participer au développement socio-économique de la localité. On a commencé par un mouvement citoyen en tant qu’acteur de développement résident aux Parcelles-Assainies. Mais on a constaté que nous n’avons pas les leviers pour prendre les décisions. Même si on avait les moyens, avec la mentalité et l’absence de gentleman agreement de l’autorité qui est en place, on ne pouvait pas faire des activités d’envergure publique, même si notre localité a un fort potentiel en ce qui concerne son capital humain, sa position géographique préférentielle.
Car on est à deux minutes de la route nationale, à 10 minutes du Port autonome, à 10 minutes du centre-ville, à 20 minutes de la plateforme économique de Diamniadio et à 30 minutes de l’aéroport. Dans les localités, on a des compétences transférées. Mais on ne peut pas tout faire sans l’appui de l’Etat, sans un projet, sans de l’intelligence. On a vu que le monde va vers une économie durable, des pratiques durables et on a besoin de conserver notre environnement tout en maintenant la nécessité de l’industrialisation et celle de la production.
Pour pallier ces deux urgences de durabilité et de développement, on a besoin de tirer les leçons des villes occidentales qui ont des problèmes environnementaux, de mobilité urbaine, d’aide écologique. C’est pour cette raison qu’il nous faut de l’intelligence et porter le développement socio-économique. Car on est dans un pays qu’on dit émergent où l’indice de développement humain n’est pas du tout respecté. On n’a pas encore atteint les objectifs mondiaux de développement. Donc, il nous faut l’intelligence. C’est pour cette raison que nous avons choisi ce concept.
Est-il adapté aux Parcelles-Assainies ?
Il est possible qu’il soit adapté à notre commune et c’est que nous allons faire. Il nous faut des choix et des options politiques intelligentes. Parce que si on choisit d’être adversaire de l’Etat, alors qu’on n’a pas toute la puissance économique, ni la liberté d’action pour pouvoir porter en bandoulière le développement de notre localité, c’est problématique. Si je prends l’exemple de l’assainissement, c’est une compétence non-transférée, mais ses conséquences sont toujours attribuées au maire en place. S’il y a inondation, il y a la détérioration du cadre de vie, il y a des conséquences sur la santé et la sécurité qui sont des compétences transférées. Donc, il nous faut de l’intelligence tout en collaborant avec l’Etat et défendre les intérêts de notre localité. D’où le choix de ce concept pour ma localité P.A Smart City, qui veut dire ville intelligente.
En ce qui concerne le développement, la politique, les choix écologiques, la politique sportive et culturelle, il nous faut de l’intelligence. Ce n’est pas un concept qu’on a entendu et qu’on veut copier. C’est un concept qu’on a développé et qu’on a pu coller à notre réalité. C’est le moment d’engager des réformes intelligentes avec P.A Smart City, à la place de révolutions barbares.
Comment comptez-vous vous y prendre, sachant que, comme vous dites, vous êtes un opposant et l’Etat ne vous appuiera pas ?
Nous pensons d’abord la dématérialisation des procédures pour gagner du temps. Nous voulons aussi un système de gestion des données dématérialisées. Puisque je suis ingénieur géomètre (géomaticien), je ne suis pas politicien à la base, donc je suis acteur de développement. C’est pour cette raison qu’on a développé ce concept et on l’a adopté à notre réalité. On veut vraiment connecter notre commune. On va commencer de manière graduelle, en connectant les espaces publics, les écoles, l'Administration. On va aussi dématérialiser les procédures.
Par exemple, les requêtes pour obtenir un acte administratif, l’état civil, entre autres. On va créer un centre (Ct-Center) où collecter les données de la commune et un système de gestion de tout le service public. On a prévu de créer un plan de mobilité urbaine, parce qu’on veut aménager notre plage pour pouvoir la connecter. Notre plage est très belle et fait 300 m de large et 1km200 ; on a une corniche et un potentiel fiscal. On a quatre marchés : tout ceci pour répondre aux urgences, aux exigences et faire en sorte d’avoir une ville moderne, parce qu’il faut impliquer tout le monde. Que toute la population s’approprie le développement socio-économique de notre localité.
