La poudrière fait quatre morts et trois blessés dans les rangs de l’armée
Un véhicule militaire a sauté sur une mine antichar, ce jeudi 14 décembre 2023, au cours d’une mission sur l’axe Diokadou - Kadialock, dans le Nord-Sindian, à la lisière de la frontière avec la Gambie. Le bilan fait état de quatre militaires tués et trois blessés.
Le drame s’est produit à hauteur du village de Thilatiaye, sur l’axe Diokadou - Kadialock, dans le département de Bignona, en zone militaire n°5. Selon des sources concordantes, trois morts avaient été enregistrés sur place, après l’explosion d’une mine antichar. La quatrième victime a succombé à ses blessures. L’incident a fait aussi trois blessés, toujours dans les rangs de l’armée dans cette zone frontalière qui a fini de se transformer en no man’s land où les forces de défense et de sécurité (FDS), après de nombreux ratissages, mènent des opérations ponctuelles de lutte contre la coupe illicite de bois, la culture et le trafic illicite de chanvre indien.
Ces opérations sont presque quotidiennes et les mettent aux prises avec des bandes armées supposées appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) et des narcotrafiquants. Selon nos informations, il s’agit, vraisemblablement, d’une nouvelle pose de mines. Un coup minutieusement planifié, après les échanges de tirs entre des éléments de l’armée et une bande armée et le braquage qui a fait quatre blessés sur l’axe Biti-Biti et le village Mongone (ex-position rebelle) dans la commune de Djinaky, près du sanctuaire rebelle dite de Diakaye, le 5 décembre dernier.
Il faut souligner, par ailleurs, que dans le cadre du programme de dépollution à caractère civil, neutre et humanitaire mis en œuvre depuis 2008 par le Centre national d’action antimines du Sénégal (Cnams), le département de Bignona, l’arrondissement de Sindian notamment, n’a jamais bénéficié d’études d’urgence sur l’impact des mines en Casamance (EUIMC) menées avec l’appui du PNUD et le concours technique de Handicap International. Des raisons sécuritaires avaient été avancées.
Pis, les enquêtes non techniques qui permettent d’identifier les zones polluées de mines n’ont pas été menées dans cette zone qui a été un véritable sanctuaire d’Atika, la branche militaire du MFDC.
Or, la longue accalmie constatée en Casamance a favorisé le retour progressif de personnes déplacées dans leurs villages d’origine, ainsi qu’une reprise timide d’activités économiques marginales caractérisées par le trafic illicite de bois et la culture de chanvre indien conduite par des narcotrafiquants solidement installés le long de la frontière et en Gambie.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)