Publié le 13 Dec 2024 - 09:16
NIGER - RÉCENTES ATTAQUES MEURTRIÈRES  

Les faiblesses persistantes de l'armée face à une insécurité grandissante

 

Les récentes attaques survenues dans la région de Tillabéri, au Niger, marquent un tournant sanglant dans le cycle de violences qui secoue le Sahel. En moins d'une semaine, plusieurs localités stratégiques ont été ciblées, démontrant la persistance d’une insécurité chronique et l'incapacité des forces armées à protéger efficacement les populations et leurs propres positions militaires.

 

Selon plusieurs sources locales et médias internationaux, l'attaque la plus meurtrière s'est produite à Chatoumane, dans la région de Tillabéri, près de la frontière avec le Burkina Faso, le mardi 10 décembre. D'après une source sécuritaire citée par ‘’Jeune Afrique’’, l'assaut aurait fait environ 130 morts parmi les soldats nigériens, tandis que d'autres observateurs évoquent un bilan qui pourrait atteindre 200 victimes. Le mardi était un jour de marché hebdomadaire, un moment choisi stratégiquement par les assaillants pour maximiser les pertes.

Face à la gravité des informations relayées, la junte au pouvoir a réagi mercredi soir en démentant formellement l'existence de cette attaque, qualifiant ces rapports d'"affirmations infondées". Toutefois, ces dénégations contrastent avec les témoignages recueillis sur place et la recrudescence des attaques terroristes dans la région.

Ce silence officiel laisse planer un flou sur le bilan réel des pertes militaires et civiles.

Le Sahel : une région sous pression terroriste

La région dite des "trois frontières" entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso est l’épicentre des violences djihadistes. Deux groupes principaux, l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), se disputent le contrôle de cette zone. L'attaque de Chatoumane, non revendiquée à ce jour, porte toutefois la signature de ces groupes extrémistes, connus pour leurs assauts coordonnés et leur capacité à exploiter les vulnérabilités des forces locales.

Quelques jours auparavant, une autre attaque avait été recensée dans la même région : dans la nuit du 9 décembre, des éléments de l’EIGS ont mené un raid meurtrier contre le village d'Anzourou, faisant dix morts, un blessé et un disparu. Cette localité est depuis longtemps une cible des djihadistes, qui cherchent à saper l’autorité de l’État et à semer la terreur parmi les civils.

Le lendemain 11 décembre, une autre attaque a ciblé le détachement militaire de Petelkole, toujours dans l'ouest du Niger. Selon le bulletin des opérations de l’armée nigérienne, une horde de terroristes, estimée à plusieurs centaines et déployée à moto, a tenté de prendre le contrôle de la position militaire. Le bilan officiel fait état de 10 militaires tués, sept blessés et 26 assaillants neutralisés. Cette nouvelle défaite met en lumière la fragilité des positions militaires dans des zones hautement exposées.

Malgré les multiples opérations militaires lancées pour contrer la menace djihadiste, l’armée nigérienne semble incapable de contenir l’expansion des groupes armés. Le manque d'équipements modernes, l’insuffisance des renseignements opérationnels et l’absence de moyens aériens pour surveiller et contrer les mouvements ennemis pèsent lourdement sur l'efficacité des forces de défense.

Les assaillants, quant à eux, disposent de stratégies efficaces : attaques à moto, embuscades à grande échelle et exploitation des jours de marché pour maximiser les pertes. Cette capacité d'adaptation contraste avec les moyens limités d'une armée nationale qui peine à contrer une menace asymétrique.

La population de Tillabéri : entre détresse et résignation

Les attaques récurrentes dans la région ont plongé les habitants de Tillabéri dans une peur constante. À Anzourou, les familles endeuillées et les déplacés demandent des actions immédiates de la part des autorités pour restaurer la sécurité et apporter un soutien humanitaire. Leur appel à l’État est sans équivoque : renforcer les opérations militaires et fournir une assistance aux populations affectées.

Selon des observateurs régionaux, la lenteur des réponses gouvernementales et la négation de certains bilans contribuent à un sentiment d'abandon. La population nigérienne, pourtant résiliente, commence à perdre confiance dans la capacité de l’État à protéger ses citoyens.

