Publié le 22 Jan 2013 - 04:50
MUSIQUE-MALI ALL STARS

Compilation Bogolan Music

 

Qu’est-ce qui réunit l'Islandaise Björk, l’Américaine Dee Dee Bridgewater, le chanteur français M, les Maliens Ali Farka Touré, Rokia Traoré ou encore le duo Amadou & Mariam ? Réponse : le studio Bogolan à Bamako, où tous sont venus enregistrer, et qui sert de dénominateur commun à la compilation Mali All Stars. Une autre façon d’évoquer ce pays actuellement sous les feux de l’actualité en raison du conflit dont il est devenu le théâtre.

 

A Bamako, le studio Bogolan fait partie de ces lieux auxquels le temps a conféré un rôle historique, comme c’est le cas de JBZ à Abidjan, en Côte d’Ivoire, ou Mars à Antananarivo, la capitale malgache. Un de ces endroits clés, qui a vu naître des œuvres marquantes, et a accompagné l’éclosion de tendances.

 

Il possède non seulement du matériel mais aussi un savoir faire technique, ce qui suffit bien souvent à se retrouver en position dominante par rapport à la concurrence sur ce marché de l’enregistrement, en particulier en Afrique. Mais aussi parce qu’il a une âme, que les musiciens qui y passent sont sensibles à ses "ondes", comme le reconnait le chanteur français Matthieu Chedid, alias M. Elles se dégagent de ces murs ocres recouverts de tissus teints si caractéristiques du Mali – et qu’on appelle "bogolan", justement.

 

Repris depuis 2007 par le dynamique Franco-Guinéen Olivier Kaba, l’endroit a d’abord porté le nom de studio Oubien à la fin des années 80, avant de changer de mains et d’être rebaptisé une décennie plus tard, au moment où le guitariste emblématique du blues africain, Ali Farka Touré, a décidé d’investir dans l’industrie musicale de son pays.

 

Conçu initialement comme un des éléments du projet "Dia Ani Foly" qui comportait aussi d’autres volets culturels et attendait dans les tiroirs depuis quelques années, Mali All Stars est en réalité une façon de voir la musique malienne à travers le prisme du studio Bogolan. La distinction faite entre les deux CDs, intitulés respectivement Le Mali, sa tradition et Le Mali, autour du monde, met l’accent sur cette double dimension, à la fois locale et universelle : tout dépend de là où les musiciens choisissent de mettre le curseur.

 

"Le Mali est le pays qui fait vraiment le lien entre le Sahara et l’Afrique subsaharienne. Ça lui donne une position de carrefour qui permet le mélange de deux univers",

explique le journaliste Solo Soro, animateur de L’Afrique enchantée sur France Inter, dans une séquence du DVD qui complète cette sélection musicale de 28 titres. L’image peut sembler inappropriée au regard de ce qui se déroule aujourd’hui dans cet état, mais encore faut-il rapporter les soubresauts du présent à l’histoire millénaire de ce territoire.

 

La compilation joue la carte de l’unité, et les dépositaires des différentes cultures de ce vaste pays sont là : celle des Touaregs, avec Tinariwen ; celle des Malinkés avec entre autres, Sekouba Bambino et le griot Kasse Mady Diabaté ; celle de la région du Wasssoulou avec Oumou Sangaré… Le roi de la kora, Toumani Diabaté, côtoie celui du ngoni, Bassekou Kouyaté. Le groove riche, avec son penchant funk, de Cheick Tidiane Seck avoisine celui de "Techno Issa", alias Issa Bagayoko.

 

Quelques morceaux inédits viennent compléter la liste, comme ces deux titres issus de démarches crossover : Samba du collectif Mandé Bossa, regroupant des musiciens maliens et brésiliens, ou encore African Trip signé par l’Anakronik Electro Orkestra, à l’avant-garde de la musique klezmer. Autant de ponts construits qui ont contribué à désenclaver le Mali et renforcé sa place sur les scènes internationales. En espérant que ses ambassadeurs musiciens et chanteurs ne seront pas les victimes collatérales des troubles qui secouent aujourd’hui cette partie du continent africain.

 

RFI

 

 

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