Mais le fait de trouver le budget nécessaire nécessite de l’intelligence. On veut vraiment faire un incubateur de startup au niveau des Parcelles-Assainies. Pour y arriver, il faut être smart, car il faut élargir notre assiette fiscale en trouvant des ressources alternatives et additionnelles avec les partenaires, les collectivités, les ambassades, les institutions internationales. On doit se baser sur notre patrimoine culturel et immatériel pour faire en sorte que Parcelles-Assainies soit un label.
Quelle est la part de la sécurité dans ce concept ?
On a un projet de mise en place d’un système de sécurité de proximité. Nous allons collaborer avec les associations sportives et culturelles (ASC) et les jeunes. Cela va leur permettre non seulement d’avoir des emplois palliatifs, mais aussi de sécuriser et faire en sorte que notre commune soit attractive. De ce fait, ceux qui n’habitent pas les Parcelles pourront être rassurés en visitant la ville et le faire quand ils veulent. On compte énormément sur la restauration et le tourisme, notamment le tourisme religieux. On a l’église Marie Immaculée des Parcelles-Assainies qui est l’une des plus grandes églises du département. Les fidèles ont plus de quatre messes par semaine, ce qui est très rare dans certaines paroisses du pays. On veut aussi faire en sorte que si le jeune trouve de l’activité, une bonne formation, une bonne citoyenneté, il n’aura pas le temps de faire certaines choses. Parce que la nature a horreur du vide. Ils seront occupés à la formation, à l’entrepreneuriat avec notre école de formation professionnelle dont l’étude est en cours avec l’Acapes. Nous avons signé une convention de partenariat, un contrat de mandature pour en faire un grand centre de formation professionnelle et des métiers. Si les jeunes sont occupés, il y aura moins d’oisiveté. Ce qui va réduire la délinquance.
On a l’impression que le volet santé n’est pas bien pris en compte dans votre programme, comparé à l’économie ?
Non du tout. La santé est un domaine très important. Rien ne peut se faire sans la santé. Si aujourd’hui nous sommes capables de tenir cette campagne, c’est parce que nous sommes bien portants. La santé et l’éducation font parties de nos urgences. On a prévu d’instaurer des localités de sport, parce que le sport est un moyen de lutte contre les maladies cardiovasculaires. Après cette première étape, nous allons inciter les gens à une alimentation saine, à travers des causeries, des journées ou campagnes de sensibilisation. Nous voulons faire en sorte que le centre Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh soit érigé en hôpital de niveau 2. Mais aussi avec l’intercommunalité, on va essayer de bénéficier des services de santé ou des spécialités avec des hôpitaux comme Dalal Jamm, Philippe Maguilen Senghor, Principal et les cliniques privées. Tout cela va se faire en favorisant la mise en place de mutuelles de santé pour accompagner les personnes du troisième âge.
Il y a d’énormes projets pour la santé. Je vous ai juste cité les plus urgents. Pour le commerce, nous avons prévu d’aider les commerçants dans la formalisation. C’est-à-dire pour les étudiants en gestion, les comptables, il y a déjà un programme qui veut donner des possibilités de stage aux jeunes étudiants. Ils vont, par la suite, aider les commerçants à faire leur bilan annuel et leur déclaration. Nous avons aussi prévu de les former à la citoyenneté et à être des contribuables et non des imposables. Les artisans aussi vont être formés. Ils auront des sessions de mise à niveau. On veut leur offrir des possibilités de financement avec des taux d’intérêt qui vont avoisiner zéro. On a des partenaires et on veut trouver des fonds pour accompagner les entreprises qui s’implantent dans notre localité. On veut aussi mettre en place une politique d’attractivité. Les entreprises bénéficiaires auront un cahier des charges et auront à assumer leur responsabilité sociétale en recrutant à leur tour des jeunes qui sont dans nos localités, des femmes et des personnes vulnérables.
VIVIANE DIATTA