MUSIQUE- SORTIE DE L'ALBUM ''YES I AM''
Vieux Mac Faye existe et prône la différence
Après des années de silence, Vieux Mac Faye, membre de la célèbre famille éponyme de mélomanes, revient ce moi-ci avec «Yes I am». Un album aux allures d’une affirmation de soi.
Vieux Mac Faye, frangin de Habib Faye, Adama Faye et compagnie, n’est pas le plus flamboyant de la scène musicale sénégalaise mais il n’en demeure pas moins une figure de proue. Après 6 à 7 ans de jachère discographique, il a estimé qu’il était temps pour lui de révéler son moi profond avec un album intimiste et définitivement Blues: «Yes I am» (NDLR : «J’existe», en anglais).
C’est avant-hier, dans le centre-ville de Dakar, que l’artiste a tenu la conférence de presse d’annonce de la sortie dudit opus. Conférence à l’occasion de laquelle il a reçu le soutien ''silencieux et indéfectible'' de deux autres grands pontes de la musique sénégalaise, à savoir Ouza Diallo et Cheikh Tidiane Ba, qui sont venus assister à l’événement. «Yes I am», c’est, selon les mots mêmes de l’artiste, un album où se rencontrent ''Jazz, Blues et Sénégalités…'' Et donc un pari très risqué pour Vieux Mac Faye, dans un univers musical sénégalais qu’il estime standardisé.
''Il y a une certaine façon de penser au Sénégal par rapport à laquelle faire du Blues, c’est ramer à contre-courant; à cause de cela, on m’a mis en aparté pendant des années, parce que j’étais différent. Mais cette différence, je l’ai cultivée et je me suis dit que, devant cette jeunesse, il ne fallait pas avoir peur d’être différent'', explique le musicien. Avec 10 morceaux à son compteur, «Yes I am» est donc la revendication d’une certaine liberté d’être soi-même par l’artiste.
''Il faut que nous arrivions à faire accepter autre chose par notre public. Sinon, comment pourrons-nous mondialiser notre musique ? Nous allons alors droit vers un mur avec ce qui se passe à l’heure actuelle. Je lance un appel aux musiciens et aux journalistes, pour qu’on puisse mettre le holà et arrêter de désigner des gens qui ne connaissent rien à la musique comme des professionnels'', affirme Vieux Mac Faye, dans un cri du cœur.
Ainsi, c’est contre une certaine uniformisation de la musique sénégalaise que s’érige le musicien, dénonçant des amalgames devenues courantes. ''Le Mbalax, ce n’est pas une musique, c’est un rythme. Pour faire de la musique, il faut des accords, des harmonies et un rythme. Je ne jette pas une pierre dans le jardin des Mbalaxmen'', a-t-il expliqué devant une assistance médusée. Aussi pour le frère de Habib Faye, il y a une certaine standardisation du processus créatif qui fait que ''des rappeurs passent par ce qu’on appelle des autoroutes musicales pour se faire un nom''.
Hommage posthume à Roberto Ciotti, musicien italien et ami de l’auteur, «Yes I am» est enfin célébration de la rencontre de deux sonorités, l’une africaine et l’autre occidentale, dans un album fusion qui se fait l’apôtre d’un espoir selon lequel une autre vision de la musique sénégalaise est possible.
Sophiane Bengeloun
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