Non c’est Non !
Chère CODOU,
En contribution à votre réflexion, je vous invite à méditer ce petit texte que j’ai pioché sur le net dans un blog qui parle de viol et des différentes réactions des concernés et de l’opinion. (Vous pouvez trouver l’original du texte dans l’ouvrage « le viol un crime presque ordinaire »)
Je pense que votre long développement sur le thème et le fait de publier (de façon inutile je crois ? quelle satisfaction en tirez-vous ?) votre soutien à un « présumé violeur », est une véritable et excellente réponse à la question que se posent les proches et intimes des victimes de viols; Pourquoi si peu de personnes parlent après avoir subit un viol ? LISEZ
Pourquoi ne parlent-elles pas ?
Seulement 10% des victimes de viol dénoncent leur agresseur, aujourd’hui. Pourquoi est-ce si difficile pour toutes les autres de parler ?
Parce qu’à cause de nos préjugés sur le viol (Un viol a lieu la nuit, par un inconnu, avec un couteau ou un pistolet), les victimes ne mettent pas le mot « viol » sur ce qu’elles ont vécu.
Parce qu’elles craignent de ne pas être crues, d’être mal jugées ou d’être réduites à l’état de victime. Trop souvent la société leur renvoie le message “peut-être l’as-tu bien cherché” ou “maintenant, passe à autre chose”. Parce que beaucoup de femmes sont violées, jeunes, par quelqu’un de leur entourage. Comment en parler ?
Parce qu’elles ne font pas confiance à la procédure judiciaire. Elles craignent le « Mais pourquoi avez-vous écarté les jambes ? » du policier, le « Enfin, pourquoi ne vous-êtes vous pas débattues ? »
Parce qu’elles veulent oublier simplement. Il est tellement difficile de prendre conscience qu’on n’est pas complètement maître de sa propre vie, que celle-ci peut nous échapper d’un moment à l’autre ; basculer. Qu’il est possible d’être humilié, chosifié, même si on y est pour rien. Elles préfèrent alors se taire car elles pensent que c’est un moyen d’oublier.
Elles ont peur d’attrister leur entourage ou craignent les représailles de l’agresseur. Réduire sa victime au silence, en disant qu’elle a bien cherché ce qui lui arrive, fait partie de la stratégie des agresseurs. Elles sont freinées par un sentiment de loyauté, quand il s’agit d’un membre de la famille ou d’un ex-conjoint, ou encore d’une personnalité inattaquable. En dénonçant, elles craignent de briser une cohésion familiale ou de rompre une stabilité précaire. Alors que c’est bien le violeur qui est bien à l’origine de tout. Elles ont aussi peur de plonger dans le ridicule de l’improbabilité de leurs accusations.
Le viol est une agression qui utilise les organes sexuels, il n’a rien à voir avec la sexualité, qui est un partage. Mais on confond viol et sexualité. La sexualité étant intime, tabou, les victimes de viol n’osent pas parler de ce qu’elles pensent être « privé ». Car si elles étaient agressées sur n’importe quelle autre partie du corps, elles en parleraient plus facilement.
Souvent, aussi, les victimes parlent, mais elles ne sont pas entendues. Surtout par des gens comme vous CODOU.
On pense très souvent et à tort je crois que pour être victime d’un viol il faudrait que la personne soit exposée au risque et que la prudence nous prévienne contre le viol. C’est que semble dire LAMINE dans ses développements. C’est une grossière erreur et c’est ce qui vous fait dire : je vous cite « Mais que dire de la fille, soit disant bien éduquée avec rigueur et foi, et qui aurait traversé toute la ville pour retrouver un homme dans une auberge ? Que dire de cette petite qui, dit-on, a attendu patiemment que son présumé violeur la rejoigne après avoir annoncé sa venue par téléphone ? Et vous en concluez qu’il y a forcément eu consentement. » Fin de citation. Parler ainsi c’est méconnaitre que le viol est avant tout un crime de proximité et c’est pour cela que les criminologues l’appellent « viols familiaux élargis ».
La criminologie nous enseigne que « les viols commis par des pères, des beaux-pères, d’autres ascendants, des collatéraux, des conjoints ou des « amis de la famille » mais encore par des relations à positions dominantes, viennent largement en tête, suivis par des viols commis par des copains ou des amis des victimes, par des voisins ou bien encore, à une échelle de plus basse intensité relationnelle, par des relations ou des connaissances, du voisinage ou professionnelles. A contrario, l’auteur est inconnu de la victime dans un nombre réduit d’affaires. »
Tout ceci pour vous dire que le viol, fait souvent suite à une relation de confiance, minutieusement construite par son auteur. C’est pour cela que le code pénal sénégalais le défini comme : « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise » et ici le terme de surprise prend toute son importance.
Chère CODOU, Cher LAMINE, je n’irais certes pas jusqu’à dire qu’il y a un manque de rigueur dans vos analyses parfois très partisanes et que le manichéisme ambiant vous empêche d’être froid et objectif. Toutefois, il demeure vrai, à mon humble avis, que vous faites une très grande erreur dans l’analyse parce que vous ne vous êtes pas appliqué, par mesure de prudence, ce que les scientifiques appellent la rigueur dans les hypothèses de bases et dans la conduite de la réflexion. C’est cela qui vous a fait dire une chose et tout de suite après son contraire et cela sans vous en rendre compte. Je vous cite encore : « Les glissements comme ceux qu’aurait vécus l’accusé peuvent être vécus par n’importe quel être humain. Nous sommes de nature faillible. Et par conséquent capables des pires bestialités. » Plus loin « Certains nous diront, que nous n’aurions pas réagi de la sorte si nous étions “la victime” ou un de nos proches. Qu’ils sachent que nous ne nous serions jamais rendu dans une auberge pour rencontrer un agresseur encore moins l’attendre après avoir été prévenu et que si un de nos proches le faisait, nous l’aurions aussi culpabilisé. » Fin de citation.
Si nous étions dans le syllogisme nous dirions que n’étant pas faillible comme celui que vous soutenez, vous n’êtes pas humain puisque votre postulat de base suppose que tout être humain est faillible.
Chère CODOU, comme le disent les associations de lutte contre les violences faites aux femmes, « La honte doit changer de camp ». Lorsqu’une femme parle comme vous cela conforte LAMINE dans son argument favori comme quoi, les hommes seraient de simples victimes des provocatrices. Il n’est pas convenable de dédouaner un violeur du fait de « l’excuse de la provocation ». Culpabiliser une femme sur sa tenue, son comportement ou ses fréquentations, relève pour moi de la légèreté et d'une réduction facile.
Maintenant il appartient à la justice de dire le droit en toute connaissance de cause.
Cordialement !
NB : CODOU et LAMINE sont des personnages de fiction. Toute ressemblance avec une personne ou une association de personne existante, ne serait que pure coïncidence.
Yandé Waly Faye