Quand l'AIBD fait diffuser de fausses nouvelles

Annoncé en grande pompe en fin de semaine dernière, le vol inaugural vers Tamba et Saint-Louis n'a toujours pas décollé à l'aéroport international Léopold Sédar Senghor.
L'affaire continue d'alimenter les discussions dans les couloirs de la plateforme aéroportuaire. Certains acteurs en rient sous cape, en attendant de voir le démarrage effectif de l'opération “Dem Tabaski”. Tout est parti d'un communiqué d’AIBD SA annonçant des vols spéciaux, en collaboration avec Transair et Air Sénégal, pour desservir les régions de l'intérieur, en particulier Saint-Louis et Tambacounda. “Cette année, voyagez plus confortablement avec les vols spéciaux mis en place par AIBD SA, en collaboration avec Transair et Air Sénégal. Rejoignez Saint-Louis ou Tambacounda depuis Dakar (Yoff) et célébrez la Tabaski auprès de vos proches”, informe la société nationale en charge de la gestion des aéroports du Sénégal.
Pour les besoins du lancement, le directeur général Cheikh Bamba Dièye avait mis les petits plats dans les grands. Il avait, jeudi dernier, mobilisé ses services, convié la presse, déclaré en grande pompe le lancement des vols pour l'intérieur du pays, en prélude à la Tabaski. Le quotidien national “Le soleil”, qui a couvert l'événement, rapporte en titre dans son édition du vendredi 30 mai : “Relance du trafic aérien régional : un premier vol pour connecter le Sénégal”. Toujours selon le quotidien national qui se réfère aux déclarations du DG d'AIBD, “le vol inaugural destiné à faciliter les déplacements pour la Tabaski a été lancé hier (jeudi 29 mai), depuis l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Yoff, à destination de Tambacounda”.
Cafouillage au sommet
Cette initiative, se réjouit-on, “marque le début d’une revitalisation des aéroports régionaux, visant à renforcer la connectivité territoriale à travers tout le pays.
En effet, ce premier vol fait partie d’un programme plus large orchestré par l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), en collaboration avec Air Sénégal et Transair, pour rétablir des liaisons aériennes régulières vers les régions”. D'autres journaux présents à la cérémonie ont relayé la même information, prétextant que le vol inaugural a effectivement eu lieu le même jour.
Seulement, il ressort de nos informations qu'il n'y a jamais eu de vol ce jour-là en direction ni de Tambacounda ni de Saint-Louis. Ceci relèverait d'une vraie “communication mensongère” orchestrée par la société nationale AIBD SA. “Les journalistes se sont trompés de bonne foi. On les a fait venir, on a fait la déclaration sans leur montrer ni avion ni passagers et ils sont repartis aussitôt après la déclaration”, essaient d'expliquer nos sources.
“L'aéroport, ce n'est pas le garage Beaux maraichers”
Pourtant, même une compagnie comme Transair, partenaire de l'opération, avait relayé l'information, allant même jusqu'à publier ses tarifs. Ainsi, pour la destination Saint-Louis, la compagnie avait fixé à 40 000 F CFA le billet en aller simple ; 75 000 F CFA pour aller-retour. Pour Tambacounda, l'aller simple était fixé à 55 000 F CFA ; le billet aller-retour à 80 000 F CFA. Pour sa part, la compagnie nationale Air Sénégal a été moins euphorique, en zappant complètement ce qui ressemble à une opération de Com mal planifiée.
Mais qu'est-ce qui s'est donc passé pour suspendre le processus ? Selon nos informations, tout porte à croire que Bamba Dièye a voulu mettre la charrue avant les bœufs et le ministre de tutelle Yankhoba Diémé a tout arrêté. “Le ministre a demandé au DG de suspendre cette affaire, parce que l'aéroport n'est pas encore aux normes pour accueillir des vols commerciaux”, renseigne un de nos interlocuteurs, qui précise : “L'aéroport ce n'est pas comme le garage Baux maraichers où l'on peut se lever un jour et improviser des opérations.”
A en croire la source, à l'aéroport Léopold Sédar Senghor, les préalables ne sont pas encore en place pour la reprise des vols commerciaux, conformément aux directives du Conseil interministériel tenu il y a quelques semaines. Lequel avait fixé, parmi ses objectifs stratégiques : “la connectivité des huit pôles de développement économique identifiés dans le cadre du plan Sénégal 2050.”
MOR AMAR