Face à cette escalade de la violence, les experts s'accordent à dire que la lutte contre le terrorisme au Sahel ne peut se limiter à des réponses militaires. Le sous-développement chronique de la région constitue un terreau fertile pour les groupes armés. "La nature a horreur du vide", comme le souligne un adage bien connu : en l'absence d'infrastructures économiques, d'éducation et de services de base, les djihadistes gagnent du terrain.

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NOUVELLE ATTAQUE MEURTRIÈRE AU BÉNIN

Trois soldats tués dans le parc de la Pendjari

Au Bénin, une nouvelle tragédie vient de frapper le nord du Bénin, où trois militaires ont perdu la vie dans une attaque survenue lundi dernier dans le parc national de la Pendjari, situé à la frontière avec le Burkina Faso. Cet incident meurtrier, qui s’inscrit dans un contexte régional de violences croissantes, ravive les inquiétudes quant à la sécurité fragile dans cette partie du pays.

Selon des sources militaires et locales relayées par l’AFP, les soldats en patrouille ont été victimes d’une embuscade lorsqu’un engin explosif improvisé a détruit leur voiture. ‘’Le véhicule a sauté sur une mine, provoquant la mort instantanée de trois militaires’’, a rapporté un officier engagé dans l’opération Mirador, une initiative visant à sécuriser cette région particulièrement vulnérable.

Un haut responsable militaire, sous couvert de l’anonymat, a confirmé que plusieurs soldats blessés dans l’incident avaient été évacués dans un état grave. À ce jour, les autorités béninoises n’ont pas encore publié de bilan officiel, mais des sources locales évoquent une situation particulièrement dramatique pour les forces de défense en première ligne dans cette lutte contre l’insécurité.

Cette attaque, bien que tragique, n’est pas un événement isolé. Depuis plusieurs mois, la région nord du Bénin subit une pression constante de groupes armés djihadistes, souvent affiliés à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) ou au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Profitant de l’instabilité du Burkina Faso voisin, ces groupes ont étendu leurs activités vers le Bénin, exploitant les faiblesses sécuritaires pour mener des raids meurtriers.

En juin dernier, une attaque similaire avait endeuillé la même région, coûtant la vie à sept soldats béninois, marquant ainsi une escalade inquiétante dans les violences transfrontalières. La proximité géographique du parc national de la Pendjari avec les zones d’influence djihadistes en fait une cible privilégiée pour ces groupes armés, qui utilisent la région comme base arrière pour leurs opérations.

Appel à une coopération régionale renforcée

L’attaque du parc de la Pendjari met en lumière la nécessité d’une réponse régionale coordonnée face à la menace djihadiste. La zone frontalière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, souvent qualifiée de ‘’région des trois frontières’’, demeure un foyer d’insécurité majeur au Sahel. Pour de nombreux analystes, seule une coopération militaire et stratégique accrue entre les États concernés permettra de freiner l’expansion des groupes armés.

Le gouvernement béninois est ainsi appelé à renforcer ses alliances avec les forces du G5 Sahel et les initiatives sécuritaires régionales pour endiguer cette menace grandissante.

Par ailleurs, l’implication de la population locale dans les stratégies de sécurisation reste cruciale, notamment pour prévenir les infiltrations djihadistes et renforcer la résilience des communautés vivant dans ces zones fragilisées.

Les populations vivant dans le nord du Bénin paient un lourd tribut à cette insécurité persistante. En plus des pertes humaines liées aux attaques, la peur des représailles a entraîné des déplacements massifs de populations, perturbant les activités économiques et sociales. Le parc national de la Pendjari, autrefois un symbole de biodiversité et de tourisme pour le Bénin, est aujourd’hui devenu une zone de non-droit où la présence des groupes armés terrorise aussi bien les habitants que les forces de sécurité.

Face à cette situation, les populations locales lancent un appel pressant aux autorités pour renforcer la sécurité et assurer leur protection. ‘’Nous vivons dans la peur constante. Chaque jour, nous craignons une nouvelle attaque’’, témoigne un habitant de la région d’Alibori.

L’attaque meurtrière dans le parc de la Pendjari vient rappeler l’ampleur du défi sécuritaire auquel fait face le Bénin dans sa lutte contre les groupes djihadistes. Alors que la pression s’intensifie dans le nord du pays, il devient impératif pour le gouvernement de renforcer ses capacités militaires, de mobiliser des ressources adéquates et de collaborer étroitement avec les pays voisins pour neutraliser cette menace.

AMADOU CAMARA GUEYE

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